10.08.2016 Views

psychologie de l'identité _ soi et le groupe

psychologie de l'identité _ soi et le groupe

psychologie de l'identité _ soi et le groupe

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

170 LA DYNAMIQUE IDENTITAIRE<br />

même pas regardé » ; être regardé est souvent interprété dans la vie courante<br />

comme <strong>le</strong> signe d’un intérêt, un signal positif <strong>de</strong> tendresse ou d’attirance ;<br />

mais ce peut être aussi un signe d’hostilité, <strong>de</strong> rej<strong>et</strong> ou <strong>de</strong> lutte (Picard, 1983,<br />

p. 165-170) ; « soutenir <strong>le</strong> regard <strong>de</strong> quelqu’un », « <strong>le</strong> regar<strong>de</strong>r droit dans <strong>le</strong>s<br />

yeux », « <strong>le</strong> fusil<strong>le</strong>r du regard », peut être l’expression d’un rapport <strong>de</strong> force<br />

où chaque protagoniste tend à faire reconnaître sa domination sur l’autre.<br />

Ces exemp<strong>le</strong>s montrent que la quête <strong>de</strong> reconnaissance peut se transformer<br />

en affrontement <strong>et</strong> en combat.<br />

On sait que Hegel faisait <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te lutte l’essence même <strong>de</strong>s relations<br />

humaines ; chaque suj<strong>et</strong> a tendance à vouloir annu<strong>le</strong>r la dépendance où il se<br />

trouve par rapport à autrui ; dominer ou asservir l’autre lui est une manière<br />

d’acquérir la p<strong>le</strong>ine certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> lui-même, d’imposer la reconnaissance<br />

plutôt que <strong>de</strong> la quéman<strong>de</strong>r :<br />

Le comportement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux consciences <strong>de</strong> <strong>soi</strong> est donc déterminé <strong>de</strong> tel<strong>le</strong> sorte<br />

qu’el<strong>le</strong>s se prouvent el<strong>le</strong>s-mêmes <strong>et</strong> l’une à l’autre au moyen <strong>de</strong> la lutte pour<br />

la vie <strong>et</strong> la mort : el<strong>le</strong>s doivent nécessairement engager c<strong>et</strong>te lutte, car el<strong>le</strong>s doivent<br />

é<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>ur certitu<strong>de</strong> d’être pour <strong>soi</strong> à la vérité, en l’autre <strong>et</strong> en el<strong>le</strong>-même<br />

(Hegel, 1944, p. 155).<br />

C’est pourquoi la négation d’autrui (ou du moins sa non-reconnaissance)<br />

est très souvent corrélative <strong>de</strong> l’affirmation <strong>de</strong> <strong>soi</strong> ; l’acceptation réel<strong>le</strong> – <strong>et</strong><br />

pas seu<strong>le</strong>ment verba<strong>le</strong> – <strong>de</strong> l’autre dans son i<strong>de</strong>ntité propre <strong>et</strong> sa différence<br />

apparaît comme <strong>le</strong> résultat d’un traj<strong>et</strong> <strong>et</strong> d’un travail diffici<strong>le</strong> sur <strong>soi</strong>.<br />

François : « Il y a ce cheminement vers la reconnaissance <strong>de</strong> l’autre (nié<br />

car moi-même ne me sentant pas reconnu ?). Reconnaissance forcée <strong>et</strong><br />

non allant <strong>de</strong> <strong>soi</strong>, bien sûr. Nous n’acceptons l’autre qu’à contrenarcissisme.<br />

»<br />

8.1.1 Le dépassement <strong>de</strong> la position égocentrique<br />

En eff<strong>et</strong>, <strong>le</strong> regard spontané sur autrui apparaît toujours marqué par l’égocentrisme<br />

(l’autre est conçu comme un alter ego, semblab<strong>le</strong> au suj<strong>et</strong>, ou<br />

comme irréductib<strong>le</strong>ment différent, n’ayant avec lui rien en commun) ; c’est<br />

parce qu’autrui « résiste » à c<strong>et</strong>te assimilation ou à c<strong>et</strong>te exclusion que <strong>le</strong><br />

suj<strong>et</strong> est amené à modifier sa représentation <strong>et</strong> peut accé<strong>de</strong>r à une certaine<br />

réciprocité <strong>de</strong> perspective (qui lui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> « se m<strong>et</strong>tre à la place <strong>de</strong><br />

l’autre », <strong>de</strong> comprendre ses comportements <strong>et</strong> attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> manière moins<br />

projective) ; mais c<strong>et</strong>te démarche ne se fait pas sans conflits, tension <strong>et</strong><br />

agressivité ; el<strong>le</strong> implique aussi la confrontation <strong>et</strong> <strong>le</strong> dialogue où <strong>le</strong>s interlocuteurs<br />

acceptent <strong>de</strong> partager <strong>le</strong>urs perceptions, <strong>le</strong>urs représentations <strong>et</strong> <strong>le</strong>urs<br />

réactions affectives mutuel<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> suppose l’abaissement <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs défenses,<br />

l’ouverture à ce que <strong>le</strong>s autres peuvent <strong>le</strong>ur communiquer <strong>et</strong> <strong>le</strong> risque d’une<br />

remise en cause.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!