psychologie de l'identité _ soi et le groupe
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LA DYNAMIQUE IDENTITAIRE 223<br />
connaître. Or pour se faire connaître il est avant tout nécessaire <strong>de</strong> se<br />
reconnaître comme étant bien distinct <strong>de</strong>s autres. »<br />
Lorsque <strong>le</strong>s participants ont atteint dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> un sentiment <strong>de</strong> sécurité<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> liberté suffisant (qui implique <strong>le</strong> dépassement <strong>de</strong> la peur du jugement,<br />
<strong>de</strong> la dévalorisation <strong>et</strong> du rej<strong>et</strong> <strong>et</strong> l’acceptation <strong>de</strong> la séparation, <strong>de</strong> l’opposition<br />
<strong>et</strong> du conflit), <strong>le</strong> désir d’individuation s’affirme <strong>de</strong> façon très n<strong>et</strong>te chez<br />
la plupart <strong>de</strong>s participants : chacun veut voir reconnaître sa singularité<br />
personnel<strong>le</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong> droit à « être lui-même ».<br />
Solange, qui a parcouru un chemin diffici<strong>le</strong> pour surmonter sa timidité <strong>et</strong><br />
oser s’affirmer dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong>, s’adresse un moment aux participants avec<br />
beaucoup <strong>de</strong> force <strong>et</strong> d’émotion : « C’est peut-être égoïste ce que je vais<br />
dire mais maintenant <strong>le</strong> plus important pour moi, c’est d’être moi-même ;<br />
c’est pas faci<strong>le</strong> vous savez, il faut que j’accepte <strong>de</strong> montrer mes faib<strong>le</strong>sses,<br />
peut-être <strong>de</strong> déplaire à certains… Mais je sens que je suis là pour être<br />
moi-même, c’est vrai ! Même si je dois ne plus rien avoir <strong>de</strong> commun avec<br />
vous. »<br />
À ce sta<strong>de</strong>, <strong>le</strong> be<strong>soi</strong>n d’individuation est reconnu comme une sorte<br />
d’évi<strong>de</strong>nce <strong>et</strong> apparaît même comme un objectif assigné à l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s<br />
participants.<br />
Gérard qui a été plutôt effacé pendant toute la durée d’une session est<br />
perçu par <strong>le</strong>s autres, <strong>et</strong> surtout <strong>le</strong>s plus impliqués, comme un « résistant »,<br />
voire un opposant à l’expérience ; Sandrine qui s’est beaucoup investie <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> façon très personnel<strong>le</strong> exprime une gêne vis-à-vis <strong>de</strong>s « si<strong>le</strong>ncieux » ;<br />
Gérard intervient : « Sandrine, tu disais que tu t’étais exprimée peut-être<br />
<strong>de</strong> façon trop personnel<strong>le</strong>, trop intime <strong>et</strong> que c’était pas <strong>le</strong> lieu, que ça<br />
pouvait gêner certains ; tu pensais peut-être à moi. C’est vrai que je me<br />
sens pas capab<strong>le</strong> <strong>de</strong> faire pareil, bon, mais ça ne me gêne pas, au contraire,<br />
je trouve ça très bien ! J’aimerais aussi pouvoir être moi-même <strong>et</strong><br />
m’exprimer librement… » De même Valérie, vers la fin d’une année <strong>de</strong><br />
<strong>groupe</strong> <strong>de</strong> formation s’exclame : « J’ai vraiment <strong>le</strong> désir maintenant <strong>de</strong><br />
voir <strong>de</strong>s individualités se découper <strong>et</strong> <strong>de</strong> ne plus se fondre dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong>,<br />
<strong>de</strong> connaître <strong>le</strong>s gens individuel<strong>le</strong>ment. »<br />
Les participants arrivent à exprimer plus aisément <strong>de</strong>s va<strong>le</strong>urs propres <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong>s objectifs qui <strong>le</strong>ur sont personnels <strong>et</strong> à moins se cacher <strong>de</strong>rrière l’« intérêt<br />
général » du <strong>groupe</strong> ; ils renoncent en partie à l’« unanimisme » <strong>et</strong> s’efforcent<br />
<strong>de</strong> concevoir un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement qui puisse inclure <strong>le</strong>s be<strong>soi</strong>ns<br />
<strong>et</strong> <strong>le</strong>s intérêts différenciés <strong>de</strong>s uns <strong>et</strong> <strong>de</strong>s autres.<br />
Cependant si l’affirmation personnel<strong>le</strong> peut se manifester comme émancipation<br />
à l’égard <strong>de</strong> la pression du <strong>groupe</strong>, el<strong>le</strong> ne se traduit généra<strong>le</strong>ment pas<br />
par un repli autarcique ou par un r<strong>et</strong>rait <strong>de</strong> la relation socia<strong>le</strong>. Au contraire,<br />
très souvent <strong>le</strong>s participants adm<strong>et</strong>tent alors <strong>le</strong> be<strong>soi</strong>n qu’ils ont <strong>de</strong> la reconnaissance<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la coopération <strong>de</strong>s autres : « Tu vois, dit Alain à Brigitte, si je