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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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LE MIROIR DE L’AUTRE 163<br />

Isabel<strong>le</strong> : « Solange ne m’apparaît plus <strong>de</strong> la même manière. Avant, el<strong>le</strong><br />

m’ennuyait ; j’avais l’impression qu’el<strong>le</strong> jouait <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s faussement timi<strong>de</strong>s<br />

au look se voulant décontracté à la Charlotte Gainsbourg. En étant<br />

assise à côté d’el<strong>le</strong>, je me suis rendu compte <strong>de</strong> son émotion. Ça m’a<br />

rendu <strong>le</strong> personnage plus véritab<strong>le</strong> <strong>et</strong> donc plus sympathique ; je me suis<br />

aussi reproché mon jugement hâtif. »<br />

J. Maisonneuve dégage une corrélation entre l’attribution <strong>de</strong> traits favorab<strong>le</strong>s,<br />

la présomption <strong>de</strong> réciprocité <strong>et</strong> la présomption d’attitu<strong>de</strong>s semblab<strong>le</strong>s :<br />

Entre moi <strong>et</strong> autrui s’interposerait <strong>le</strong> plus souvent <strong>soi</strong>t l’image que je tends à<br />

me faire <strong>de</strong> son attitu<strong>de</strong> en fonction <strong>de</strong> la mienne à son égard, <strong>soi</strong>t <strong>le</strong> modè<strong>le</strong><br />

sur <strong>le</strong>quel je règ<strong>le</strong> mon attitu<strong>de</strong> selon ce que je crois percevoir <strong>de</strong> la sienne envers<br />

moi (1972, p. 351).<br />

Plusieurs expériences montrent que <strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s perçoivent <strong>le</strong>s personnes<br />

qu’ils préfèrent comme plus semblab<strong>le</strong>s à eux-mêmes que cel<strong>le</strong>s qu’ils<br />

rej<strong>et</strong>tent ; ils perçoivent éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>urs préférés comme plus semblab<strong>le</strong>s à<br />

<strong>le</strong>ur moi idéal que ceux qu’ils rej<strong>et</strong>tent ; mais en fait ils ne sont pas plus<br />

semblab<strong>le</strong>s aux uns qu’aux autres – tant pour la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur moi que<br />

pour cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur moi idéal ; en outre, <strong>le</strong>s suj<strong>et</strong>s ten<strong>de</strong>nt à percevoir <strong>le</strong>urs<br />

préférés comme assez semblab<strong>le</strong>s entre eux.<br />

Ainsi « l’image prêtée par nous à nos amis est intermédiaire entre cel<strong>le</strong><br />

que nous nous faisons <strong>de</strong> nous-mêmes <strong>et</strong> cel<strong>le</strong> qui exprimerait notre “moi<br />

idéal”. Plus précisément encore, c<strong>et</strong>te oscillation paraît dépendre du <strong>de</strong>gré<br />

d’“estime <strong>de</strong> <strong>soi</strong>” que nous pouvons possé<strong>de</strong>r : mieux nous nous acceptons<br />

nous-mêmes, plus nous tendrons à attribuer à nos amis <strong>de</strong>s traits semblab<strong>le</strong>s<br />

à notre moi “actuel”. Sinon c’est à notre “moi idéal” que nous l’i<strong>de</strong>ntifions »<br />

(id., p. 496).<br />

On peut conclure <strong>de</strong> ces recherches qu’entre l’image <strong>de</strong> <strong>soi</strong> <strong>et</strong> l’image<br />

d’autrui il y a un jeu subtil d’influences réciproques <strong>et</strong> que c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière est<br />

un mixte <strong>de</strong> projections <strong>et</strong> <strong>de</strong> clairvoyance. Mais <strong>le</strong> phénomène <strong>de</strong> projection<br />

semb<strong>le</strong>, au moins dans <strong>le</strong>s premiers temps, l’emporter sur l’empathie.<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />

7.5.3 L’empathie<br />

L’image d’autrui pose, en eff<strong>et</strong>, la question <strong>de</strong> l’acuité <strong>et</strong> <strong>de</strong> la clairvoyance<br />

perceptive du suj<strong>et</strong> percevant. Si l’empathie est l’aptitu<strong>de</strong> à se m<strong>et</strong>tre à la<br />

place d’autrui, à saisir sa façon <strong>de</strong> penser, <strong>de</strong> sentir <strong>et</strong> d’agir, el<strong>le</strong> implique la<br />

capacité <strong>de</strong> percevoir l’autre dans sa réalité spécifique, sans que c<strong>et</strong>te perception<br />

<strong>soi</strong>t « contaminée » par <strong>le</strong>s projections <strong>et</strong> <strong>le</strong>s mécanismes <strong>de</strong> défense du<br />

suj<strong>et</strong> qui perçoit. Cependant, ce ne peut être qu’une sorte d’attitu<strong>de</strong><br />

« idéa<strong>le</strong> » jamais tota<strong>le</strong>ment atteinte ; en eff<strong>et</strong>, comme on l’a montré, affect<br />

<strong>et</strong> perception ont tendance à r<strong>et</strong>entir l’un sur l’autre <strong>et</strong>, surtout dans <strong>le</strong> champ<br />

<strong>de</strong>s relations interpersonnel<strong>le</strong>s, il est impossib<strong>le</strong> d’échapper à la subjectivité.

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