psychologie de l'identité _ soi et le groupe
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158 LE SOI À L’ÉPREUVE DU GROUPE<br />
Le versant <strong>de</strong> la dépendance se traduit notamment par la projection sur<br />
l’animateur d’une image <strong>de</strong> <strong>le</strong>a<strong>de</strong>r : <strong>le</strong>s participants atten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> lui qu’il<br />
conduise <strong>le</strong> <strong>groupe</strong>, qu’il <strong>le</strong> nourrisse <strong>de</strong> son savoir, qu’il lui évite <strong>le</strong>s conflits<br />
que peut provoquer la situation.<br />
Au départ, ils ne comprennent pas très bien pourquoi il n’assume pas vraiment<br />
ce rô<strong>le</strong> ; mais c’est justement en se situant en décalage par rapport aux<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s participants que l’animateur peut <strong>le</strong>ur perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> saisir <strong>le</strong>s<br />
attentes qu’ils proj<strong>et</strong>tent dans l’image qu’ils ont <strong>de</strong> lui.<br />
Bruno : « Pourquoi <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à l’animateur <strong>de</strong> proposer une activité ? Pourquoi<br />
ne pas <strong>le</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au <strong>groupe</strong> ou en proposer une <strong>soi</strong>-même ? Comme<br />
si l’animateur était celui qui <strong>de</strong>vait déci<strong>de</strong>r pour <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> […] Ce qui me<br />
venait à l’esprit, c’est que si l’animateur était un <strong>le</strong>a<strong>de</strong>r pour <strong>le</strong> <strong>groupe</strong>,<br />
c’était nous qui <strong>le</strong> placions là <strong>et</strong> non une prise <strong>de</strong> pouvoir <strong>de</strong> sa part. »<br />
Mais <strong>le</strong> pouvoir même qui lui est attribué suscite <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> contredépendance<br />
: <strong>le</strong>s participants sont tentés <strong>de</strong> s’opposer peu à peu à ce pouvoir,<br />
ressenti comme castrateur.<br />
Ariane : « L’animateur intervient pour faire une remarque, après quoi<br />
s’ensuivit un si<strong>le</strong>nce : <strong>le</strong> maître avait parlé, personne n’avait plus rien à<br />
dire ou du moins c’était l’impression que me laissait l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s membres<br />
du <strong>groupe</strong>. »<br />
L’opposition, d’abord passive, s’exprime progressivement plus<br />
ouvertement ; en affrontant l’animateur, certains participants prennent conscience<br />
<strong>de</strong>s traits qu’ils lui prêtent <strong>et</strong> contre <strong>le</strong>squels ils se rebel<strong>le</strong>nt.<br />
Véronique, qui a été perçue pendant plusieurs séances comme briguant<br />
une place <strong>de</strong> <strong>le</strong>a<strong>de</strong>r, en rivalité avec l’animateur, confie au <strong>groupe</strong> avec<br />
beaucoup d’émotion : « C’est vrai, je me rends compte que je ne supporte<br />
pas l’autorité ; mon premier réf<strong>le</strong>xe c’est <strong>de</strong> prendre <strong>le</strong>s armes <strong>et</strong> <strong>de</strong> lutter<br />
contre ; je ne peux pas m’empêcher <strong>de</strong> voir l’animateur comme <strong>le</strong> pouvoir,<br />
alors je n’ai qu’un désir, m’opposer à lui… C’est drô<strong>le</strong> quand j’y<br />
réfléchis, moi-même j’ai envie <strong>de</strong> prendre <strong>le</strong> pouvoir. Je sais pas, peut-être<br />
que je suis fina<strong>le</strong>ment très autoritaire… C’est troublant… J’ai pas arrêté<br />
<strong>de</strong> r<strong>et</strong>ourner ça dans ma tête après la <strong>de</strong>rnière séance. »<br />
7.4.2 Une figure surmoïque<br />
C’est dans c<strong>et</strong>te phase généra<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong>s participants prennent vraiment<br />
conscience <strong>de</strong> l’image surmoïque qu’ils se sont construite <strong>de</strong> l’animateur.<br />
Étienne : « C’est fou, je m’aperçois que jusqu’ici je voyais l’animateur<br />
comme un véritab<strong>le</strong> tyran… Le mot semb<strong>le</strong> peut-être fort, mais j’avais<br />
vraiment l’impression qu’il m’empêchait complètement <strong>de</strong> par<strong>le</strong>r, que si je<br />
disais quelque chose il allait me tomber <strong>de</strong>ssus… c’est dingue que j’aie pu