psychologie de l'identité _ soi et le groupe
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222 LA DYNAMIQUE IDENTITAIRE<br />
c<strong>et</strong>te rage au cœur <strong>et</strong> ce be<strong>soi</strong>n <strong>de</strong> justification que j’éprouvais pour ne pas<br />
trop me dénier. »<br />
Ce balancement entre la soumission <strong>et</strong> la révolte peut être mis en relation<br />
avec <strong>le</strong>s attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fuite <strong>et</strong> d’attaque dont W. Bion (1965) a montré qu’el<strong>le</strong>s<br />
constituent une <strong>de</strong>s « hypothèses <strong>de</strong> base » dans la structuration <strong>de</strong>s <strong>groupe</strong>s.<br />
C’est souvent une phase diffici<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s participants car en se différenciant<br />
<strong>et</strong> en s’opposant aux autres, ils ont peur <strong>de</strong> provoquer <strong>de</strong>s conflits<br />
<strong>de</strong>structifs pour eux comme pour <strong>le</strong> <strong>groupe</strong>. Il peut s’ensuivre un sentiment<br />
d’agression potentiel<strong>le</strong> que certains arrivent à assumer <strong>et</strong> à dépasser mais qui<br />
pousse d’autres à un r<strong>et</strong>rait défensif.<br />
Dominique explique, par exemp<strong>le</strong>, que, pour el<strong>le</strong>, l’affirmation <strong>de</strong> <strong>soi</strong><br />
s’associe à une crainte <strong>de</strong> l’agression, aussi bien la sienne que cel<strong>le</strong><br />
qu’el<strong>le</strong> peut provoquer en r<strong>et</strong>our chez autrui ; el<strong>le</strong> évoque en termes imagés<br />
« c<strong>et</strong>te agressivité, mal vécue, comme une atteinte à sa propre intégrité,<br />
comme un morcel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> <strong>soi</strong>, une fissuration dangereuse où <strong>le</strong>s<br />
flèches empoisonnées <strong>de</strong> la relation interpersonnel<strong>le</strong> provoquent un repli<br />
sur <strong>soi</strong> défensif ».<br />
10.2.2 Distinction, visibilité <strong>et</strong> individuation<br />
L’opposition comporte <strong>de</strong> nombreuses significations psychologiques : l’affirmation<br />
contre-dépendante, <strong>le</strong> be<strong>soi</strong>n <strong>de</strong> se distinguer, la lutte pour <strong>le</strong> pouvoir<br />
<strong>et</strong> la maîtrise, la compétition… Plusieurs <strong>de</strong> ces aspects se r<strong>et</strong>rouvent dans ce<br />
que l’on peut appe<strong>le</strong>r la rivalité mimétique, notion avancée par R. Girard<br />
(1972) <strong>et</strong> qui constitue pour lui un <strong>de</strong>s schèmes fondamentaux du rapport<br />
social. C<strong>et</strong>te forme <strong>de</strong> rapport est couramment observée dans l’expérience<br />
groupa<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> consiste en une relation en miroir entre <strong>de</strong>ux participants dans<br />
laquel<strong>le</strong> la rivalité tient autant <strong>de</strong> place que l’i<strong>de</strong>ntification.<br />
Dans un <strong>groupe</strong> toute une phase est dominée par la lutte entre <strong>de</strong>ux <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rs<br />
Thierry <strong>et</strong> André ; ils se servent <strong>de</strong> faire-valoir mutuel ; dès que l’un<br />
affirme quelque chose, l’autre intervient pour prendre <strong>le</strong> contre-pied ; <strong>le</strong>ur<br />
relation est symétrique <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur rivalité <strong>le</strong>s situe toujours sur <strong>le</strong> même plan ;<br />
<strong>le</strong>s participants en par<strong>le</strong>nt comme d’un « combat <strong>de</strong> coqs » <strong>et</strong> André finit<br />
d’ail<strong>le</strong>urs par reconnaître que pour lui il s’agit d’une sorte <strong>de</strong> « joute »<br />
pour se distinguer, tenir <strong>le</strong> centre <strong>de</strong> la scène avec comme but implicite la<br />
séduction <strong>de</strong>s femmes du <strong>groupe</strong>.<br />
La distinction répond donc au be<strong>soi</strong>n <strong>de</strong> visibilité socia<strong>le</strong> ; pour être visib<strong>le</strong><br />
dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong>, il faut accepter <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> l’anonymat, <strong>de</strong> se séparer <strong>de</strong>s<br />
autres, d’affirmer son individualité.<br />
Valérie : « Acquérir une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> membre du <strong>groupe</strong>, à l’intérieur <strong>de</strong><br />
c<strong>et</strong>te homogénéité, pourtant fortement hétérogène, nécessite <strong>de</strong> se faire