psychologie de l'identité _ soi et le groupe
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120 LE SOI À L’ÉPREUVE DU GROUPE<br />
Souvent après une phase dominée par l’illusion d’une fusion possib<strong>le</strong> <strong>et</strong> la<br />
recherche d’unité, <strong>le</strong>s participants en viennent à reconnaître <strong>et</strong> à adm<strong>et</strong>tre<br />
l’hétérogénéité réel<strong>le</strong> du <strong>groupe</strong>, la pluralité <strong>de</strong>s individualités, la différence<br />
<strong>de</strong>s perceptions, <strong>de</strong>s réactions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s attentes. Le rêve unanimiste se révè<strong>le</strong><br />
utopique, irréalisab<strong>le</strong> <strong>et</strong> paralysant. La singularité ose s’exprimer <strong>et</strong> est<br />
acceptée peu à peu comme légitime <strong>et</strong> ne <strong>de</strong>vant pas nécessairement entraîner<br />
l’éclatement du <strong>groupe</strong> ; un compromis semb<strong>le</strong> possib<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s motivations<br />
<strong>et</strong> <strong>le</strong>s aspirations individuel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> <strong>le</strong>s contraintes <strong>de</strong> la vie col<strong>le</strong>ctive.<br />
Cependant c<strong>et</strong>te évolution implique une phase <strong>de</strong> désillusion, vécue sur un<br />
mo<strong>de</strong> dépressif, car la renonciation au rêve d’un <strong>groupe</strong> idéal est d’abord<br />
ressentie comme une perte <strong>et</strong> un échec.<br />
Brigitte : « J’ai eu tendance comme Lucie à ignorer <strong>le</strong>s différences d’âge<br />
ou à ne pas en tenir compte, <strong>de</strong> même que j’ai eu tendance à nier <strong>le</strong>s différences<br />
entre nous en général ; j’ai considéré <strong>le</strong>s autres comme étant i<strong>de</strong>ntiques<br />
à moi <strong>et</strong> comme n’ayant pas d’existence individualisée. C’était plus<br />
faci<strong>le</strong> <strong>de</strong> vivre avec eux dans l’illusion qu’ils étaient tous i<strong>de</strong>ntiques à moi<br />
[…] Parfois, je fais l’expérience du contraire <strong>et</strong> je m’enfonce dans la<br />
désillusion. »<br />
Ou encore Jacques : « C’est une profon<strong>de</strong> déception ; nous ne formons<br />
pas un <strong>groupe</strong> mais un assemblage d’individus isolés ; chacun dans son<br />
coin s’efforce <strong>de</strong> tirer <strong>le</strong>s choses dans son sens. Il faut bien renoncer au<br />
<strong>groupe</strong> où « tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> il est beau, tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> il est gentil ». Mais<br />
peut-être est-ce la condition pour que chacun d’entre nous <strong>soi</strong>t vraiment<br />
lui-même <strong>et</strong> que nous ayons <strong>de</strong>s relations plus authentiques ? »<br />
Le mouvement qui va <strong>de</strong> l’illusion groupa<strong>le</strong> à la désillusion en traversant<br />
une phase dépressive est <strong>le</strong> passage nécessaire pour que chacun puisse accé<strong>de</strong>r<br />
à une i<strong>de</strong>ntité autonome <strong>et</strong> à une communication authentique avec autrui.