psychologie de l'identité _ soi et le groupe
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INTRODUCTION 5<br />
tamment médiatisée par <strong>le</strong> regard d’autrui (réel ou intériorisé), par <strong>le</strong><br />
discours <strong>de</strong> l’autre (l’autre extérieur qui nous définit <strong>et</strong> nous juge <strong>et</strong> l’autre en<br />
nous qui par<strong>le</strong> à notre insu).<br />
Choix <strong>et</strong> orientations<br />
Nous venons d’entrevoir la comp<strong>le</strong>xité <strong>et</strong> la diversité <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue sur la<br />
problématique i<strong>de</strong>ntitaire ; mon proj<strong>et</strong>, cependant, n’est pas <strong>de</strong> <strong>le</strong>s étudier<br />
tous. J’entends privilégier une approche psychologique 1 , sans négliger<br />
cependant <strong>le</strong>s liens qu’el<strong>le</strong> peut avoir avec d’autres perspectives (philosophique,<br />
anthropologique ou sociologique).<br />
C’est donc essentiel<strong>le</strong>ment l’i<strong>de</strong>ntité subjective qui est au centre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
étu<strong>de</strong> : la conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong>, ce que l’on appel<strong>le</strong> aujourd’hui <strong>le</strong> Soi (self) sous<br />
l’influence <strong>de</strong> la <strong>psychologie</strong> anglo-saxonne ; nous en avons évoqué quelques<br />
dimensions essentiel<strong>le</strong>s (rendues par <strong>de</strong>s notions comme image ou<br />
représentation <strong>de</strong> <strong>soi</strong>, perception <strong>de</strong> <strong>soi</strong>, sentiment <strong>de</strong> <strong>soi</strong>, estime <strong>de</strong> <strong>soi</strong> 2 …).<br />
Il s’agit donc bien <strong>de</strong> traiter d’une <strong>psychologie</strong> <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité.<br />
Je me propose d’en présenter <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s recherches, <strong>le</strong>s différents<br />
courants théoriques <strong>et</strong> <strong>le</strong>urs apports fondamentaux à la problématique <strong>de</strong><br />
l’i<strong>de</strong>ntité. Cependant, comme je m’appuierai aussi sur mes propres travaux,<br />
il me faut préciser mes choix <strong>et</strong> orientations dans ce domaine.<br />
Ils sont sous-tendus par une hypothèse fondamenta<strong>le</strong> : cel<strong>le</strong> que l’i<strong>de</strong>ntité<br />
est un phénomène relationnel <strong>et</strong> qu’el<strong>le</strong> ne peut s’appréhen<strong>de</strong>r que replacée<br />
dans c<strong>et</strong>te perspective. Comme G. Mead (1934) l’avait déjà établi, la conscience<br />
<strong>de</strong> <strong>soi</strong> est un produit <strong>de</strong>s interactions socia<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> naît, se développe<br />
<strong>et</strong> évolue au sein <strong>de</strong>s relations avec autrui. Mais autrui n’est pas seu<strong>le</strong>ment<br />
un protagoniste externe (modè<strong>le</strong>, obj<strong>et</strong> d’attachement, d’amour ou <strong>de</strong> haine,<br />
partenaire, alter ego, rival…) 3 ; il est constitutif <strong>de</strong> ma propre i<strong>de</strong>ntité. Selon<br />
la formu<strong>le</strong> <strong>de</strong> J.-P. Sartre (1943), je suis « un être qui implique l’être d’autrui<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />
1. « Psychologique » est pris ici dans un sens large qui inclut aussi bien <strong>le</strong>s apports <strong>de</strong> la <strong>psychologie</strong><br />
clinique <strong>et</strong> génétique que ceux <strong>de</strong> la <strong>psychologie</strong> socia<strong>le</strong> ou <strong>de</strong> la psychanalyse.<br />
2. Bien entendu, toutes ces notions ne sont pas équiva<strong>le</strong>ntes. Nous reviendrons sur ces questions <strong>de</strong><br />
terminologie dans <strong>le</strong> chapitre 1 <strong>de</strong> la première partie.<br />
3. Souvenons-nous <strong>de</strong> ce que Freud soulignait déjà dans Psychologie col<strong>le</strong>ctive <strong>et</strong> analyse du moi :<br />
« L’opposition entre la <strong>psychologie</strong> individuel<strong>le</strong> <strong>et</strong> la <strong>psychologie</strong> socia<strong>le</strong> ou col<strong>le</strong>ctive qui peut,<br />
à première vue, paraître très profon<strong>de</strong>, perd beaucoup <strong>de</strong> son acuité lorsqu’on l’examine <strong>de</strong> plus<br />
près. Sans doute, la première a pour obj<strong>et</strong> l’individu <strong>et</strong> recherche <strong>le</strong>s moyens dont il se sert <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />
voies qu’il suit pour obtenir la satisfaction <strong>de</strong> ses désirs <strong>et</strong> be<strong>soi</strong>ns, mais, dans c<strong>et</strong>te recherche,<br />
el<strong>le</strong> ne réussit que rarement, <strong>et</strong> dans <strong>de</strong>s cas tout à fait exceptionnels, à faire abstraction <strong>de</strong>s<br />
rapports qui existent entre l’individu <strong>et</strong> ses semblab<strong>le</strong>s. C’est qu’autrui joue toujours dans la vie<br />
<strong>de</strong> l’individu <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> d’un modè<strong>le</strong>, d’un obj<strong>et</strong>, d’un associé ou d’un adversaire, <strong>et</strong> la <strong>psychologie</strong><br />
individuel<strong>le</strong> se présente dès <strong>le</strong> début comme étant en même temps, par un certain côté, une<br />
<strong>psychologie</strong> socia<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong> sens élargi, mais p<strong>le</strong>inement justifié, du mot » (1972, p. 83).