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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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L’IDENTIFICATION GROUPALE 117<br />

Il semb<strong>le</strong> qu’au niveau imaginaire existe une certaine équiva<strong>le</strong>nce entre<br />

unité – intégration – force <strong>et</strong> consistance i<strong>de</strong>ntitaire d’un côté <strong>et</strong> division –<br />

non-intégration – vulnérabilité <strong>et</strong> fragilité i<strong>de</strong>ntitaire <strong>de</strong> l’autre. Nombreuses<br />

sont <strong>le</strong>s expressions qui manifestent une tel<strong>le</strong> équation.<br />

Ainsi à la <strong>de</strong>uxième séance d’un <strong>groupe</strong> <strong>de</strong> formation, <strong>le</strong>s participants, à la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’un d’eux, notent <strong>le</strong>urs prénoms sur un carton placé <strong>de</strong>vant<br />

eux ; Pasca<strong>le</strong> remarque à ce propos : « Au début <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> était serré,<br />

fermé sur lui ; à présent, il m’apparaît plus ouvert, plus large, mais éga<strong>le</strong>ment<br />

plus vulnérab<strong>le</strong> parce que chacun s’est individualisé. » Dans une<br />

autre session, Philippe note : « J’avais un désir d’unité, je <strong>le</strong> sens maintenant,<br />

parce qu’au début du <strong>groupe</strong> je me sentais isolé, fragi<strong>le</strong>, dispersé. Je<br />

ne savais pas trop où j’étais, comment je pouvais exister là-<strong>de</strong>dans <strong>et</strong><br />

quand je sentais <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> uni, c’était comme si j’étais porté <strong>et</strong> soutenu par<br />

l’ensemb<strong>le</strong>. »<br />

Dans ce sens, <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> apparaît comme une sorte d’écran sur <strong>le</strong>quel<br />

chacun proj<strong>et</strong>te <strong>le</strong> <strong>de</strong>gré d’intégration <strong>et</strong> <strong>de</strong> solidité <strong>de</strong> son sentiment d’i<strong>de</strong>ntité.<br />

Il apparaît que <strong>le</strong> be<strong>soi</strong>n d’unité est d’autant plus fort que <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> est<br />

plus incertain <strong>de</strong> son i<strong>de</strong>ntité personnel<strong>le</strong>. La capacité à tolérer l’hétérogénéité<br />

du <strong>groupe</strong> est en relation avec la sécurité que donne un sentiment fort<br />

d’intégration, qui implique lui-même un sentiment d’unité <strong>et</strong> <strong>de</strong> continuité<br />

intérieures 1 .<br />

Pour éclairer ce processus, on peut <strong>le</strong> rapprocher <strong>de</strong> la réaction aux planches<br />

du test <strong>de</strong> Rorschach ; là aussi <strong>le</strong>s perceptions qu’a <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

« réalité » <strong>de</strong> la planche ne sont que la projection <strong>de</strong> sa structure interne <strong>et</strong> là<br />

aussi <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> réagit spontanément à l’unité ou à la dispersion ressentie :<br />

Demandons-nous, écrit par exemp<strong>le</strong> N. Rausch, si la notion d’unité n’est pas<br />

la première à envisager, chacune <strong>de</strong>s planches ayant à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés différents,<br />

une unité ou un manque d’unité, c’est-à-dire une dispersion. L’unité implique<br />

peut-être la solidité, comme la dispersion implique la fragilité. L’individu<br />

n’est pas sans en percevoir inconsciemment l’importance <strong>et</strong> d’emblée il répond<br />

à une situation en recherchant l’unité <strong>et</strong> en proj<strong>et</strong>ant son be<strong>soi</strong>n d’unité<br />

(Rausch, 1990, p. 35).<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />

Il est remarquab<strong>le</strong> <strong>de</strong> voir combien ces réf<strong>le</strong>xions, à partir d’une démarche<br />

tota<strong>le</strong>ment différente, rejoignent <strong>le</strong>s observations que je viens d’évoquer <strong>et</strong><br />

pourraient s’appliquer directement aux réactions face à la situation <strong>de</strong><br />

<strong>groupe</strong>.<br />

Ajoutons que l’individu proj<strong>et</strong>te d’autant plus aisément son sentiment<br />

d’unité, d’intégration <strong>et</strong> <strong>de</strong> permanence i<strong>de</strong>ntitaire sur <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> que ce sentiment<br />

s’est élaboré dans un contexte groupal ; il s’étaye d’une certaine façon<br />

1. Certains aspects <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te problématique ont été particulièrement analysés par D. Winnicott <strong>et</strong><br />

notamment dans De la pédiatrie à la psychanalyse, p. 245-253.

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