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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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42 À LA RECHERCHE DE L’IDENTITÉ<br />

l’a bien montré, <strong>de</strong>s limites externes <strong>de</strong> son corps <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses sensations internes<br />

(sensations <strong>de</strong> faim, <strong>de</strong> <strong>soi</strong>f, <strong>de</strong> satiété ; sensations liées à l’expulsion <strong>de</strong>s<br />

excréments…). Les travaux du psychanalyste <strong>et</strong> neurologue Paul Schil<strong>de</strong>r<br />

(1968) <strong>et</strong> <strong>de</strong> ceux qui s’en sont inspirés ont mis en lumière l’existence d’une<br />

« image du corps » pouvant s’éloigner plus ou moins <strong>de</strong> la réalité anatomique<br />

<strong>et</strong> qui constitue la source <strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong> <strong>soi</strong>.<br />

Dès <strong>le</strong> début l’image du corps est marquée par <strong>le</strong>s courants pulsionnels <strong>et</strong><br />

affectifs qui l’investissent. Ce n’est pas une donnée perceptive fixe, mais une<br />

représentation qui se développe <strong>et</strong> se construit en fonction <strong>de</strong> l’évolution<br />

temporel<strong>le</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s sensations <strong>de</strong> plaisir ou <strong>de</strong> déplaisir qui l’accompagnent :<br />

« La libido narcissique s’attache successivement à <strong>de</strong>s parties différentes <strong>de</strong><br />

l’image du corps <strong>et</strong>, aux différents sta<strong>de</strong>s du développement libidinal, <strong>le</strong><br />

modè<strong>le</strong> du corps change continuel<strong>le</strong>ment » (Schil<strong>de</strong>r, 1968). Les orifices<br />

jouent un rô<strong>le</strong> très important dans c<strong>et</strong>te image car ils sont à la fois liés aux<br />

fonctions vita<strong>le</strong>s (alimentation, respiration, excrétion…), aux fonctions<br />

sensoriel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> aux zones érogènes (la bouche au sta<strong>de</strong> oral ; l’anus au sta<strong>de</strong><br />

anal ; <strong>le</strong> sexe au sta<strong>de</strong> phallique…).<br />

Ainsi, <strong>le</strong>s mouvements pulsionnels, <strong>et</strong> plus largement l’affectivité, ont<br />

« pour eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> changer la va<strong>le</strong>ur relative <strong>et</strong> la n<strong>et</strong>t<strong>et</strong>é <strong>de</strong>s différentes parties<br />

<strong>de</strong> l’image du corps ». Ce changement concerne aussi bien la surface du<br />

corps que <strong>le</strong>s parties internes ou encore l’importance accordée à différentes<br />

zones.<br />

Mais notre image du corps <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses différentes parties est influencée aussi<br />

par l’intérêt que <strong>le</strong>ur porte autrui (à travers ses regards, ses gestes, ses paro<strong>le</strong>s,<br />

sa façon <strong>de</strong> <strong>le</strong>s toucher…), <strong>et</strong> par l’intérêt qu’autrui porte lui-même à son<br />

propre corps. Il y a une sorte d’i<strong>de</strong>ntification corporel<strong>le</strong> (<strong>le</strong> plus souvent<br />

inconsciente) qui sous-tend l’image du corps <strong>et</strong> la représentation <strong>de</strong> <strong>soi</strong><br />

(comme chez la p<strong>et</strong>ite fil<strong>le</strong> coqu<strong>et</strong>te qui calque <strong>le</strong>s attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sa mère).<br />

2.1.1 Sensations corporel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> investissement narcissique <strong>de</strong> <strong>soi</strong><br />

On voit qu’à travers l’image du corps, <strong>le</strong> <strong>soi</strong> est une représentation fortement<br />

marquée par <strong>le</strong> narcissisme. Ce qui se traduit par <strong>de</strong>s sentiments vécus : se<br />

sentir « bien ou mal dans sa peau », se trouver beau ou laid, se sentir « en<br />

forme », s’aimer ou se déprécier… Tous ces sentiments influent profondément<br />

sur la perception <strong>de</strong> <strong>soi</strong>.<br />

Le célèbre pédiatre <strong>et</strong> psychanalyste anglais Donald Winnicott (1896-<br />

1971) a montré que la narcissisation <strong>de</strong> <strong>soi</strong> était étroitement liée à la qualité<br />

<strong>de</strong>s <strong>soi</strong>ns maternels. Des <strong>soi</strong>ns adaptés donnent au bébé un sentiment<br />

d’harmonie <strong>et</strong> <strong>de</strong> bien-être ; à l’inverse, une carence affective <strong>de</strong> la mère<br />

comme une sollicitation trop forte aboutissent à un défaut d’intégration entre<br />

<strong>le</strong> corps <strong>et</strong> <strong>le</strong> psychisme <strong>et</strong> à une fail<strong>le</strong> narcissique. C’est là qu’interviennent<br />

<strong>le</strong>s notions <strong>de</strong> « vrai » <strong>et</strong> <strong>de</strong> « faux self ».

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