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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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LA QUÊTE DE RECONNAISSANCE 189<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />

menacés <strong>et</strong> agressés par la situation, <strong>le</strong>s participants y répon<strong>de</strong>nt <strong>soi</strong>t par <strong>le</strong><br />

repli si<strong>le</strong>ncieux, <strong>soi</strong>t par une expression agressive ; chacun a tendance à<br />

rendre <strong>le</strong>s autres responsab<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s difficultés du <strong>groupe</strong> : ceux qui par<strong>le</strong>nt<br />

reprochent aux autres <strong>le</strong>ur si<strong>le</strong>nce pris pour <strong>de</strong> la non-coopération ; <strong>le</strong>s si<strong>le</strong>ncieux,<br />

<strong>de</strong> <strong>le</strong>ur côté, se défen<strong>de</strong>nt en accusant <strong>le</strong>s parlants <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> s’imposer<br />

au <strong>groupe</strong>, <strong>de</strong> chercher seu<strong>le</strong>ment à meub<strong>le</strong>r <strong>le</strong> vi<strong>de</strong> créé par <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce, <strong>de</strong><br />

<strong>le</strong>ur porter trop ou pas assez d’attention… L’interaction a tendance à s’organiser<br />

ainsi autour <strong>de</strong> la fuite <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’attaque, mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement dont<br />

W. Bion (1965) a souligné qu’il était l’une <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> base <strong>de</strong> la dynamique<br />

groupa<strong>le</strong>.<br />

Ainsi Robert observe lors <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième séance d’un <strong>groupe</strong> : « J’ai ressenti<br />

fortement <strong>le</strong> caractère « haché » <strong>de</strong>s propos qui s’échangeaient.<br />

Quelqu’un dit quelque chose, ém<strong>et</strong> une idée ou fait une proposition : <strong>le</strong><br />

plus souvent un autre participant intervient pour dire qu’il n’est pas<br />

d’accord ou pour par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> toute autre chose ; il n’y a pas <strong>de</strong> suite, pas<br />

d’écoute, pas d’élaboration <strong>de</strong> quelque chose <strong>de</strong> commun. J’ai vraiment<br />

l’impression que chacun par<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> vi<strong>de</strong>, sans aucun écho <strong>et</strong> que la<br />

seu<strong>le</strong> chose qu’on se voit renvoyer est une certaine négativité. »<br />

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces caractéristiques <strong>de</strong>s premières<br />

interactions. Le climat <strong>de</strong> tension <strong>et</strong> d’anxiété fait que beaucoup sont sur une<br />

position défensive dans laquel<strong>le</strong> ils perçoivent certaines interventions<br />

comme <strong>de</strong>s attaques, <strong>de</strong>s menaces ou <strong>de</strong>s contraintes <strong>et</strong> y répon<strong>de</strong>nt sur <strong>le</strong><br />

même mo<strong>de</strong>.<br />

Jacques : « J’ai horreur du si<strong>le</strong>nce alors je me j<strong>et</strong>te à l’eau… Peut-être<br />

que si chacun se présentait, ça faciliterait <strong>le</strong>s choses. »<br />

Aussitôt Carine intervient : « Je n’ai aucune envie <strong>de</strong> me présenter…<br />

Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Je pense que si tu veux qu’on se présente<br />

c’est parce que tu ne supportes pas <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce. »<br />

D’autre part, il y a à ce sta<strong>de</strong> une difficulté à accepter que l’autre puisse<br />

avoir <strong>de</strong>s attentes, <strong>de</strong>s perceptions, <strong>de</strong>s sentiments différents <strong>de</strong>s siens ; il est<br />

vite soupçonné <strong>de</strong> mauvaise foi, <strong>de</strong> provocation ou d’anormalité. Deux<br />

mécanismes, qui se renforcent mutuel<strong>le</strong>ment, accentuent ce phénomène : la<br />

projection qui amène à généraliser son propre vécu ou à attribuer à l’autre<br />

<strong>de</strong>s intentions, <strong>de</strong>s caractéristiques dont on se défend ou que l’on rej<strong>et</strong>te ;<br />

l’interprétation qui conduit chacun à donner aux comportements d’autrui une<br />

signification issue <strong>de</strong> son propre cadre <strong>de</strong> référence, <strong>de</strong> ses attitu<strong>de</strong>s profon<strong>de</strong>s<br />

<strong>et</strong> notamment <strong>de</strong> ses mouvements transférentiels. Comme <strong>le</strong> souligne<br />

M. Lobrot (1974, p. 232), <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux mécanismes sont étroitement liés :<br />

La traduction la plus fréquente <strong>de</strong> l’attitu<strong>de</strong> projective est l’interprétation. El<strong>le</strong><br />

consiste, à partir <strong>de</strong>s paro<strong>le</strong>s <strong>et</strong> comportements d’autrui <strong>le</strong>s plus visib<strong>le</strong>s, à se<br />

livrer à tout un travail <strong>de</strong> reconstitution <strong>et</strong> d’explication, dans <strong>le</strong>quel autrui généra<strong>le</strong>ment<br />

ne se reconnaît pas. Quand il refuse l’interprétation, on lui dit que

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