psychologie de l'identité _ soi et le groupe
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186 LA DYNAMIQUE IDENTITAIRE<br />
8.3.1 Rej<strong>et</strong>, déni, collusion<br />
Il est possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> distinguer, à la suite <strong>de</strong> R. Laing <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’« éco<strong>le</strong> <strong>de</strong> Palo<br />
Alto », <strong>de</strong>ux formes distinctes d’infirmation. Dans la première, <strong>le</strong> rej<strong>et</strong>,<br />
l’interlocuteur refuse d’accepter la définition <strong>de</strong> <strong>soi</strong> proposée par <strong>le</strong> suj<strong>et</strong>.<br />
Cependant <strong>le</strong> rej<strong>et</strong>, même s’il est pénib<strong>le</strong> <strong>et</strong> débouche souvent sur <strong>le</strong> conflit,<br />
constitue une forme partiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> reconnaissance puisqu’il implique la prise<br />
en compte, dans l’opposition même, <strong>de</strong> ce que l’autre revendique. Dans la<br />
secon<strong>de</strong>, <strong>le</strong> déni, c<strong>et</strong>te prise en compte n’existe pas ; <strong>le</strong> rej<strong>et</strong> ne porte pas<br />
alors sur la vérité ou la fauss<strong>et</strong>é <strong>de</strong> ce que <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> tente d’accréditer ; il porte<br />
sur l’auteur même <strong>de</strong> la définition. Si <strong>le</strong> rej<strong>et</strong> transm<strong>et</strong> <strong>le</strong> message : « Vous<br />
n’êtes pas ce que vous préten<strong>de</strong>z être », <strong>le</strong> déni équivaut à : « Vous n’existez<br />
pas. » R. Laing a souligné combien <strong>le</strong> déni pouvait avoir un caractère aliénant<br />
<strong>et</strong> pathogène ; comme il <strong>le</strong> montre, celui-ci ne prend pas nécessairement<br />
une forme directe <strong>et</strong> dramatique ; ainsi, par exemp<strong>le</strong>, « <strong>le</strong> schème familial<br />
classique, tel qu’il se dégage <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s famil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> schizophrènes, ne<br />
comporte pas seu<strong>le</strong>ment un enfant victime <strong>de</strong> négligence caractérisée ou <strong>de</strong><br />
traumatismes évi<strong>de</strong>nts, mais un enfant qui a été l’obj<strong>et</strong> d’une infirmation<br />
subti<strong>le</strong> mais persistante, généra<strong>le</strong>ment sans qu’on s’en doute. Pendant <strong>de</strong><br />
nombreuses années, l’absence <strong>de</strong> confirmation authentique revient à confirmer<br />
activement un faux <strong>soi</strong>, si bien que la personne dont <strong>le</strong> faux <strong>soi</strong> est<br />
confirmé <strong>et</strong> <strong>le</strong> vrai <strong>soi</strong> infirmé est placée dans une situation fausse » (1971,<br />
p. 123).<br />
À l’inverse, la confirmation authentique peut apparaître comme un<br />
élément essentiel <strong>de</strong> l’attitu<strong>de</strong> thérapeutique. C. Rogers, notamment, insiste<br />
sur c<strong>et</strong> aspect à travers <strong>de</strong>s notions comme cel<strong>le</strong>s d’« attention positive<br />
inconditionnel<strong>le</strong> » ou <strong>de</strong> « refl<strong>et</strong> ». Grâce à c<strong>et</strong>te attitu<strong>de</strong> « <strong>le</strong> client peut,<br />
souvent pour la première fois <strong>de</strong> sa vie, être authentiquement lui-même, se<br />
départir <strong>de</strong> ses mécanismes <strong>de</strong> défense <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses surcompensations » (1980,<br />
p. 96).<br />
À côté <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> confirmation <strong>et</strong> d’infirmation R. Laing (1971) a<br />
proposé une autre notion, cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> collusion ; el<strong>le</strong> désigne une relation où <strong>le</strong>s<br />
protagonistes adoptent <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pseudo-confirmation portant sur <strong>de</strong>s<br />
simulacres (<strong>de</strong> fausses images <strong>de</strong> <strong>soi</strong>) que chacun cherche à faire reconnaître<br />
comme vrais. Il s’agit <strong>le</strong> plus souvent d’un « jeu » inconscient par <strong>le</strong>quel<br />
chacun cherche <strong>le</strong> renfort <strong>de</strong> l’autre pour « compléter » <strong>le</strong> faux self défensif<br />
qu’il s’efforce <strong>de</strong> maintenir dans la relation.<br />
Ainsi, Annie se voit souvent renvoyer dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> l’appréciation<br />
suivante : « Tu donnes <strong>de</strong>s éléments intéressants mais tu nous laisses nous<br />
débrouil<strong>le</strong>r seuls… Une fois que tu as donné quelque chose, tu<br />
disparais » ; peu à peu, el<strong>le</strong> prend conscience du « jeu » relationnel qui est<br />
<strong>le</strong> sien <strong>et</strong> qu’el<strong>le</strong> analyse <strong>de</strong> la façon suivante : « Toutes ces attributions ne<br />
m’étonnent pas, <strong>de</strong> plus el<strong>le</strong>s me font plaisir, car que ce <strong>soi</strong>t à mes dépens<br />
ou pas, je récolte l’image que je veux donner. En eff<strong>et</strong> j’éprouve un grand