psychologie de l'identité _ soi et le groupe
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108 LE SOI À L’ÉPREUVE DU GROUPE<br />
Cela se traduit aussi par <strong>le</strong> be<strong>soi</strong>n d’un même niveau d’implication qui<br />
conduit à exercer une pression insistante sur ceux qui restent sur la réserve<br />
pour <strong>le</strong>s amener à participer.<br />
Katia : « Le désir d’unité du <strong>groupe</strong> s’est manifesté par <strong>le</strong> be<strong>soi</strong>n verbalisé<br />
que tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> s’implique éga<strong>le</strong>ment ; cela est d’abord apparu sous<br />
forme <strong>de</strong> souhait, puis <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> plus appuyée, pour s’orienter ensuite<br />
vers <strong>de</strong>s comportements plus agressifs envers <strong>le</strong>s « si<strong>le</strong>ncieux ». »<br />
C’est même là une <strong>de</strong>s sources <strong>le</strong>s plus constantes <strong>de</strong> tension dans <strong>le</strong><br />
<strong>groupe</strong> que c<strong>et</strong>te difficulté à tolérer une participation inéga<strong>le</strong> : « Nous avons<br />
tous l’attente <strong>de</strong> l’implication <strong>de</strong> tous, mais surtout <strong>le</strong> désir d’une implication<br />
éga<strong>le</strong>, égalitaire. Nous n’arrivons pas à assumer, à accepter la différence <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>gré d’implication <strong>et</strong> <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> d’implication. Cela menace-t-il l’unité, la<br />
cohésion recherchée du <strong>groupe</strong> ? », s’interroge François.<br />
5.2.3 Continuité <strong>et</strong> constance<br />
La continuité du <strong>groupe</strong> est aussi l’un <strong>de</strong>s principes constitutifs poursuivis <strong>et</strong><br />
valorisés. El<strong>le</strong> suppose une certaine constance dans <strong>le</strong> temps. Un indice en<br />
est, par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> ressenti négatif qui accompagne <strong>le</strong>s absences ; ainsi, lors<br />
d’une séance, il y a plusieurs absents en raison d’une grève <strong>de</strong>s transports ;<br />
c<strong>et</strong>te défection est vécue par <strong>le</strong>s présents comme une véritab<strong>le</strong><br />
« amputation » <strong>et</strong> entraîne un climat dépressif ; c’est notamment Christian<br />
qui note : « Le <strong>groupe</strong> se trouvait amputé <strong>de</strong> presque la moitié <strong>de</strong> ses<br />
membres, ce qui m’a semblé être au départ un lourd handicap […] C<strong>et</strong>te<br />
absence constituait pour moi un manque <strong>et</strong> par là même une entrave au bon<br />
fonctionnement du <strong>groupe</strong> […] En eff<strong>et</strong>, pour moi, chaque membre a une<br />
importance mais aucun n’est interchangeab<strong>le</strong>. Or <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> n’était pas au<br />
compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> je ne ressentais plus son intégrité, je ne percevais donc plus <strong>de</strong><br />
continuité, <strong>et</strong> par là même plus <strong>de</strong> cohésion » ; la continuité est donc liée ici<br />
à un sentiment <strong>de</strong> « complétu<strong>de</strong> » du <strong>groupe</strong>. Dans une autre session, c’est<br />
l’animateur qui, un jour, est absent : <strong>le</strong>s participants déci<strong>de</strong>nt que la séance<br />
aura lieu quand même ; la fois suivante, Andrée s’exclame : « Le plus formidab<strong>le</strong>,<br />
c’est <strong>de</strong> savoir que personne n’a eu <strong>le</strong> désir <strong>de</strong> partir alors que c’était<br />
possib<strong>le</strong> » ; el<strong>le</strong> trouve donc dans la « complétu<strong>de</strong> » du <strong>groupe</strong> la preuve <strong>de</strong><br />
son existence <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa continuité. C<strong>et</strong>te appréciation est habituel<strong>le</strong> ; ainsi<br />
Aurélie observe : « Sylvie regr<strong>et</strong>te que tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> ne <strong>soi</strong>t pas là en même<br />
temps. Je suis d’accord avec el<strong>le</strong> ; je trouve désagréab<strong>le</strong> que <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> ne<br />
<strong>soi</strong>t pas là au compl<strong>et</strong>, que certains membres du <strong>groupe</strong> puissent vivre quelque<br />
chose que d’autres ne vivent pas. Et c’est formidab<strong>le</strong>, je trouve ; car à<br />
partir du moment où ce regr<strong>et</strong> est évoqué, c’est que nous nous sentons vraiment<br />
membres <strong>de</strong> ce <strong>groupe</strong>. Moi ça me gêne qu’il y ait <strong>de</strong>s absents. »<br />
De même, une rupture dans la continuité du rythme <strong>de</strong>s séances est généra<strong>le</strong>ment<br />
ressentie comme dommageab<strong>le</strong> pour la vie du <strong>groupe</strong> ; ainsi, très