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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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204 LA DYNAMIQUE IDENTITAIRE<br />

Laure : « En prenant progressivement conscience <strong>de</strong> mon agressivité<br />

latente <strong>et</strong> <strong>de</strong> certains conflits personnels pouvant <strong>de</strong>venir interpersonnels,<br />

j’ai réalisé que l’imaginaire proj<strong>et</strong>é sur la paro<strong>le</strong>, en termes <strong>de</strong> perte,<br />

cachait peut-être éga<strong>le</strong>ment la peur d’être b<strong>le</strong>ssé, dans son amour <strong>de</strong> <strong>soi</strong> <strong>et</strong><br />

dans ses certitu<strong>de</strong>s propres, dans son i<strong>de</strong>ntité. Je comprends en même<br />

temps que mon horreur <strong>de</strong> la promiscuité <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’enfermement cache<br />

l’angoisse <strong>de</strong> voir ressurgir <strong>de</strong>s phénomènes primaires déstabilisants. Je<br />

comprends mieux éga<strong>le</strong>ment la phrase d’un personnage <strong>de</strong> Sartre :<br />

« L’enfer, c’est <strong>le</strong>s autres ! », en ce sens que dans <strong>le</strong> “huis clos” on finit<br />

parfois par douter <strong>de</strong> qui on est, on tente <strong>de</strong> se raccrocher à son expérience<br />

privée, à son intimité, on se défend en construisant <strong>de</strong>s murs, qu’on peut<br />

ensuite enjamber pour s’enfuir, ou en avoir l’impression ! »<br />

La paro<strong>le</strong> peut être investie aussi sur un mo<strong>de</strong> anal, comme obj<strong>et</strong> à contrô<strong>le</strong>r,<br />

à r<strong>et</strong>enir ou à livrer ; comme on l’a vu, la problématique dominante est<br />

dans ce cas cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la maîtrise ; maîtrise <strong>de</strong> ses paro<strong>le</strong>s, dont il faut s’assurer<br />

<strong>de</strong> la qualité avant <strong>de</strong> <strong>le</strong>s laisser sortir, maîtrise <strong>de</strong> <strong>soi</strong> <strong>de</strong> manière à se rendre<br />

opaque <strong>et</strong> imperméab<strong>le</strong>. L’échange langagier est vécu alors imaginairement<br />

comme un rapport <strong>de</strong> forces où il convient d’avoir « <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier mot ». Dans<br />

c<strong>et</strong>te problématique s’exprime surtout une paro<strong>le</strong> contrôlée <strong>et</strong> rationalisante<br />

traduisant une volonté d’emprise intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> ; mais aussi une paro<strong>le</strong> agressive<br />

expulsée <strong>de</strong> manière impulsive pour attaquer autrui. La symbolique<br />

ana<strong>le</strong> est quelquefois très explicite <strong>et</strong> <strong>le</strong>s participants par<strong>le</strong>nt <strong>de</strong> « se<br />

r<strong>et</strong>enir », <strong>de</strong> « tourner autour du pot », <strong>de</strong> « patauger dans la mer<strong>de</strong> » ou <strong>de</strong><br />

« diarrhée verba<strong>le</strong> ». À ce sta<strong>de</strong> <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce prend une tonalité particulière <strong>et</strong><br />

traduit une volonté <strong>de</strong> rétention en opposition à la pression ressentie pour<br />

faire par<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s « si<strong>le</strong>ncieux » <strong>et</strong> à la règ<strong>le</strong> <strong>de</strong> libre expression posée par<br />

l’animateur.<br />

Pierre s’adresse à Catherine, une « si<strong>le</strong>ncieuse » : « Je ne comprends pas<br />

comment tu arrives à rester là sans rien dire, tu dois vraiment te faire<br />

chier, c’est pas possib<strong>le</strong>.<br />

Catherine. – C’est toi que ça gêne, pas moi ; j’ai déjà dit que j’avais<br />

décidé <strong>de</strong> ne pas par<strong>le</strong>r.<br />

Pierre. – Mais tu n’as jamais dit pourquoi ?<br />

Catherine. – Ça ne te regar<strong>de</strong> pas ; d’ail<strong>le</strong>urs plus tu feras pression sur<br />

moi, moins j’aurai envie <strong>de</strong> par<strong>le</strong>r.<br />

Pierre (s’adressant aux autres participants). – C’est fou une tel<strong>le</strong> obstination…<br />

C’est terrib<strong>le</strong>, je sens que j’aurais envie <strong>de</strong> la battre pour l’obliger<br />

à lâcher ce qu’el<strong>le</strong> a dans <strong>le</strong> ventre. »<br />

Au sta<strong>de</strong> phallique, la prise <strong>de</strong> paro<strong>le</strong> peut être vécue imaginairement<br />

comme érection ou pénétration. Le suj<strong>et</strong> s’i<strong>de</strong>ntifie à une paro<strong>le</strong> puissante <strong>et</strong><br />

fécondante, valorisée pour son pouvoir <strong>de</strong> fascination <strong>et</strong> <strong>de</strong> séduction. La

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