10.08.2016 Views

psychologie de l'identité _ soi et le groupe

psychologie de l'identité _ soi et le groupe

psychologie de l'identité _ soi et le groupe

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

L’EXPÉRIENCE DU GROUPE 85<br />

sion, proposée par l’animateur, suscite d’emblée chez <strong>le</strong>s participants un<br />

questionnement, une inquiétu<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s défenses (par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> quoi ? Peut-on<br />

vraiment tout dire ? N’est-ce pas dangereux ? Quel<strong>le</strong>s limites va-t-on se<br />

fixer ? Quel<strong>le</strong> image <strong>de</strong> <strong>soi</strong> peut-on donner ?). Ils se ren<strong>de</strong>nt compte que,<br />

lorsque <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s extérieurs à l’expression <strong>de</strong> <strong>soi</strong> sont théoriquement<br />

<strong>le</strong>vés, chacun se heurte aux barrières que lui-même s’impose : normes socia<strong>le</strong>s,<br />

inhibition, anxiété, peur d’autrui <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses jugements…<br />

Rien ne vient préciser aux participants ce qu’ils peuvent ou souhaitent<br />

montrer d’eux-mêmes, quel<strong>le</strong> fac<strong>et</strong>te <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur i<strong>de</strong>ntité va être en jeu <strong>et</strong> s’extérioriser<br />

dans la communication. Ce flou est donc vécu très souvent comme<br />

une sorte <strong>de</strong> menace pesant sur l’individualité <strong>et</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> chacun, sentiment<br />

fréquemment verbalisé lors <strong>de</strong>s premières séances.<br />

4.1.1 Les craintes suscitées par la situation<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />

La situation engendre ainsi un climat diffus d’anxiété <strong>et</strong> suscite chez <strong>le</strong>s<br />

participants un ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> craintes : crainte d’être noyés dans la masse, <strong>de</strong><br />

s’exprimer <strong>de</strong>vant plusieurs personnes, d’avoir à se livrer ; peur du jugement<br />

d’autrui, <strong>de</strong> l’image que l’on va donner, <strong>de</strong> la contrainte que représente la<br />

présence <strong>de</strong>s autres. Ce sont ces craintes qui <strong>le</strong>ur donnent l’impression que<br />

<strong>le</strong>ur individualité est menacée <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur i<strong>de</strong>ntité remise en cause.<br />

Une <strong>de</strong>s premières craintes qui s’exprime face à l’anonymat <strong>et</strong> au nombre<br />

est cel<strong>le</strong> d’être « noyé » dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong>, <strong>de</strong> perdre son i<strong>de</strong>ntité singulière.<br />

Annie, par exemp<strong>le</strong>, éprouve lors <strong>de</strong>s premières séances une sensation<br />

profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> malaise, « l’impression que l’on a plus ou moins d’être noyé<br />

dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong>, d’être laminé par une col<strong>le</strong>ctivité qui anéantit par là même<br />

c<strong>et</strong>te spécificité subjective que chacun s’attribue ». Même sentiment chez<br />

Philippe : « Face au <strong>groupe</strong>, je ressentais une menace pour moi-même <strong>et</strong><br />

mon i<strong>de</strong>ntité ; j’ai peur d’être noyé dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> perdre ainsi toute<br />

individualité. » On constate d’ail<strong>le</strong>urs qu’une <strong>de</strong>s premières propositions qui<br />

est faite est souvent <strong>de</strong> « se présenter » pour tenter d’échapper à l’anonymat<br />

<strong>et</strong> se rendre présents en tant qu’individus singuliers.<br />

Cependant, <strong>le</strong>s premières relations s’établissent plutôt à travers <strong>le</strong> regard ;<br />

celui-ci perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> se faire une première image <strong>de</strong>s autres, d’essayer <strong>de</strong> <strong>le</strong>s<br />

évaluer sans forcément s’exposer <strong>soi</strong>-même. L’échange <strong>de</strong> regards est aussi<br />

une façon d’ébaucher un premier lien affinitaire, d’adresser à l’autre une<br />

invite ou une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> mu<strong>et</strong>te, <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s points d’appui ; comme<br />

France, qui note que la présence <strong>de</strong> Claire, assurée, souriante <strong>et</strong> apparemment<br />

à l’aise la rassure : « Quand j’entre dans un nouveau lieu, c’est<br />

sécurisant <strong>de</strong> s’accrocher au regard, à la paro<strong>le</strong> <strong>de</strong> quelqu’un. »<br />

Mais c<strong>et</strong>te relation « imaginaire » immédiate n’est pas sans susciter aussi<br />

<strong>de</strong>s appréhensions. Car chacun est incertain <strong>de</strong> l’impression qu’il peut<br />

produire <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’image que <strong>le</strong>s autres vont se faire <strong>de</strong> lui. Christine souligne

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!