psychologie de l'identité _ soi et le groupe
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226 LA DYNAMIQUE IDENTITAIRE<br />
Ainsi Estel<strong>le</strong> réfléchit sur sa position à l’égard <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>le</strong>a<strong>de</strong>rs du <strong>groupe</strong><br />
Roland <strong>et</strong> Annie : « Peut-être est-ce vrai que je considère que l’homme<br />
représente avant tout <strong>le</strong> pouvoir <strong>et</strong> que par là même il ne se conteste pas,<br />
donc je ne peux qu’inconsciemment adhérer à ce que dira un homme surtout<br />
s’il se trouve en opposition à une femme. Tout ceci pour dire que je<br />
pense que dans certains cas j’aurais pu être contre Roland bien que je ne<br />
voulais pas <strong>le</strong> reconnaître <strong>et</strong> peut-être que ma peur d’Annie, ma « hargne »<br />
contre el<strong>le</strong>, n’est peut-être que <strong>de</strong> l’envie, car el<strong>le</strong> ose ce que moi je ne<br />
peux pas faire. Je lui en veux <strong>de</strong> pouvoir s’opposer à un homme. »<br />
Ces résultats tirés <strong>de</strong> l’observation rejoignent certaines conclusions <strong>de</strong><br />
recherches expérimenta<strong>le</strong>s : je citerai, par exemp<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> M. Ehrlich <strong>et</strong><br />
G. Vinsonneau (1988) :<br />
On peut dire d’emblée que si en milieu intel<strong>le</strong>ctuel français <strong>le</strong> discours dominant<br />
dénie toute différence entre hommes <strong>et</strong> femmes, en situation intersexes la<br />
différenciation se rétablit déjà à travers <strong>le</strong>s conduites d’attribution, bien qu’el<strong>le</strong><br />
s’atténue par rapport au passé. Quant aux conduites réel<strong>le</strong>s durant l’accomplissement<br />
d’une tâche, el<strong>le</strong>s se caractérisent principa<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> soli<strong>de</strong> maintien<br />
<strong>de</strong> la hiérarchie entre hommes <strong>et</strong> femmes : <strong>le</strong>s premiers s’emploient à<br />
exercer <strong>le</strong> pouvoir au sein du <strong>groupe</strong>, tandis que <strong>le</strong>s secon<strong>de</strong>s expriment par<br />
rapport à eux <strong>de</strong>s conduites <strong>de</strong> subordination.<br />
Cela montre la persistance <strong>de</strong> certains traits attribués traditionnel<strong>le</strong>ment<br />
aux i<strong>de</strong>ntités masculine <strong>et</strong> féminine.<br />
Il apparaît que <strong>le</strong> thème <strong>de</strong> la différence <strong>et</strong> <strong>de</strong>s relations entre sexes ne<br />
<strong>de</strong>vient explicite que lorsque la phase d’individuation est bien installée. À ce<br />
sta<strong>de</strong>, <strong>le</strong>s participants peuvent exprimer <strong>de</strong>s préférences, <strong>de</strong>s attirances, <strong>de</strong>s<br />
liens privilégiés. On peut voir se nouer alors <strong>de</strong>s relations n<strong>et</strong>tement érotisées<br />
mais qui <strong>le</strong> plus souvent ont tendance à se dissimu<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> <strong>et</strong> à se<br />
manifester au-<strong>de</strong>hors (ce qui confirme <strong>le</strong> caractère surmoïque que peut revêtir<br />
globa<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> dans l’imaginaire <strong>de</strong>s participants) 1 .<br />
10.3 Dia<strong>le</strong>ctique entre similitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> différence<br />
J’ai souligné, dès l’introduction, que similitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> différence constituaient <strong>le</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux pô<strong>le</strong>s inséparab<strong>le</strong>s du phénomène i<strong>de</strong>ntitaire. L’un ne prend sens que<br />
par rapport à l’autre dans une interaction où chaque tendance contribue à<br />
contrebalancer la tendance contraire, à la recherche d’un équilibre toujours<br />
changeant. C’est pourquoi l’on ne peut étudier l’un <strong>de</strong> ces processus indé-<br />
1. Mais dans d’autres types <strong>de</strong> pratiques (comme <strong>le</strong>s <strong>groupe</strong>s travaillant sur la nudité), <strong>le</strong> <strong>groupe</strong><br />
peut être vécu au contraire comme un lieu <strong>de</strong> permissivité <strong>et</strong> <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong>s désirs, stimulant<br />
fortement la sexualisation <strong>de</strong>s relations (cf. Lobrot, 1989).