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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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LE MIROIR DE L’AUTRE 155<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />

d’invali<strong>de</strong>r (même si c<strong>et</strong>te réponse n’est pas forcément décisive) <strong>le</strong>s traits, <strong>le</strong>s<br />

intentions, <strong>le</strong>s sentiments qui lui sont attribués. Assez vite <strong>le</strong>s participants<br />

repèrent c<strong>et</strong>te dimension projective <strong>de</strong> l’image d’autrui.<br />

Claudine : « On ne voit <strong>de</strong>s autres que <strong>le</strong>urs comportements <strong>et</strong> on ne connaît<br />

pas <strong>le</strong>ur vécu intérieur : donc, on ne peut qu’interpréter <strong>le</strong>urs comportements.<br />

C’est exactement <strong>le</strong> processus mis en jeu dans <strong>le</strong>s “portraits<br />

imaginaires”. Certains membres du <strong>groupe</strong> m’ont attribué un portrait imaginaire<br />

qui est celui <strong>de</strong> la pou<strong>le</strong> <strong>de</strong> luxe ou <strong>de</strong> la femme qui mène une doub<strong>le</strong><br />

vie, à savoir, <strong>le</strong> jour, l’image d’une femme rangée, <strong>et</strong> la nuit, cel<strong>le</strong><br />

d’une femme débauchée. Dans un premier temps, j’ai été assez choquée<br />

<strong>de</strong> renvoyer une image aussi négative. Ce qui me gênait vraiment, c’était<br />

<strong>le</strong> côté vulgaire <strong>de</strong> ce portrait car je déteste la vulgarité. Mais en<br />

réfléchissant plus longuement sur c<strong>et</strong>te image, je me suis aperçue qu’el<strong>le</strong><br />

n’avait pas que <strong>de</strong>s aspects négatifs <strong>et</strong> la doub<strong>le</strong> vie <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te femme peut<br />

renvoyer à <strong>de</strong>s fantasmes que <strong>le</strong>s gens proj<strong>et</strong>tent sur moi. »<br />

Le mécanisme <strong>de</strong> projection semb<strong>le</strong> d’autant plus actif que la personne sur<br />

qui il porte donne peu à voir d’el<strong>le</strong>-même, inquiète, intimi<strong>de</strong>, fait peur.<br />

Sylvie : « Ce qui me frappe, c’est qu’on arrive quand même à proj<strong>et</strong>er pas<br />

mal <strong>de</strong> choses sur <strong>le</strong>s gens, alors qu’on <strong>le</strong>s connaît à peine… Mais c’est<br />

peut-être justement ça… quand on <strong>le</strong>s connaît peu on sent peut-être <strong>le</strong>s<br />

gens intuitivement, simp<strong>le</strong>ment en <strong>le</strong>s voyant. »<br />

Le cas <strong>de</strong>s « si<strong>le</strong>ncieux » en est un bon exemp<strong>le</strong> ; donnant sur eux peu<br />

d’informations, ils apparaissent comme une surface projective privilégiée sur<br />

laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s autres peuvent accrocher <strong>le</strong>ur peur d’être observés, jugés ou<br />

<strong>le</strong>urs propres résistances à l’expression.<br />

Sandrine : « Je suis vraiment surprise <strong>de</strong> ce que vient <strong>de</strong> dire Anne, que, si<br />

el<strong>le</strong> par<strong>le</strong> peu, c’est parce qu’el<strong>le</strong> a peur, qu’el<strong>le</strong> a <strong>de</strong> la peine à s’exprimer…<br />

Moi, j’étais persuadée qu’el<strong>le</strong> nous méprisait un peu, qu’el<strong>le</strong> ne s’intéressait<br />

pas à ce qu’on disait, qu’el<strong>le</strong> nous jugeait… Maintenant, je la vois différemment<br />

<strong>et</strong> je me rends compte que j’avais proj<strong>et</strong>é p<strong>le</strong>in <strong>de</strong> trucs sur el<strong>le</strong>. »<br />

Dans un sens plus spécifiquement psychanalytique, on observe aussi que<br />

<strong>le</strong> suj<strong>et</strong> proj<strong>et</strong>te souvent sur autrui ce qu’il refuse ou méconnaît en lui-même.<br />

Dans un <strong>groupe</strong> Lucien <strong>et</strong> Jean-Pierre « s’accrochent » assez souvent <strong>et</strong><br />

<strong>le</strong>urs joutes oratoires agacent un peu <strong>le</strong>s autres. Catherine <strong>le</strong> fait remarquer<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Lucien : « Mais pourquoi tu n’arrêtes pas <strong>de</strong> “chercher”<br />

Jean-Pierre, qu’est-ce qu’il t’a fait ?<br />

Lucien. – Je sais pas si c’est moi qui <strong>le</strong> cherche ; tu crois pas qu’il me<br />

cherche aussi ? Mais c’est vrai que j’aime bien <strong>le</strong> titil<strong>le</strong>r, je suis sûr qu’il<br />

va répondre… Enfin, ce qui m’énerve un peu chez lui, c’est qu’il veut toujours<br />

avoir <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier mot…

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