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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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218 LA DYNAMIQUE IDENTITAIRE<br />

qui se reconnaissent <strong>le</strong>s unes <strong>de</strong>s autres ; el<strong>le</strong>s manifestent aussi une solidarité<br />

entre el<strong>le</strong>s <strong>et</strong> se soutiennent mutuel<strong>le</strong>ment ».<br />

C’est donc sur la base <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité que ces sous-<strong>groupe</strong>s ten<strong>de</strong>nt à se<br />

constituer.<br />

Annie : « Je me r<strong>et</strong>rouve en fait avec <strong>le</strong>s personnes qui me ressemb<strong>le</strong>nt <strong>le</strong><br />

plus, tout au moins j’en ai <strong>le</strong> sentiment, qui savent en tout cas communiquer<br />

par <strong>le</strong> rire. »<br />

La recherche du semblab<strong>le</strong> se manifeste aussi dans <strong>le</strong> phénomène du<br />

couplage 1 . Il désigne <strong>le</strong> lien en miroir très étroit qui unit <strong>de</strong>ux participants :<br />

ils sont toujours assis l’un à côté <strong>de</strong> l’autre ; ils interviennent souvent en<br />

même temps <strong>et</strong> lorsqu’on s’adresse à l’un, c’est quelquefois l’autre qui<br />

répond. Ainsi, dans un <strong>groupe</strong>, Maurice <strong>et</strong> Olivier sont tel<strong>le</strong>ment « soudés »<br />

qu’on ne <strong>le</strong>s appel<strong>le</strong> que « <strong>le</strong>s frères siamois ». Ce qui traduit la force <strong>de</strong><br />

l’i<strong>de</strong>ntification mutuel<strong>le</strong> c’est que <strong>le</strong>s autres membres du <strong>groupe</strong> arrivent à<br />

<strong>le</strong>s confondre <strong>et</strong>, par exemp<strong>le</strong>, se trompent constamment dans <strong>le</strong>urs prénoms.<br />

Au cours d’une séance Bruno exprime à Christine <strong>et</strong> Corinne la gêne qu’il<br />

éprouve à <strong>le</strong>ur égard car pour lui, el<strong>le</strong>s sont complètement confondues ;<br />

d’ail<strong>le</strong>urs en s’adressant à el<strong>le</strong>s, il intervertit constamment <strong>le</strong>urs prénoms<br />

ce qui amuse beaucoup tout <strong>le</strong> <strong>groupe</strong>. Mais <strong>le</strong>s intéressées protestent en<br />

disant qu’el<strong>le</strong>s se sentent différentes l’une <strong>de</strong> l’autre malgré <strong>le</strong>urs affinités<br />

<strong>et</strong> que si on <strong>le</strong>s confond, ce qui <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong> beaucoup, c’est sûrement en<br />

raison <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur seu<strong>le</strong> ressemblance physique.<br />

Le couplage perm<strong>et</strong> un étayage mutuel <strong>de</strong>s i<strong>de</strong>ntités, un sentiment <strong>de</strong> plus<br />

gran<strong>de</strong> sécurité <strong>et</strong> <strong>de</strong> force face à autrui, une confirmation réciproque <strong>de</strong>s<br />

intéressés. Mais en même temps, il comporte une indifférenciation qui empêche<br />

l’individuation.<br />

Voici, par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> témoignage <strong>de</strong> Nathalie : « Après <strong>le</strong>s présentations<br />

d’usage, au début <strong>de</strong> la séance, ne connaissant strictement personne, je pus<br />

établir une relation privilégiée avec la personne assise à côté <strong>de</strong> moi, relation<br />

favorisée par <strong>le</strong> fait que nous nous présentions mutuel<strong>le</strong>ment. N’ayant<br />

jamais assisté à ce type <strong>de</strong> stage j’éprouvais <strong>le</strong> be<strong>soi</strong>n <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s repères,<br />

<strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r ma position, au milieu d’un <strong>groupe</strong> <strong>de</strong> gens dont je ne<br />

savais rien […]. Le be<strong>soi</strong>n <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong> l’une <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’autre nous fit entrer<br />

dans ce système <strong>de</strong> couplage tel que <strong>le</strong>s autres membres du <strong>groupe</strong> finirent<br />

par nous confondre, nommant l’une à la place <strong>de</strong> l’autre <strong>et</strong> nous englobant<br />

dans une même perception <strong>de</strong> nos dires <strong>et</strong> <strong>de</strong> nos actes. Situation d’autant<br />

plus inconfortab<strong>le</strong> fina<strong>le</strong>ment que nous éprouvions <strong>le</strong> be<strong>soi</strong>n <strong>de</strong> nous différencier<br />

afin <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver notre i<strong>de</strong>ntité ; mais il fut impossib<strong>le</strong> d’obtenir<br />

1. J’emploie ici ce terme dans un sens différent <strong>de</strong> celui utilisé par Bion (1965) pour désigner l’une<br />

<strong>de</strong>s « hypothèses <strong>de</strong> base ».

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