psychologie de l'identité _ soi et le groupe
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56 À LA RECHERCHE DE L’IDENTITÉ<br />
utilisé 1 . On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si on ne construit pas ainsi <strong>de</strong>s artefacts, ce qui<br />
expliquerait d’ail<strong>le</strong>urs l’inconsistance <strong>de</strong>s résultats constatés qui varient fortement<br />
selon <strong>le</strong>s tâches expérimenta<strong>le</strong>s. Ainsi, par exemp<strong>le</strong>, T.B. Rogers a cru<br />
m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce un « eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> référence à <strong>soi</strong> », montrant qu’il y a une plus<br />
gran<strong>de</strong> mémorisation <strong>et</strong> évocabilité <strong>de</strong>s connaissances relatives à <strong>soi</strong>. Mais<br />
c<strong>et</strong>te thèse a été contestée <strong>et</strong>, en utilisant <strong>de</strong>s tâches expérimenta<strong>le</strong>s différentes,<br />
d’autres recherches ont prétendu établir qu’il n’y a pas <strong>de</strong> spécificité <strong>de</strong> traitement<br />
<strong>de</strong>s informations relatives à <strong>soi</strong> (ce qui semb<strong>le</strong> pourtant en contradiction<br />
avec l’expérience quotidienne la plus évi<strong>de</strong>nte, hors laboratoire).<br />
Ce qui nous amène au second postulat : <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> traitement cognitif<br />
<strong>de</strong>s informations sur <strong>soi</strong> ne diffère pas fondamenta<strong>le</strong>ment du traitement<br />
cognitif <strong>de</strong>s autres informations sur d’autres obj<strong>et</strong>s.<br />
3.2.2 Le <strong>soi</strong> est un obj<strong>et</strong> comme un autre<br />
Ce postulat est explicitement posé, par exemp<strong>le</strong>, par J.-P. Codol ; c’est pourquoi<br />
je m’appuierai sur l’un <strong>de</strong> ses textes (1980).<br />
J.-P. Codol (1980, p. 154) propose donc l’hypothèse selon laquel<strong>le</strong> ce <strong>soi</strong><br />
est appréhendé comme n’importe quel obj<strong>et</strong> : « L’idée première, c’est que la<br />
façon dont un individu s’appréhen<strong>de</strong> cognitivement lui-même m<strong>et</strong> en œuvre<br />
<strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> même nature que ceux qui régissent toute appréhension<br />
cognitive. » On peut essayer <strong>de</strong> suivre pour un temps c<strong>et</strong>te hypothèse, même<br />
s’il sera nécessaire d’envisager aussi, dans un second temps, en quoi la<br />
perception <strong>de</strong> <strong>soi</strong> est radica<strong>le</strong>ment différente <strong>de</strong> cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s (thèse<br />
phénoménologique).<br />
Codol r<strong>et</strong>ient trois éléments qui lui semb<strong>le</strong>nt essentiels dans la perception<br />
<strong>de</strong> l’obj<strong>et</strong> : la détermination <strong>de</strong>s différences spécifiant c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> parmi <strong>le</strong>s<br />
autres ; une certaine permanence <strong>et</strong> cohérence <strong>de</strong> l’obj<strong>et</strong> considéré ; une<br />
appréciation <strong>de</strong> la va<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong>. On peut r<strong>et</strong>rouver effectivement ces<br />
caractéristiques dans la perception <strong>de</strong> <strong>soi</strong>.<br />
En eff<strong>et</strong>, <strong>le</strong> sentiment d’i<strong>de</strong>ntité implique d’abord la conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong><br />
comme être spécifique, différent <strong>de</strong>s autres individus, <strong>et</strong> donc la capacité <strong>de</strong><br />
distinguer ce qui est <strong>soi</strong> <strong>et</strong> ce qui ne l’est pas 2 . Dans ce sens, comparaison <strong>et</strong><br />
distinction socia<strong>le</strong> sont inhérentes à la notion même d’i<strong>de</strong>ntité.<br />
1. Il règne souvent à c<strong>et</strong> égard une relative confusion : ainsi D. Martinot (1995, p. 133) propose <strong>de</strong><br />
distinguer un « concept <strong>de</strong> <strong>soi</strong> spontané » (celui que donne spontanément <strong>le</strong> suj<strong>et</strong>) <strong>et</strong> un<br />
« concept <strong>de</strong> <strong>soi</strong> objectif » (celui qui est mesuré sur <strong>de</strong>s dimensions préalab<strong>le</strong>s fixées par <strong>le</strong> chercheur<br />
<strong>et</strong> proposées au suj<strong>et</strong>) ; mais on ne voit pas en quoi répondre à un questionnaire ou choisir<br />
<strong>de</strong>s listes <strong>de</strong> traits serait plus « objectif » que <strong>de</strong> se décrire spontanément ; <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux démarches<br />
relèvent <strong>de</strong> l’introspection : l’une étant « non structurée » (plus que spontanée), l’autre « préstructurée<br />
».<br />
2. On verra cependant plus loin que, pour semb<strong>le</strong>r évi<strong>de</strong>nte, c<strong>et</strong>te distinction n’est pas aussi claire<br />
puisqu’autrui est <strong>de</strong> toute part présent à l’intérieur <strong>de</strong> la conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong>.