psychologie de l'identité _ soi et le groupe
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LA DYNAMIQUE IDENTITAIRE 211<br />
plissent souvent c<strong>et</strong>te tâche avec beaucoup d’aisance : ayant un statut <strong>et</strong> une<br />
i<strong>de</strong>ntité précis, ils n’ont plus aucune difficulté à par<strong>le</strong>r ; ce qui montre<br />
qu’auparavant ils ne « s’autorisaient » pas à prendre la paro<strong>le</strong>. C’est<br />
d’ail<strong>le</strong>urs habituel<strong>le</strong>ment par une prise <strong>de</strong> rô<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s participants se définissent<br />
une première i<strong>de</strong>ntité en conférant à autrui une i<strong>de</strong>ntité complémentaire<br />
à cel<strong>le</strong> qu’ils veu<strong>le</strong>nt, plus ou moins consciemment, tenir.<br />
Patrick : « Chacun attend d’Hélène qu’el<strong>le</strong> s’oppose aux paro<strong>le</strong>s <strong>de</strong> Marc,<br />
du fait <strong>de</strong>s discussions entre eux qui ont ponctué assez souvent <strong>le</strong>s précé<strong>de</strong>ntes<br />
séances. Je pense alors que c’est l’une <strong>de</strong>s principa<strong>le</strong>s c<strong>le</strong>fs pour<br />
entrer dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong>, pour y exister réel<strong>le</strong>ment : acquérir au sein du<br />
<strong>groupe</strong> une i<strong>de</strong>ntité, en fait un rô<strong>le</strong> que l’on s’attribue par la répétition <strong>de</strong><br />
certains comportements qui prennent une fonction précise dans <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>ment<br />
<strong>de</strong>s séances : faire rire, engager une réf<strong>le</strong>xion, s’opposer, <strong>et</strong>c. »<br />
Ainsi l’échange humain constitue, comme l’a souligné J. Lacan (1966,<br />
p. 298), « une communication où l’ém<strong>et</strong>teur reçoit du récepteur son propre<br />
message sous une forme inversée » ; en assignant à l’autre, dans son expression,<br />
une place <strong>et</strong> une i<strong>de</strong>ntité, il définit indirectement la sienne <strong>de</strong> manière<br />
complémentaire. « Tu t’es conduit en discip<strong>le</strong> fidè<strong>le</strong> », intronise celui qui <strong>le</strong><br />
profère dans la position <strong>de</strong> maîtrise qu’il revendique. « Ce que je cherche<br />
dans la paro<strong>le</strong>, c’est la réponse <strong>de</strong> l’autre. Ce qui me constitue comme suj<strong>et</strong>,<br />
c’est ma question » (p. 299).<br />
C’est donc dans <strong>et</strong> par l’acte <strong>de</strong> paro<strong>le</strong> que <strong>le</strong> locuteur se pose comme<br />
suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> fon<strong>de</strong> son i<strong>de</strong>ntité en rapport avec l’i<strong>de</strong>ntité d’autrui. « Mais ce n’est<br />
pas assez dire que, dans c<strong>et</strong> acte, <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> suppose un autre suj<strong>et</strong>, car bien<br />
plutôt il s’y fon<strong>de</strong> comme étant l’autre, mais dans c<strong>et</strong>te unité paradoxa<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
l’un <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’autre, dont on a montré […] que, par son moyen, l’un s’en rem<strong>et</strong><br />
à l’autre pour <strong>de</strong>venir i<strong>de</strong>ntique à lui-même » (p. 351).