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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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50 À LA RECHERCHE DE L’IDENTITÉ<br />

cadre national… mais el<strong>le</strong> procè<strong>de</strong> d’abord d’un mouvement allant <strong>de</strong><br />

l’entourage vers l’enfant : c’est l’entourage qui lui apprend quel<strong>le</strong> est sa<br />

place dans la société : sa nationalité, la profession <strong>de</strong> ses parents, s’il est<br />

blanc ou noir, catholique ou musulman, <strong>et</strong>c., s’il appartient à un milieu valorisé<br />

ou dévalorisé (selon qu’il sort d’une « gran<strong>de</strong> famil<strong>le</strong> » ou qu’il n’a<br />

qu’une « basse extraction »…).<br />

L’enfant intériorise ainsi peu à peu ses <strong>groupe</strong>s d’appartenance, <strong>le</strong>s<br />

« nous » auxquels il participe, empreints <strong>de</strong> va<strong>le</strong>urs cognitives <strong>et</strong><br />

émotionnel<strong>le</strong>s ; ces « nous » s’inscrivent dans une stratification socia<strong>le</strong> où ils<br />

se situent <strong>le</strong>s uns par rapport aux autres, dans <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> pouvoir, <strong>de</strong><br />

prestige <strong>et</strong> d’argent <strong>et</strong> dans une histoire qui a déposé dans la mémoire du<br />

<strong>groupe</strong> tout un ensemb<strong>le</strong> d’événements, d’expériences, <strong>de</strong> modè<strong>le</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

représentations. Mais ils décou<strong>le</strong>nt aussi <strong>de</strong> stratégies individuel<strong>le</strong>s ou col<strong>le</strong>ctives<br />

qui placent <strong>le</strong> « nous » visé dans un proj<strong>et</strong> i<strong>de</strong>ntitaire, dans une compétition<br />

pour la reconnaissance socia<strong>le</strong>, l’ascension, la valorisation ou <strong>le</strong><br />

changement. Ainsi, <strong>le</strong>s i<strong>de</strong>ntifications ne procè<strong>de</strong>nt pas seu<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s <strong>groupe</strong>s<br />

d’appartenance mais aussi <strong>de</strong> <strong>groupe</strong>s <strong>de</strong> référence dans <strong>le</strong>squels <strong>le</strong> suj<strong>et</strong><br />

puise ses modè<strong>le</strong>s ou auxquels il cherche à s’intégrer en fonction <strong>de</strong> ce qu’il<br />

veut <strong>de</strong>venir. El<strong>le</strong>s ne traduisent pas uniquement la position <strong>de</strong> l’individu,<br />

déterminée par son histoire <strong>et</strong> son statut social, mais encore ses anticipations<br />

<strong>et</strong> ses aspirations, la dynamique personnel<strong>le</strong> <strong>et</strong> socia<strong>le</strong> dans laquel<strong>le</strong> il inscrit<br />

son action, avec ses mouvements <strong>de</strong> conformisme <strong>et</strong> d’ambition, d’ascension<br />

ou <strong>de</strong> régression <strong>et</strong> ses modè<strong>le</strong>s sociaux (l’ambitieux, <strong>le</strong> self-ma<strong>de</strong> man, <strong>le</strong><br />

parvenu, <strong>le</strong> déclassé…). C<strong>et</strong>te dynamique influe fortement sur <strong>le</strong> sentiment<br />

d’i<strong>de</strong>ntité, comme Vincent <strong>de</strong> Gauléjac l’a montré dans ses différentes recherches<br />

1 .<br />

Ainsi l’i<strong>de</strong>ntité se construit dans un doub<strong>le</strong> mouvement d’extension croissante<br />

où l’individu accè<strong>de</strong> à la conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong>, par différenciation d’autrui<br />

<strong>et</strong> assimilation au même. D’une part, il s’inscrit dans <strong>de</strong>s <strong>groupe</strong>s <strong>de</strong> plus en<br />

plus larges, organiques, fonctionnels <strong>et</strong> idéologiques ; il y puise un sentiment<br />

<strong>de</strong> proximité <strong>et</strong> <strong>de</strong> solidarité avec <strong>de</strong>s « nous » (qui s’opposent à « eux », <strong>le</strong>s<br />

« autres », <strong>le</strong>s « adversaires », <strong>le</strong>s « étrangers »). D’autre part, autrui renvoie<br />

constamment au suj<strong>et</strong> une image <strong>de</strong> lui-même qui tend à lui assigner une<br />

place, une position <strong>et</strong> un rô<strong>le</strong>, à <strong>le</strong> ranger dans une catégorie en fonction <strong>de</strong><br />

ses différents <strong>groupe</strong>s d’appartenance. Il y a interaction constante entre ces<br />

<strong>de</strong>ux faces <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification, entre mécanismes <strong>de</strong> projection <strong>et</strong> d’introjection,<br />

entre l’i<strong>de</strong>ntité assumée par <strong>le</strong> je <strong>et</strong> cel<strong>le</strong> qui lui est proposée ou imposée<br />

par autrui. Selon la formu<strong>le</strong> fameuse <strong>de</strong> Sartre : « L’important n’est pas ce<br />

qu’on fait <strong>de</strong> nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes <strong>de</strong> ce qu’on a fait <strong>de</strong><br />

nous. » L’i<strong>de</strong>ntité est un processus mais aussi un choix <strong>et</strong> une trajectoire.<br />

1. Cf. notamment La Névrose <strong>de</strong> classe, 1987 <strong>et</strong> Les Sources <strong>de</strong> la honte.

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