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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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CONCEPTS ET MÉTHODES 67<br />

La distinction entre « <strong>soi</strong> intime » <strong>et</strong> « <strong>soi</strong> social » (dont il faut bien souligner<br />

qu’el<strong>le</strong> ne correspond pas à la séparation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux obj<strong>et</strong>s différents mais<br />

aux faces d’un même phénomène), apparaît fondamenta<strong>le</strong> dans l’expérience<br />

vécue ; el<strong>le</strong> ne résulte pas d’abord d’une construction théorique (même si<br />

el<strong>le</strong> prend nécessairement c<strong>et</strong>te forme à partir du moment où el<strong>le</strong> est conceptualisée)<br />

mais d’une observation <strong>et</strong> d’une analyse du vécu <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’expression<br />

spontanée du suj<strong>et</strong>.<br />

Tel<strong>le</strong> est donc la façon dont la phénoménologie peut nous ai<strong>de</strong>r à interroger<br />

<strong>et</strong> à conceptualiser <strong>le</strong>s notions <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong> <strong>et</strong> d’i<strong>de</strong>ntité. On<br />

pourrait objecter qu’il s’agit là d’une réf<strong>le</strong>xion « philosophique », étrangère<br />

par nature à une <strong>psychologie</strong> se voulant « scientifique ». Il me semb<strong>le</strong><br />

d’abord que la démarche phénoménologique, notamment cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> Sartre (<strong>et</strong><br />

c’est la raison pour laquel<strong>le</strong> je me suis appuyé sur el<strong>le</strong>) s’efforce <strong>de</strong> col<strong>le</strong>r<br />

d’aussi près que possib<strong>le</strong> à l’expérience empirique. On peut penser aussi que<br />

fait partie nécessairement du champ <strong>de</strong> la <strong>psychologie</strong> une réf<strong>le</strong>xion critique<br />

sur <strong>le</strong>s concepts qu’el<strong>le</strong> utilise ; à part si l’on adopte une vision positiviste<br />

simpliste qui penserait qu’el<strong>le</strong> ne s’occupe que <strong>de</strong> « faits », données immédiates<br />

<strong>de</strong> la réalité observab<strong>le</strong> 1 . L’apport <strong>de</strong> la philosophie peut donc être un<br />

instrument fécond pour c<strong>et</strong>te élaboration conceptuel<strong>le</strong> comme il l’est, plus<br />

largement, pour la réf<strong>le</strong>xion épistémologique. Mais il doit être confronté à<br />

l’expérience empirique, s’il ne veut pas rester du domaine <strong>de</strong> la spéculation.<br />

Je rappel<strong>le</strong>rai c<strong>et</strong>te réf<strong>le</strong>xion déjà ancienne d’Abraham Maslow mais qui,<br />

pour moi, gar<strong>de</strong> aujourd’hui l’essentiel <strong>de</strong> sa va<strong>le</strong>ur :<br />

Il est <strong>de</strong> première importance pour <strong>le</strong>s psychologues que <strong>le</strong>s existentialistes<br />

puissent apporter à la <strong>psychologie</strong> la philosophie <strong>de</strong> base qui lui fait actuel<strong>le</strong>ment<br />

défaut. Le positivisme logique a fait faillite surtout auprès <strong>de</strong>s psychologues<br />

cliniciens <strong>et</strong> <strong>de</strong> ceux qui traitent la personnalité. De toute façon, on sera<br />

amené <strong>de</strong> nouveau à discuter <strong>le</strong>s problèmes philosophiques fondamentaux <strong>et</strong><br />

<strong>le</strong>s psychologues cesseront sans doute <strong>de</strong> se fier à <strong>de</strong> fausses solutions ou à <strong>de</strong>s<br />

philosophies inconscientes <strong>et</strong> incontrôlées 2 .<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />

3.3.6 Échapper au fétichisme <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong><br />

J’ai cherché à montrer comment un point <strong>de</strong> vue inspiré par la phénoménologie<br />

<strong>et</strong> la <strong>psychologie</strong> existentiel<strong>le</strong> perm<strong>et</strong>tait d’interroger <strong>et</strong> <strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre en<br />

cause certains postulats <strong>de</strong> l’approche cognitiviste du <strong>soi</strong>. Ce faisant, je n’ai<br />

pas voulu introduire un clivage entre démarche objectiviste <strong>et</strong> démarche<br />

subjectiviste. Une tel<strong>le</strong> opposition risquerait d’être stéri<strong>le</strong>. Au contraire, je<br />

1. Tout concept, loin d’être <strong>le</strong> refl<strong>et</strong> <strong>de</strong>scriptif <strong>et</strong> neutre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te réalité, comporte, même <strong>de</strong><br />

manière implicite, <strong>de</strong>s hypothèses théoriques qui appartiennent au moins autant aux conceptions<br />

du chercheur qu’aux caractéristiques <strong>de</strong> l’obj<strong>et</strong>.<br />

2. A. Maslow, in Allport <strong>et</strong> al., 1971, p. 55.

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