psychologie de l'identité _ soi et le groupe
psychologie de l'identité _ soi et le groupe
psychologie de l'identité _ soi et le groupe
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
224 LA DYNAMIQUE IDENTITAIRE<br />
sais maintenant que je peux m’exprimer plus librement, que je peux prendre<br />
<strong>le</strong> risque <strong>de</strong> montrer <strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> moi plus personnels, je sais aussi que<br />
j’attends un écho, j’ai be<strong>soi</strong>n d’un r<strong>et</strong>our à ce que je donne ; <strong>et</strong> si je te<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> comment tu as réagi à ce que j’ai dit, c’est que ta réponse est<br />
importante pour moi ; est-ce que tu vois ? »<br />
Comme <strong>le</strong> souligne P. Tap :<br />
Le moi a be<strong>soi</strong>n <strong>de</strong> se sentir digne d’être aimé <strong>et</strong> accepté : il peut alors s’épanouir<br />
en toute sécurité. Il a aussi be<strong>soi</strong>n d’expérimenter <strong>de</strong>s pouvoirs sur <strong>le</strong>s<br />
choses, sur autrui ou sur lui-même, <strong>et</strong> par là développer ce sentiment fondamental<br />
d’être cause. Ainsi l’i<strong>de</strong>ntité personnel<strong>le</strong> se nourrit <strong>de</strong>s va<strong>le</strong>urs <strong>de</strong> la<br />
personne <strong>et</strong> ne peut donc être valab<strong>le</strong>ment étudiée en <strong>de</strong>hors du système <strong>de</strong> va<strong>le</strong>urs<br />
<strong>et</strong> d’idéaux associé à l’action, à l’affirmation <strong>et</strong> à la conscience <strong>de</strong> <strong>soi</strong><br />
(1968, p. 77).<br />
10.2.3 La différence <strong>de</strong>s sexes<br />
Il est diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> différenciation, sans en abor<strong>de</strong>r une <strong>de</strong>s formes<br />
essentiel<strong>le</strong>s qui est la différence <strong>de</strong>s sexes. Pourtant el<strong>le</strong> se manifeste dans<br />
l’expérience groupa<strong>le</strong> sous un jour assez paradoxal : partout <strong>et</strong> toujours<br />
présente, el<strong>le</strong> est habituel<strong>le</strong>ment occultée, surtout dans <strong>le</strong>s premières phases.<br />
Il faudrait pour traiter ce thème <strong>de</strong> longs développements qui pourraient à<br />
eux seuls constituer l’obj<strong>et</strong> d’une étu<strong>de</strong> spécifique 1 . Aussi ne ferai-je qu’en<br />
évoquer ici quelques aspects.<br />
Certaines réf<strong>le</strong>xions au départ d’une session montrent que <strong>le</strong>s participants<br />
sont d’emblée sensib<strong>le</strong>s à la composition sexuée du <strong>groupe</strong>.<br />
Ainsi Catherine, dans <strong>le</strong>s premières minutes d’un stage, fait tout à coup<br />
c<strong>et</strong>te remarque : « Tiens, <strong>le</strong>s hommes ne sont pas très nombreux ; est-ce<br />
qu’ils ne vont pas se sentir écrasés par c<strong>et</strong>te majorité <strong>de</strong> femmes ? »,<br />
remarque qui provoque <strong>le</strong>s rires <strong>de</strong>s autres participants. Dans un autre<br />
<strong>groupe</strong> Pierre s’exclame : « C’est bien, il y a <strong>le</strong> même nombre <strong>de</strong> fil<strong>le</strong>s que<br />
<strong>de</strong> garçons », entraînant là aussi un rire général.<br />
Et puis, il semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> s’enfonce dans une « phase <strong>de</strong> latence »<br />
où la différence <strong>de</strong>s sexes est ignorée (comme <strong>le</strong>s autres formes <strong>de</strong> différenciation<br />
d’ail<strong>le</strong>urs). C’est la phase où <strong>le</strong>s participants privilégient avant tout la<br />
fusion, l’indifférenciation, l’unité groupa<strong>le</strong> <strong>et</strong> préfèrent taire tout ce qui pourrait<br />
al<strong>le</strong>r dans un sens inverse.<br />
Lorsque <strong>le</strong>s mécanismes <strong>de</strong> différenciation commencent à se manifester<br />
activement, la différenciation sexuel<strong>le</strong> r<strong>et</strong>rouve une certaine présence mais<br />
souvent davantage à travers <strong>le</strong>s comportements qu’à travers l’expression (où<br />
1. Sur <strong>le</strong> thème <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s sexes cf. notamment Tap, 1985, Hutig <strong>et</strong> Pichevin, 1986, <strong>et</strong><br />
Lorenzi-Cioldi, 1989.