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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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CONCEPTS ET MÉTHODES 57<br />

Le second élément est la permanence <strong>de</strong> l’obj<strong>et</strong>, la perception <strong>de</strong> <strong>soi</strong><br />

comme i<strong>de</strong>ntique à <strong>soi</strong>-même à travers l’espace, <strong>le</strong> temps <strong>et</strong> <strong>le</strong>s situations. En<br />

eff<strong>et</strong>, quel que <strong>soi</strong>t <strong>le</strong> cadre où je me trouve <strong>et</strong> quels que <strong>soi</strong>ent <strong>le</strong>s événements<br />

<strong>et</strong> <strong>le</strong>s transformations qui m’affectent, je m’éprouve toujours comme<br />

la même personne (à part, bien sûr, <strong>le</strong>s cas <strong>de</strong> « confusion menta<strong>le</strong> », <strong>de</strong><br />

« dépersonnalisation », qui sont justement considérés comme pathologiques<br />

puisqu’ils entraînent une désorganisation <strong>de</strong> ce sentiment).<br />

3.2.3 Ipse <strong>et</strong> i<strong>de</strong>m<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit.<br />

Ces <strong>de</strong>ux premiers éléments sont étroitement liés l’un à l’autre par la notion<br />

d’obj<strong>et</strong> ; mais, en toute logique, ils <strong>de</strong>vraient être distingués, comme <strong>le</strong> fait,<br />

par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> philosophe P. Ricœur dans une perspective phénoménologique<br />

(Ricœur, 1990). Car, à travers <strong>le</strong> premier, l’i<strong>de</strong>ntité signifie l’ipséité,<br />

c’est-à-dire l’unicité, la singularité <strong>et</strong> la spécificité <strong>de</strong> chaque individu ; <strong>et</strong> à<br />

travers <strong>le</strong> second, c’est l’i<strong>de</strong>ntité à <strong>soi</strong>-même (i<strong>de</strong>m) qui est affirmée <strong>et</strong> donc,<br />

essentiel<strong>le</strong>ment, la permanence dans <strong>le</strong> temps. Dans <strong>le</strong> premier cas, on a à<br />

faire à une i<strong>de</strong>ntité « numérique » ; dans <strong>le</strong> second, à une i<strong>de</strong>ntité<br />

« qualitative ».<br />

Ces <strong>de</strong>ux acceptions ne sont pas réductib<strong>le</strong>s l’une à l’autre, même si<br />

el<strong>le</strong>s interfèrent dans la subjectivité du suj<strong>et</strong>. C<strong>et</strong>te interférence se manifeste,<br />

comme l’avance Paul Ricœur, dans ce qu’on appel<strong>le</strong> <strong>le</strong> caractère. Il<br />

s’agit <strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s marques psychologiques distinctives propres à un<br />

individu <strong>et</strong> dotées d’une certaine stabilité situationnel<strong>le</strong> <strong>et</strong> temporel<strong>le</strong>. Le<br />

caractère est constitué en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong>s dispositions durab<strong>le</strong>s à quoi on reconnaît<br />

une personne ; ces dispositions naissent d’habitu<strong>de</strong>s acquises, <strong>de</strong><br />

mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> réaction répétitifs qui viennent se sédimenter chez l’individu<br />

sous forme <strong>de</strong> traits <strong>de</strong> caractère. De c<strong>et</strong>te façon, l’histoire tend à se transformer<br />

en structure 1 . « C’est c<strong>et</strong>te sédimentation qui confère au caractère<br />

la sorte <strong>de</strong> permanence dans <strong>le</strong> temps que j’interprète ici, écrit P. Ricœur,<br />

comme recouvrement <strong>de</strong> l’ipse par l’i<strong>de</strong>m » (1990, p. 146). Ce recouvrement<br />

est <strong>le</strong> fait du suj<strong>et</strong> mais aussi <strong>de</strong> la perception d’autrui qui peut<br />

s’exprimer dans <strong>de</strong>s énoncés du type : « C’est bien lui… toujours <strong>le</strong> même,<br />

il n’a pas changé », manifestant que <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> est i<strong>de</strong>ntifié à certaines attitu<strong>de</strong>s<br />

<strong>et</strong> certaines formes <strong>de</strong> comportement. Le cognitivisme en semblant<br />

réduire <strong>le</strong> <strong>soi</strong> au caractère (comme ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> traits auto-<strong>de</strong>scriptifs) ne<br />

néglige-t-il pas sa dimension d’ipséité ? Ne suppose-t-il pas aussi que <strong>le</strong><br />

suj<strong>et</strong> est transparent à lui-même ?<br />

1. On peut r<strong>et</strong>rouver là, bien que dans une perspective différente, la notion <strong>de</strong> « cuirasse<br />

caractériel<strong>le</strong> » élaborée par Wilhelm Reich (1973) qui attribuait au caractère une dimension<br />

corporel<strong>le</strong> fondamenta<strong>le</strong>, largement négligée d’ail<strong>le</strong>urs par <strong>le</strong>s approches cognitivistes.

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