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psychologie de l'identité _ soi et le groupe

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118 LE SOI À L’ÉPREUVE DU GROUPE<br />

sur l’introjection d’une groupalité qui est, dans <strong>le</strong>s premières années <strong>de</strong> la<br />

vie, cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> ; que l’on pense tout spécia<strong>le</strong>ment au caractère structurant<br />

pour l’i<strong>de</strong>ntité du comp<strong>le</strong>xe d’Œdipe qui se construit par l’intériorisation<br />

<strong>de</strong> la triangulation familia<strong>le</strong> (père-mère-enfant). Nous rejoignons ici,<br />

d’ail<strong>le</strong>urs, la perspective que R. Kaës a développée à partir <strong>de</strong> la notion<br />

d’appareil psychique groupal (1976).<br />

5.4.1 L’appareil psychique groupal<br />

Kaës définit c<strong>et</strong>te notion comme « la construction commune <strong>de</strong>s membres<br />

d’un <strong>groupe</strong> pour constituer un <strong>groupe</strong> » (1976, p. 189) ; c’est une « fiction<br />

efficace » dans la mesure où il s’agit d’une représentation inconsciente qui<br />

assure une médiation entre la réalité psychique <strong>et</strong> la réalité groupa<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong><br />

oriente <strong>le</strong>s relations entre <strong>le</strong>s membres du <strong>groupe</strong> <strong>et</strong> se traduit, au niveau<br />

conscient, par <strong>de</strong>s représentations idéologisées <strong>et</strong> idéalisées puisées dans <strong>le</strong>s<br />

modè<strong>le</strong>s socio-culturels du <strong>groupe</strong>. En eff<strong>et</strong>, dans la réalité concrète, <strong>le</strong><br />

<strong>groupe</strong> est confronté à la pluralité <strong>de</strong>s individualités <strong>et</strong> aux différences <strong>de</strong><br />

motivations, <strong>de</strong> comportements, <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s qu’el<strong>le</strong> implique ; c<strong>et</strong>te situation<br />

est ressentie comme un obstac<strong>le</strong> à la réalisation narcissique <strong>de</strong> chacun ; la<br />

représentation d’un ensemb<strong>le</strong> unifié, continu, doté d’une sorte d’individualité<br />

(<strong>le</strong> <strong>groupe</strong>) perm<strong>et</strong> alors <strong>de</strong> masquer la multiplicité <strong>et</strong> <strong>le</strong>s discontinuités<br />

réel<strong>le</strong>s. La notion d’appareil psychique groupal amène donc à distinguer <strong>le</strong><br />

<strong>groupe</strong> en tant que structure socia<strong>le</strong> concrète, organisation matériel<strong>le</strong>, relationnel<strong>le</strong><br />

<strong>et</strong> expressive, <strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> en tant qu’obj<strong>et</strong> imaginaire, représentation<br />

marquée par <strong>le</strong>s processus inconscients. L’hypothèse développée par<br />

R. Kaës est qu’il existe une homologie <strong>de</strong> structure entre l’appareil psychique<br />

individuel <strong>et</strong> la groupalité, homologie qui facilite l’articulation <strong>de</strong> l’individuel<br />

<strong>et</strong> du col<strong>le</strong>ctif ; el<strong>le</strong> s’éclaire par la secon<strong>de</strong> topique freudienne qui<br />

figure l’appareil psychique comme système <strong>de</strong> relations entre plusieurs<br />

instances, sortes <strong>de</strong> « personnages » intériorisés : <strong>le</strong> ça, <strong>le</strong> moi, l’idéal du<br />

moi, <strong>le</strong> surmoi ; il y aurait donc une groupalité du psychisme personnel,<br />

comme il y a une personnification du <strong>groupe</strong>. La groupalité se r<strong>et</strong>rouve aussi<br />

dans <strong>le</strong> fantasme en tant que ce <strong>de</strong>rnier « tend à affecter <strong>de</strong>s places, à définir<br />

<strong>de</strong>s relations, à consigner à <strong>de</strong>s positions, diverses figurations d’obj<strong>et</strong> »<br />

(1976, p. 199).<br />

Il y a, <strong>de</strong> ce fait, une sorte <strong>de</strong> prédisposition <strong>de</strong> chaque individu à produire<br />

une représentation inconsciente du <strong>groupe</strong>, traduction <strong>de</strong> la groupalité<br />

psychique internalisée, en une forme externalisée. Ainsi peut-on considérer<br />

c<strong>et</strong>te représentation comme une « topique proj<strong>et</strong>ée », selon l’expression <strong>de</strong><br />

D. Anzieu ; cela se manifeste, comme nous l’avons déjà souligné, par la<br />

distribution dans <strong>le</strong> <strong>groupe</strong> <strong>de</strong> rô<strong>le</strong>s instanciels (<strong>le</strong> <strong>le</strong>a<strong>de</strong>r peut jouer, dans<br />

c<strong>et</strong>te optique, <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> d’un « moi groupal », tel autre participant jouant <strong>le</strong> rô<strong>le</strong><br />

<strong>de</strong> surmoi – rappelant <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s interdits, <strong>le</strong>s normes – tel autre incarnant

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