La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM
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<strong>La</strong> cité impériale quant <strong>à</strong> elle amorce son déclin; elle est décrite ainsi par Samuel<br />
Baron 56 lors de sa visite en 1683 : « J'en puis seulement dire que [les résidences impériales]<br />
occupent de larges espaces de terrain; les bâtiments principaux n'ont qu'une médiocre<br />
apparence, étant bâtis en bois 57 . » Le docteur Charles-Édouard Hocquard note, deux siècles<br />
plus tard, <strong>à</strong> l'occasion <strong>d'un</strong> de ses séjours <strong>à</strong> H<strong>à</strong>-<strong>Nôi</strong> (1884 <strong>à</strong> 1886) :<br />
116<br />
On pénètre de ce côté dans l'enceinte de Hanoï par une vielle porte en ruines,<br />
flanquée de deux pans de muraille <strong>à</strong> moitié démolis : c'est tout ce qui reste des<br />
fortifications extérieures de la ville [00'] Le grand palais de marbre des rois du Tonkin<br />
dont parlent avec admiration les anciens voyageurs devait se trouver du côté de cette<br />
porte. Nous avons souvent cherché sans succès, mes amis et moi, dans nos<br />
promenades, <strong>à</strong> en retrouver les ruines. [Samuel] Baron, qui les a vues vers 1680,<br />
prétend que ce palais, construit au XIIe siècle sous la dynastie des Ly, occupait une<br />
étendue de plusieurs milles. Sans doute les ruines se sont enfoncées peu <strong>à</strong> peu dans la<br />
tene car, malgré le soin que nous y avons mis, nous n'en avons pu découvrir le<br />
moindre vestige 58 .<br />
L'épisode de « la révolte des frères Tây-Son» (1771) marque la fin de Thang-Long<br />
comme capitale d'empire. Point d'orgue des révoltes paysannes du XVIIIe siècle, les trois<br />
frères renversent les seigneurs Nguyên dans le sud du pays et prennent Saigon en 1777, Huê<br />
puis Thang-Long en 1786 et renversent les seigneurs Trjnh la même année. Mais un des<br />
jeunes princes, Nguyên Ânh, réussit <strong>à</strong> fuir le pays par le sud et il est accueilli par l'évêque<br />
français Piene Pigneau de Béhaine qui avait installé une mission catholique en Cochinchine<br />
depuis 1775. Après un bref séjour en France où le prince est reçu par Louis XVI, l'évêque<br />
l'aide <strong>à</strong> monter une année pour reconquérir et réunifier le pays (1788 <strong>à</strong> 1802)59. Le nouvel<br />
empereur, renommé Gia-Long, destitue Thang-Long de son rang de capitale en 1805 et<br />
détruit tous les symboles de la monarchie, dont la cité impériale et la cité interdite, pour que<br />
l'ancienne capitale ne puisse rivaliser avec la nouvelle, déplacée <strong>à</strong> Huê. Au même endroit, il<br />
fait construire une citadelle défensive selon les plans d'ingénieurs français. Élevée en 1805,<br />
56 Le récit de Samuel Baron, A Description of the Kingdom of Tonqueen, publié en 1688 <strong>à</strong> Madras,<br />
fuis en 1732 <strong>à</strong> Londres, a été réédité, introduit et annoté par Dror et Taylor (2006 : 187-281).<br />
7 Cité dans Papin, 2001 : 156.<br />
58 Hocquard, 1999 [1892] : 265-266.<br />
59 <strong>La</strong> fin du XVIIIe siècle est marquée par des révoltes populaires issues des campagnes (la révolte des<br />
frères Tây-San), qui obligent les monarques Trinh au nord et Nguyên au sud <strong>à</strong> laisser le pouvoir aux<br />
frères Tây-San. Les Trjnh et les Nguyên ont été pour la plupart exécutés, mais certains d'entre eux ont<br />
réussi <strong>à</strong> fuir le pays et <strong>à</strong> trouver refuge auprès des Français dans des concessions nouvellement<br />
installées dans le sud de la région.