27.06.2013 Views

La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM

La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM

La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

4.5 <strong>La</strong>« rue-quartier» de H<strong>à</strong>-NQi comme unité morphologique: portrait<br />

précolonial<br />

151<br />

Jusqu'au XV e siècle, la capitale Th<strong>à</strong>ng-Long demeure de taille modeste,<br />

exclusivement centrée sur la cité interdite. Le développement du commerce, lié <strong>à</strong> celui <strong>d'un</strong>e<br />

cour de lettrés qui vit désormais dans la ville civile et crée une demande accrue de biens et<br />

d'artisans, augmente la taille des marchés devenus indispensables au bon fonctionnement de<br />

la capitale. <strong>La</strong> ville du Ha-nôi précolonial est constituée <strong>d'un</strong>e juxtaposition de petits villages<br />

individualisés, regroupés par corporation et organisés le long <strong>d'un</strong>e rue. Les activités<br />

correspondant <strong>à</strong> l'habitation et <strong>à</strong> la cour de type rural se sont transposées dans le dispositif<br />

compartiment/rue au contact <strong>urbain</strong>, où la rue définit une unité sociologique et identitaire liée<br />

<strong>à</strong> une corporation et ayant des liens très forts avec le village d'origine rurale. L'origine même<br />

du nom qualiier des « 36 rues et corporations» précise ce rapport de la rue au quartier. En<br />

vietnamien, on utilise le terme ph8-phu<strong>à</strong>ng, qui désigne <strong>d'un</strong>e part la rue (occupée par un<br />

marché non officiel) et d'autre part le quartier comme découpage administratif et qui définit<br />

« l'espace incluant une artère bordée d'échoppes avec leurs arrière-boutiques et les cours<br />

intérieures, les ateliers et les logements »27. Logiquement les âinh, modèles des maisons<br />

communales typiques des villages ruraux où se tenaient les réunions des notables et les cultes<br />

<strong>à</strong> la divinité tutélaire du village, vont se dédoubler. Elles vont apparaître également en ville,<br />

témoignant de l'intégration des communautés villageoises dans la capitale. Au contact <strong>urbain</strong>,<br />

elles s'adaptent <strong>à</strong> la trame, en développant de nouvelles typologies qui doivent s'insérer dans<br />

des parcelles étroites et profondes, qui elles-mêmes redéfinissent les rituels liés aux divinités<br />

tutélaires.<br />

Pour William S. Logan, le nombre de « 36 » est quant <strong>à</strong> lui redevable <strong>à</strong> la division<br />

administrative qui s'opère sous l'influence de l'administration d'essence confucéenne 28 . <strong>La</strong><br />

capitale est alors comprise dans une unité appelée phù (préfecture). Elle est divisée en deux<br />

huy?n (districts), et chacun des deux est subdivisé en dix-huit phu<strong>à</strong>ng, terme qui désigne le<br />

découpage administratif que représente un village dans la ville. Pour Philippe Papin, s'il<br />

confirme la perception du quartier marchand comme celle <strong>d'un</strong>e ville-marché dense<br />

constituée de corporations de métiers organisées par rue, le « H<strong>à</strong>-<strong>Nôi</strong> des 36 rues» serait un<br />

27 Papin, 2001 : 176.<br />

28 Logan, 2000: 40.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!