La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM
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l'intermédiaire des pratiques habitantes, qui sont encadrées culturellement par les usages et<br />
les représentations collectives sans condamner le bâti <strong>à</strong> une condition physique spécifique.<br />
C'est en définitive cette dimension qui a permis <strong>à</strong> l'habitat hanoien d'intégrer et de<br />
recomposer, par ruptures et permanences, les différentes influences extérieures qui ont<br />
marqué son évolution durant le millénaire d'existence de H<strong>à</strong>-<strong>Nôi</strong>, tout en réussissant <strong>à</strong><br />
conserver ses spécificités d'ordre immatériel. Cette dimension s'exprime formellement dans<br />
les déclinaisons plurielles du prototype architectural de l'habitat hanoien (celui du<br />
compartiment chinois) et elle favorise son « appropriabilité ». Cette condition renouvelle<br />
constamment le modèle, et par extension les quartiers centraux, et engendre un <strong>paysage</strong> varié.<br />
En ce sens, le processus même d'appropriation serait du patrimoine et rejoindrait<br />
« l'authenticité» définie non pas comme le sens de « conformité <strong>à</strong> quelque vérité, mais de<br />
caractère confirmé par une collectivité donnée »104. Le processus de patrimonialisation n'est<br />
il pas lui-même une forme d'appropriation de biens, pour la plupart issus de la sphère privée,<br />
qui est assumée collectivement au nom <strong>d'un</strong>e culture ou <strong>d'un</strong>e nation, pour les faire rentrer<br />
dans la sphère publique?<br />
Pour certains auteurs, c'est cette condition même de capacité d'appropriation qui<br />
permet la « digestion» des modèles exogènes, leurs transformations et leurs adaptations, sans<br />
pour autant forcément remettre en cause les fondements des sociétés locales. Cette<br />
dynamique de composition entre les modèles exogènes, souvent issus <strong>d'un</strong>e culture savante,<br />
et ceux endogènes, issus <strong>d'un</strong>e culture populaire, est un sujet de préoccupation grandissant<br />
dans le contexte particulier de la mondialisation actuelle qui menace le devenir des cultures<br />
locales. Alors que cette question de la réciprocité des influences culturelles a déj<strong>à</strong> été traitée<br />
dans le domaine culturel (dans la musique et la littérature par exemple), les recherches<br />
débutent dans le champ des formes architecturales. Un numéro spécial de la revue Espaces et<br />
Sociétés examine l'architecture et l'habitat au prisme de l'interculturalité dans le contexte de<br />
la mondialisation 105. L'enseignement premier de l'ensemble des contributions scientifiques<br />
montre que, dans les processus en matière d'habitat, « la circulation des influences est plus<br />
complexe que l'on ne pense ». L'entre-deux culturel peut produire auprès des cultures<br />
104 Noppen et Morisset, 2004 : 121.<br />
JaS Espaces et sociétés, 2003.<br />
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