La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM
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Le quartier est géographiquement clairement délimité: <strong>à</strong> l'est par la route de Huê; <strong>à</strong><br />
l'ouest par la voie 75, futur prolongement de la rue Lê LQ'i qui borde les étangs de B<strong>à</strong>y Mâu ;<br />
au nord par le quartier français et le boulevard Gambetta (ph6 Tr§.n Hung f)Çlo) ; et au sud par<br />
la limite de la concession accordée <strong>à</strong> la Société française des aJiumettes en 1890. Les rues<br />
viennent proposer un quadrillage étroit et régulier, trame pré<strong>urbain</strong>e qui se superpose et<br />
transforme la morphologie des villages locaux, tout en proposant, pour la première fois dans<br />
cette partie de la ville, des ébauches de liaisons est-ouest.<br />
Le projet de création du quartier est lié <strong>à</strong> celui <strong>d'un</strong> projet de bail de location des<br />
terrains. Ces baux sont prévus «<strong>à</strong> long terme» pour permettre <strong>à</strong> la mairie de conserver la<br />
propriété de la terre et d'empêcher que «la spéculation ne détourne de l'affectation qui leur<br />
doit être donnée les terrains de ce quartier ». Par baux emphytéotiques, elle veut les louer<br />
exclusivement aux indigènes. Mais le projet tourne vite court car le procureur général, chef<br />
du Service judiciaire de l'Indochine, consulté en la matière, ne se gêne pas pour rappeler au<br />
maire de H<strong>à</strong>-NQi et au résident supérieur au Tonkin que «la ville de Hanoi [...] ne possède,<br />
pour ainsi dire, comme territoire municipal, que les immeubles et terrains acquis de ses<br />
derniers ou qui lui ont été concédés depuis sa constitution en municipalité ». De plus, les<br />
baux emphytéotiques envisagés sont considérés par le procureur comme des «ventes<br />
déguisées de biens domaniaux» et donc jugés illégaux 22 .<br />
Le projet est ajourné mais reflète bien les enjeux de pouvoir que le terrain <strong>urbain</strong>, ou<br />
celui en voie de l'être, suscite. Depuis le traité du protectorat, toute terre au Tonkin est<br />
domaniale sauf celle que veut bien céder la Résidence supérieure au Tonkin. <strong>La</strong> ville de H<strong>à</strong><br />
NQi existe <strong>à</strong> cette époque en tant que municipalité française par son statut de concession, mais<br />
ne possède pratiquement pas de domaine municipal, hormis quelques terrains dans la vieille<br />
ville commerçante. Selon Philippe Papin,<br />
[À] ce moment donc, la MW1icipalité contrôlait d'autant moins la propriété collective<br />
vietnamienne qu'elle n'avait aucun intérêt particulier <strong>à</strong> le faire puisque tout le<br />
territoire revenait au Protectorat. Comme les rétrocessions étaient rares et peu<br />
lucratives, le Maire de H<strong>à</strong>-NÇ'>i plaida très vite pour la constitution <strong>d'un</strong> Domaine<br />
municipal qui permettait, selon lui, de dégager des ressources grâce aux aliénations<br />
22 ANY, RST, série H.3, 6379, Au sujet de la création <strong>d'un</strong> quartier au sud de la ville de H<strong>à</strong>-NÇ)i<br />
(1901-1902).