La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM
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puisque souvent les marchés se tenaient devant les portes de la citadelle 62 . <strong>La</strong> citadelle elle<br />
même comporte traditionnellement trois murailles: dm th<strong>à</strong>nh désigne l'enceinte de la cité<br />
interdite, ho<strong>à</strong>ng th<strong>à</strong>nh l'enceinte de la cour des serviteurs de l'État et du gouvernement, alors<br />
que kinh th<strong>à</strong>nh annonce la ville civile. <strong>La</strong> ville a donc longtemps été un noyau clos où<br />
s'abritait le pouvoir, autour duquel sporadiquement s'installaient des marchés provisoires.<br />
Dans le cas de Thang-Long, on ne peut néanmoins parler de «cité» au sens de<br />
densité. Cette zone exclusive réservée <strong>à</strong> l'empereur et <strong>à</strong> sa cour ne ressemble pas <strong>à</strong> une<br />
« ville », mais plus <strong>à</strong> un camp fOltifié au milieu de rizières et de mares, dont les dispositions<br />
sont guidées par les principes <strong>paysage</strong>rs de la géomancie d'essence chinoise. Si les annales<br />
impériales listent de manière récurrente les palais construits depuis la fondation de Thang<br />
Long, nulle trace physique des premiers palais et bâtiments impériaux n'est aujourd'hui<br />
encore visible. Le climat exigeant a d'abord mis <strong>à</strong> mal les constructions en bois; les<br />
incendies et les conflits, les changements de régime ont terminé l'œuvre d'éradication.<br />
Demeurent encore aujourd'hui les pagodes et les temples, dont la fondation des plus anciens<br />
remonte au XIe siècle, mais leur existence actuelle tient au fait qu'ils ont été régulièrement<br />
entretenus et reconstruits grâce au financement de personnes privées qui vouent un culte<br />
vivant aux personnages célèbres ou mythiques <strong>à</strong> qui ils sont dédiés.<br />
L'importance de la représentation symbolique de la citadelle contraste avec le<br />
manque de moyens <strong>à</strong> disposition pour la construire. De fait, la qualité constructive des<br />
citadelles reste pendant des années plutôt modeste. Les enceintes de la première cité<br />
impériale ne correspondent pas <strong>à</strong> l'image que l'on s'en fait en Occident. Faites de terre et<br />
renforcées de bambous, elles ressemblent plutôt <strong>à</strong> des talus qui, suivant les siècles, ont pu être<br />
utilisés comme routes ou comme simples remparts étroits. Elles demandent un entretien<br />
régulier, se déplacent en fonction des crues, et donc parfois s'affirment en tant que digué 3 .<br />
<strong>La</strong> citadelle et ses enceintes sont souvent reconstruites en terre jusqu'au XIX e siècle, <strong>à</strong> paitir<br />
duquel les aménagements <strong>à</strong> la Vauban en dur sont introduits par l'empereur Gia-Long, avec<br />
l'aide d'ingénieurs français. Les bâtisses officielles répondent <strong>à</strong> certains standards qui font<br />
référence <strong>à</strong> leur statut, mais ne paraissent pas avoir autant de luxe que l'acception en français<br />
du terme « palais» laisse entendre.<br />
62 Papin, 2001 : 68.<br />
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