La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM
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Alors que le territoire de l'actuel quartier s'urbanise progressivement durant le<br />
XX e siècle sous l'impulsion du pouvoir colonial, les anciens villages ruraux sont<br />
physiquement absorbés par la trame <strong>urbain</strong>e au fur et <strong>à</strong> mesure qu'elle s'impose et se bâtit.<br />
Les mouvements de population liés <strong>à</strong> cette mutation modifient les structures sociales<br />
traditioIll1elles même si le colon français a eu tendance <strong>à</strong> s'appuyer dans un premier temps sur<br />
les ancieIll1es notabilités villageoises pour contrôler la population locale. Ainsi, les maisons<br />
conununales disparaissent progressivement et la seule qui existe encore aujourd'hui (âinh<br />
Dông Tan) a complètement changé de fonctioIll1alité. Dans cette phase d'urbanisation, les<br />
pagodes et les temples cOIll1aissent aussi de grands bouleversements: relocalisations liées <strong>à</strong><br />
l'ouverture de nouvelles voies, fusions des cultes, regroupements des différents bâtiments<br />
cultuels, occupations intempestives par les habitants, destructions, reconstructions. Le<br />
manque de place sur un territoire exigu et dense force les pagodes <strong>à</strong> se réorganiser en<br />
rationalisant l'espace disponible. En conséquence, ces petits édifices de quartier n'ont<br />
certainement pas la splendeur des édifices cultuels les plus emblématiques que l'on retrouve<br />
autour de H<strong>à</strong>-<strong>Nôi</strong>, conune le âinh Dinh B<strong>à</strong>ng (<strong>à</strong> Bâc Ninh) ou le âinh Chu Quyin (<strong>à</strong> H<strong>à</strong> Tây).<br />
Leur état physique rappelle également le manque de moyens dont disposent les<br />
bonzes et les bonzesses pour entretenir les lieux et ils sont représentatifs de l'attention que la<br />
société vietnamienne veut bien leur apporter. Peu soutenues par le gouvernement et les plus<br />
hautes autorités religieuses, les pagodes sont entièrement dépendantes des dons des fidèles.<br />
Elles subissent une forte pression inunobilière qui mène <strong>à</strong> des occupations illégales de leur<br />
territoire. Les pagodes plus riches (Vân HÔ) s'en sortent mieux et peuvent continuer leur<br />
enseignement. A Dông Tân, deux bonzesses s'occupent de la pagode, mais elles n'ont plus de<br />
logement <strong>à</strong> proprement parler et leur cuisine se retrouve <strong>à</strong> l'extérieur <strong>à</strong> la suite de<br />
l'occupation par l'habitat privé des bâtiments originellement réservés aux bonzes.<br />
Leur destin est fortement lié <strong>à</strong> la persistance de la ferveur du culte. Ainsi une pagode<br />
ferme dès que le nombre des pratiquants n'est plus suffisant <strong>à</strong> son entretien. Ce serait donc en<br />
définitive son degré et sa valeur de fonctioIll1alité qui en fixeraient la destinée. Les lieux de<br />
culte ne sont pas conservés pour eux-mêmes, pour leur valeur artistique ou historique, mais<br />
bien parce qu'ils sont utilisés et entretenus au quotidien par les fidèles. Ce poids mis sur la<br />
perpétuation de l'usage crée une grande flexibilité eu égard <strong>à</strong> la localisation des cultes,