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La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM

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Il est donc difficile d'avoir une approche qualitative de ces villes, tant en ce qui<br />

touche la nature des bâtiments que le type de population ou le nombre de personnes qui y<br />

habitaient. Les récits des premiers voyageurs et des missionnaires aux XVII" et<br />

XVIIIe siècles, ainsi que ceux des mandarins chargés de rapporter la situation dans le<br />

royaume, relatent la présence de villes animées qui concentrent les fonctions de marchés, de<br />

places fortes, de lieux de résidences royales et de lieux d'échange avec l'extérieur (comme<br />

dans le sud du pays, <strong>à</strong> Gia Dinh (futur Saigon), <strong>à</strong> H<strong>à</strong> Tiên, <strong>à</strong> My TM, au centre la nouvelle<br />

capitale du pays réunifié depuis 1802 Huê). Mais les sources documentaires sont lacunaires<br />

ou sont sujettes <strong>à</strong> interprétation. Elles sont souvent décrites par le regard de « l'Autre », le<br />

voyageur occidental, qui les compare <strong>à</strong> ses références. Les mandarins délégués dans les<br />

régions en faisaient certainement des rapports plus objectifs.<br />

<strong>La</strong> ville civile <strong>à</strong> vocation commerciale de Thang-Long, celle où vit la population et<br />

qui émerge dès le XIVe siècle <strong>à</strong> l'extérieur de la cité impériale, mais toujours <strong>à</strong> l'intérieur de<br />

la troisième enceinte de la capitale, est nommée, par ceux qui l'habitent, Ke chçr, «les gens<br />

du marchés », pour bien les distinguer de ceux qui occupent la cité impériale. Elle est<br />

composée de villages d'artisans et de marchands qui se regroupent sur les terrains secs.<br />

Située entre la cité impériale et le fleuve Rouge, elle a longtemps été restreinte en taille par<br />

l'absence <strong>d'un</strong> système monétaire performant, par le dogme de la morale confucianiste qui<br />

relègue les activités commerciales au plus bas de la hiérarchisation sociale et par la<br />

confiscation de l'artisanat local dans des manufactures impériales qui longtemps ont freiné le<br />

développement de l'économie <strong>urbain</strong>e, et donc de la ville civile. À la mesure de l'inflexion de<br />

la morale confucianiste de la société sous la dynastie des Trjnh, les autorités politique et<br />

militaire vont peu <strong>à</strong> peu s'y installer et le commerce s'y développer, signalant la mainmise<br />

des marchands sur la ville <strong>à</strong> la place des lettrés dès le XVI" siècle. Les premiers visiteurs<br />

étrangers ne manquent pas de signaler sa vitalité. Ce sera en définitive le cœur du<br />

développement <strong>urbain</strong> de la ville précoloniale de H<strong>à</strong>-<strong>Nôi</strong>.<br />

Nous ne savons pas grand-chose non plus des qualités architecturales de la ville<br />

civile, si ce n'est que ses bâtiments ne pouvaient concurrencer les bâtiments impériaux en<br />

hauteur et en décoration, la construction en dur étant interdite. Les maisons étaient basses et<br />

63 Ibid.

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