La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM
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période héroïque (1873-1888)) dans son célèbre ouvrage rétrospectif paru en 1929 3 , est<br />
déterminée par une approche fonctionnelle du territoire. Il s'agit prioritairement de sécuriser<br />
les lieux et de rassurer la population locale et les marchands face <strong>à</strong> l'instabilité créée par les<br />
poches de résistance et les combats contre les troupes des Pavillons noirs. Les Français se<br />
situent alors dans deux secteurs: dans l'ancienne citadelle, point central où se trouvent les<br />
campements militaires depuis la seconde prise de H<strong>à</strong>-NQi, et dans la petite concession vite<br />
densifiée qui sert de porte fluviale pour l'apport des marchandises. Les ingénieurs militaires<br />
commencent symboliquement par démanteler le symbole féodal que représente l'ancienne<br />
citadelle impériale en détruisant les palais et autres bâtisses, puis installent leurs bâtiments<br />
militaires. L'architecture du campement militaire reste très fonctionnelle, tout en cherchant <strong>à</strong><br />
prendre en compte les données climatiques, en assurant une bonne ventilation et en prévoyant<br />
des espaces couverts. <strong>La</strong> concession quant <strong>à</strong> elle n'a finalement jamais eu sa vocation de port<br />
ouvert au commerce étranger et n'est pas devenue le lieu de l'implantation <strong>d'un</strong> nouveau<br />
quartier français, comme cela l'avait été prévu au départ. Les traces de la première<br />
concession dite du Fort du Sud ne sont plus visibles de nos jours. Elle a été remplacée par<br />
l'« hôpital de H<strong>à</strong>-NQi», construit en 1894 et renommé « hôpital <strong>La</strong>nessan» en 1928<br />
(aujourd'hui « Hôpital militaire 108 »). Néanmoins, elle a été l'un des points d'ancrage et de<br />
départ de la construction du quartier français.<br />
Pour sécuriser la liaison entre la concession et la citadelle, une rue protégée, « formée<br />
de parapets en terre reliant entre eux les obstacles naturels (murs de clôture, marécages, haies<br />
de bambous, etc.)4 » et rythmée par deux blockhaus, est créée sur les traces de la rue des<br />
Incrusteurs. Longeant le sud du Petit <strong>La</strong>c (le lac de Ho<strong>à</strong>n-Kiêm) et le quartier marchand, en<br />
passant par deux institutions d'importance de l'époque féodale (le camp des lettrés où se<br />
tenaient les concours mandarinaux et la sapèquerie (frappe de la monnaie), elle deviendra la<br />
future rue Paul-Bert, <strong>à</strong> la fois ligne de démarcation entre le monde colonial et le monde<br />
indigène et ligne de départ du futur quadrillage du quartier français. D'un aménagement en<br />
terre battue construit par les militaires <strong>à</strong> ses débuts, le chemin s'élargit rapidement dès 1885<br />
en une rue confortable macadamisée et bordée d'échoppes, de cafés et de restaurants.<br />
Rapidement, d'autres voies sont tracées parallèlement et perpendiculairement (boulevards<br />
3 Masson, 1929.<br />
4 Masson, 1929 : 161-162.<br />
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