La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM
La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM
La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
mythe durable autour duquel un sentiment identitaire très fort s'est développé 29 . Le terme<br />
ph6-phu<strong>à</strong>ng serait plutôt né <strong>d'un</strong>e confusion entre les termes phuirng (village <strong>urbain</strong>) et ph6<br />
(rue linéaire), en voulant faire référence aux nombreux quartiers qui existaient <strong>à</strong> l'époque<br />
féodale 30 . Les cartes du XIX e siècle répertorient de fait bien plus de rues et les<br />
dénombrements des villages en comptent une centaine pour le seul district de ThQ-Xuong,<br />
district central du H<strong>à</strong>-NÔi précolonial. Mais le nombre 36 est utilisé car il est synonyme de<br />
faste. <strong>La</strong> continuité de cette appellation depuis le XVIe siècle contraste avec les nombreux<br />
changements de nom de H<strong>à</strong>-<strong>Nôi</strong> sur la même période 31 . Ce fait renforce l'idée que la<br />
continuité historique de la ville est alors avant tout assurée par le quartier des « 36 rues et<br />
corporations ». Il devient une figure symbolique très forte pour les Vietnamiens, qui les<br />
relient <strong>à</strong> une période perçue comme fastueuse et qui les ancrent dans une certaine tradition<br />
féodale.<br />
L'ouverture des comptoirs marchands au XVIIe siècle permet aux voyageurs<br />
occidentaux d'y résider et d'en faire des récits vivants. William Dampier 32 calcule en 1688<br />
que Ki Chr; compte 20 000 maisons qui présentent une hauteur basse et des murs en terre et<br />
en torchis, quoique un tiers d'entre elles étaient en brique avec un toit en tuile. Ces dernières<br />
étaient principalement occupées par des marchands chinois qui s'étaient regroupés en<br />
communauté, partageant les mêmes rites et modes de vie. Les comptoirs européens de<br />
l'époque étaient eux aussi construits en matériaux solides (Ill. 4.15). Samuel Baron, fils <strong>d'un</strong>e<br />
vietnamienne et dont le père fut l'un des administrateurs de la cité-comptoir hollandaise,<br />
témoigne de « la métropole du Tonkin» de la fin du XVIIe siècle:<br />
152<br />
For cilies and towns, excepling that of Ca-cho, there are not above two or three in<br />
the whole kingdom ofany note [...] the city ofCa-cho is the metropolis ofTonqueen,<br />
[. 00] [It] may, for its capaciousness, be compared with many cilies in Asia, and<br />
superior to most for populousness, especially on the first and fifteenth of their new<br />
moon; being their market days, or grand Bazaar; when the people from adjacent<br />
29 Papin, 1997: 139-142.<br />
3D Papin, 2001 : 176.<br />
31 Dông- Dô (la Capitale de l'Est, 1397-1407), Dông-Quan (1407-1430), Dông-Kinh (la Capitale de<br />
l'Est, 1430-1788), B<strong>à</strong>c-Th<strong>à</strong>nh (la Cité du Nord, 1788-1805), Thang-Long (ici dans sa forme<br />
« rabaissée» la Prospérité croissante, 1805-1831). Dans l'usage Thang-Long, le Dragon qui s'élève,<br />
demeure durant près de huit siècles (l0 10-1805). L'appellation de H<strong>à</strong>-N9Î est donc relativement<br />
récente (depuis 1831).<br />
32 Cité par Logan, 2000 : 41.