La fabrication d'un paysage urbain à Hà-Nôi ... - Archipel - UQAM
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pour faire place <strong>à</strong> des superblocs (conune <strong>à</strong> Bangkok 103 ). Dans ce cadre, H<strong>à</strong>-NÔi a l'avantage<br />
de posséder encore aujourd'hui un patrimoine bâti relativement bien conservé et de disposer<br />
de multiples choix <strong>à</strong> la veille des célébrations de son millénaire en 2010.<br />
L'ouverture que proposent les sociétés asiatiques sur la question de l'authenticité<br />
devrait permettre d'alimenter de nouvelles réflexions sur la manière d'aborder le patrimoine<br />
hanoien qui vont au-del<strong>à</strong> des préceptes européens. <strong>La</strong> relation au passé qu'entretient l'obj et<br />
patrimonial occidental consacre avant tout ce qui est révolu et obsolète dans un but de<br />
transmission de certaines valeurs qui donnent du sens aux liens <strong>d'un</strong>e collectivité. Cette<br />
démarche tend <strong>à</strong> exclure la fonctionnalité de l'objet et mène <strong>à</strong> sa sacralisation par le biais de<br />
sa conservation/restauration.<br />
Les premières observations des transformations de l'habitat domestique hanoien des<br />
quartiers centraux, telles qu'elles s'opèrent également dans notre quartier d'étude de Bùi Th!<br />
Xuân, viennent contrectire cette démarche de sacralisation des formes bâties. Ces pratiques de<br />
transformation sont directement issues de l'action des habitants et elles reposent sur le<br />
maintien de certaines pratiques et savoir-faire autour des formes de l'habitat <strong>urbain</strong> qui<br />
n'excluent pas la fonctionnalité, mais au contraire qui la renforcent et l'adaptent au<br />
conditions actuelles. En ce sens, l'attitude actuelle des habitants face <strong>à</strong> leur bâti et <strong>à</strong> leur passé<br />
nous interroge sur la capacité de H<strong>à</strong>-N(>i <strong>à</strong> produire de la ville <strong>à</strong> partir de son propre<br />
« patrimoine», et en définitive peut-ètre devrait nous réjouir. En effet, en articulant un<br />
patrimoine qui met davantage en évidence les valeurs d'usages (définis par les liens entre la<br />
forme et ses fonctions progranunatiques) et celles de savoir-faire (définis conune<br />
l'accumulation des expériences, des connaissances et des techniques) conune éléments de<br />
l'identité au-del<strong>à</strong> de l'artefact matériel, H<strong>à</strong>-<strong>Nôi</strong> semble avoir renouvelé de manière continue<br />
et créative les formes architecturales de son habitat <strong>urbain</strong>. Les usages coutumiers, les arts<br />
traditionnels, l'artisanat, les pratiques vernaculaires, pris dans leur contexte culturel,<br />
n'hypothèquent ainsi pas la« compétence d'édifier».<br />
Cette approche patrimoniale par les savoir-faire laisse entrevoir la capacité créatrice<br />
des sociétés locales <strong>à</strong> développer des degrés d'appropriation de l'espace <strong>urbain</strong> par<br />
103 Voir Goldblum, 1987; et 1996b.<br />
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