15.07.2013 Views

Émile Zola et le pessimisme schopenhauerien ... - Archipel - UQAM

Émile Zola et le pessimisme schopenhauerien ... - Archipel - UQAM

Émile Zola et le pessimisme schopenhauerien ... - Archipel - UQAM

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Le dernier des onze états que nous avons examinés montre un <strong>Zola</strong> soucieux de donner<br />

un sens véritab<strong>le</strong>ment philosophique non seu<strong>le</strong>ment à son œuvre en général (c'est coutume<br />

chez lui), mais en particulier aux deux jeunes gens dont il veut étudier l'attitude face à la<br />

souffrance psychologique: l'héroïne fière, simp<strong>le</strong> mais confiante; <strong>le</strong> «souffrant moral»<br />

inqui<strong>et</strong>, cynique mais faib<strong>le</strong>. Ainsi, <strong>Zola</strong> imagine, à la lumière des préceptes moraux de<br />

Bouillier, de Rich<strong>et</strong> <strong>et</strong> de Bourg<strong>et</strong> qu'il incorpore à ses propres convictions, Je profil<br />

intel<strong>le</strong>ctuel de Pauline. Or il se trouve que, chacun à sa façon, ces trois auteurs calquent <strong>le</strong>ur<br />

mora<strong>le</strong> sur la ligne de conduite dictée par Schopenhauer. <strong>Zola</strong> décide d'abord du type de<br />

rapport discursif que ses deux personnages entr<strong>et</strong>iendront entre eux, puis il en déduit la<br />

psyché de son héroïne:<br />

- D'autre part, je ne veux pas que ma Pauline soit un argument, <strong>et</strong> J'argument opposé à Lazare. Je<br />

n'en fais pas une savante, el<strong>le</strong> doit avoir l'éducation de tout <strong>le</strong> monde, être une simp<strong>le</strong>; <strong>et</strong><br />

justement <strong>le</strong> caractère est là, el<strong>le</strong> est la foi dans la bonté, dans l'utilité. Pourquoi douter, puisqu'on<br />

peut faire <strong>le</strong> bien. Des conversations peuvent avoir lieu entre el<strong>le</strong> <strong>et</strong> son cousin: el<strong>le</strong> n'a lu que<br />

quelques livres laissés par lui, <strong>et</strong> des éléments, quand el<strong>le</strong> en par<strong>le</strong> avec conviction, il se moque<br />

d'el<strong>le</strong>: rien de certain, pas de progrès. Mais el<strong>le</strong> ne se démonte pas, lui fait des réponses qui <strong>le</strong> font<br />

taire; <strong>et</strong>, d'ail<strong>le</strong>urs, on peut toujours se dévouer, sa philosophie sereine <strong>et</strong> confiante. Un jour, à la<br />

fin, il est vaincu: « oui, tu as raison, tu es dans la vérité, » <strong>et</strong> il p<strong>le</strong>ure 176 .<br />

Pauline ne sera pas un simp<strong>le</strong> repoussoir, l'opposée complète de Lazare, <strong>le</strong> réseau<br />

d'oppositions s'aplanirait trop, versant peut-être alors dans la «thèse» que <strong>Zola</strong> souhaite<br />

éviter; <strong>le</strong> romancier veut au contraire créer une figure singulière <strong>et</strong> puissante - illa dote d'une<br />

mora<strong>le</strong> qui en fait un symbo<strong>le</strong> de bonté, d'ascétisme <strong>et</strong> de dévouement, très proche des<br />

va<strong>le</strong>urs chrétiennes.<br />

Les quelques derniers feuill<strong>et</strong>s de l'Ébauche détail<strong>le</strong>nt bien plus la conduite de Pauline­<br />

irréprochab<strong>le</strong> du point de vue de la mora<strong>le</strong> <strong>schopenhauerien</strong>ne - que <strong>le</strong>s crises existentiel<strong>le</strong>s<br />

du

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!