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Émile Zola et le pessimisme schopenhauerien ... - Archipel - UQAM

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onne l78 »; c'est bien que Pauline veuil<strong>le</strong> « être bonne », au sens d'une mora<strong>le</strong> <strong>et</strong> au sens<br />

d'une profession, qui rend J'existence de Véronique impossib<strong>le</strong>.<br />

160<br />

Et si la cuisine constitue de tout temps un refuge pour la servante, sorte de rempart<br />

clos contre <strong>le</strong>s vi<strong>le</strong>nies, où noyer sa mauvaise humeur en solitaire l79 , el<strong>le</strong> s'en trouvera<br />

bientôt évincée. Ainsi à la fin du roman Pauline, en p<strong>le</strong>ine discussion avec Louise,<br />

s'interroge tout haut, ayant remis en question quelque achat effectué par Véronique:<br />

- [... ] Tu ne sais pas ce que je suppose maintenant? El<strong>le</strong> a payé son canard quarante sous à<br />

une femme qui passait, el je me souviens de lui avoir dit que j'en avais vu de plus beaux pour<br />

trente sous, à Verchemont. Tout de suite sa figure s'est r<strong>et</strong>ournée, eJJe m'a j<strong>et</strong>é un de ses<br />

mauvais regards ... Eh bien' je parie qu'el<strong>le</strong> est allée à Verchemont voir si je n'avais pas<br />

menti.<br />

El<strong>le</strong> riait, <strong>et</strong> il y avait de la tristesse dans son rire, car el<strong>le</strong> souffrait des vio<strong>le</strong>nces donl<br />

Véronique était repris contre el<strong>le</strong>, sans cause raisonnab<strong>le</strong>. Le travai 1 en relour qui se faisait<br />

chez c<strong>et</strong>te fil<strong>le</strong> depuis la mort de Mme Chanteau, l'avait peu à peu ramenée à sa haine<br />

d'autrefois I8o .<br />

Nous savons que la bonne n'est pas allée à Verchemont, qu'el<strong>le</strong> vient plutôt de se pendre<br />

à l'un des poiriers du jardin. Mais revenons au tout début. Le premier chapitre s'ouvre sur<br />

Véronique surveillant <strong>et</strong> Chanteau <strong>et</strong> un gigot «qui allait être certainement trop cuit l81 »,<br />

prédit-el<strong>le</strong> en l'écartant du feu. Le dernier chapitre du roman montre plutôt Pauline en<br />

garde-malade attitrée, veillant <strong>et</strong> sur <strong>le</strong> bébé Paul (fils de Lazare) <strong>et</strong> sur <strong>le</strong> grand-père<br />

goutteux; puis, attendrie par <strong>le</strong> passage d'un vapeur, « p<strong>et</strong>it poinl noir sur J'immensité des<br />

eaux », Pauline sort soudain de sa rêverie: « Avec tout ça, mon ragoût brû<strong>le</strong> », dit-el<strong>le</strong>,<br />

« en se dirigeant vers Ja cuisine '82 » Il importe de prendre note que Pauline affirme par<br />

deux fois que c'esl « son» ragoüt 183; el<strong>le</strong> a beau se plaindre d'être « si occupée l84 », el<strong>le</strong> a<br />

beau geindre: « Je n'ai pas une minute ... » quand se présentent <strong>le</strong>s enfants affamés du<br />

village pour mendier, el<strong>le</strong> ne peut en vérité s'en prendre qu'à el<strong>le</strong>-même, car el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong><br />

s'est adjugé ces responsabilités. Pauline en vient même, vers la fin, à s'approprier <strong>le</strong>s us<br />

de Véronique: « el<strong>le</strong> bouscul[e] <strong>le</strong>s cassero<strong>le</strong>s d'impalience l85 », habitude détestab<strong>le</strong> qui<br />

178 Ibid., p. 1025.<br />

179 Lors d'une crise de Chanteau. par exemp<strong>le</strong>: «Toute la maison frémissait, Véronique<br />

s'enfermait au fond de sa cuisine pour ne pas en<strong>le</strong>ndre ». Ibid.. p. 837.<br />

ISO Ibid., p. 1111.<br />

181 Ibid.. p. 807.<br />

18, Ibid.. p. 1109.<br />

IS' Pauline. laissant Chanteau <strong>et</strong> l'enfant seuls sur la terrasse. s'excuse en ces termes: «n faut<br />

absolument que je donne un coup d' œil à mon ragoût. » Ibid.. p. 1112.<br />

184 Ibid.. p. 1110<br />

185 Ibid. p. 1121.

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