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Émile Zola et le pessimisme schopenhauerien ... - Archipel - UQAM

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Greaves explore <strong>le</strong> réseau sémantique de la blancheur dans <strong>le</strong> cinquième roman des Rougon­<br />

Macquart <strong>et</strong> s'aperçoit que <strong>le</strong> blanc, évocateur comme toujours d'une pur<strong>et</strong>é virgina<strong>le</strong>, non<br />

seu <strong>le</strong>ment est attribué à Albine (qui s'appel<strong>le</strong> Blanche dans l'ébauche du roman), mais se<br />

distribue tout autant à l'église qu'à la nature environnante - c<strong>et</strong>te dernière pousse Albine<br />

naturel<strong>le</strong>ment vers Serge. Ultimement, la blancheur s'associe à l'au-delà, au néant <strong>et</strong> par<br />

extension à une certaine métaphysique de l'existence: «Now white has become a symbol of<br />

annihilation, a Nirvana 144.» Il s'agit d'une association qu i, nous <strong>le</strong> verrons plus loin,<br />

ressurgira dans La Joie de vivre. Cependant, remarque Greaves, la connotation du néant,<br />

positive dans La Faute de l'abbé Mourel, s'oppose diamétra<strong>le</strong>ment à cel<strong>le</strong> véhiculée dans <strong>le</strong><br />

roman sur la dou <strong>le</strong>ur: « Nirvana in this early novel represents an ideal IOwards which one<br />

should work wilh all the force al one's commando fI is a period of calm and repose, a<br />

recompense for the hard strugg<strong>le</strong>s, the vio<strong>le</strong>nt emotions. and the ultimate disappointments of<br />

life l45 • » Or, <strong>le</strong>s références philosophiques qui se trouvent dispersées à travers La Faute de<br />

l'abbé Mour<strong>et</strong> appartiennent non pas à la doctrine de Schopenhauer mais à cel<strong>le</strong> du baron<br />

d'Holbach. La démonstration de Greaves n'entre toutefois pas en contradiction avec c<strong>et</strong>te<br />

donnée car, sur <strong>le</strong> point précis convoqué par <strong>Zola</strong> dans ce cinquième roman du cyc<strong>le</strong> '46 , la<br />

pensée de Schopenhauer - philosophe al<strong>le</strong>mand que l'opinion en France envisageait<br />

couramment en descendant direct des savants du XVIIIe sièc<strong>le</strong> français '47<br />

144 Ibid., p. 99.<br />

145 Ibid.<br />

83<br />

- s'accorde<br />

146 Jeanbernat, l'onc<strong>le</strong> férocement athée d'Albine, découvre par hasard, entassé sous une pi<strong>le</strong>, un livre<br />

<strong>et</strong> se m<strong>et</strong> à <strong>le</strong> lire: « C'était un des bouquins du grenier, un volume dépareillé d'Holbach ». <strong>Émi<strong>le</strong></strong><br />

<strong>Zola</strong>, La Fail<strong>le</strong> de l'abbé MOI/rel, dans Les ROl/gon-Macql/arl, op. Cil., l. J, p. 1519. Philosophe<br />

matérialiste d'origine al<strong>le</strong>mande <strong>et</strong> d'expression française, <strong>le</strong> baron Paul Henri Di<strong>et</strong>rich d'Holbach se<br />

démarqua comme l'un des tout premiers auteurs athées; en adversaire des curés (<strong>et</strong> donc,<br />

symboliquement, de Serge Mourel), il s'opposa avec véhémence à l'Église. Véronique Cnockaert<br />

précise: « la démonstration que tente <strong>Zola</strong> dans La FOI/<strong>le</strong> de l'abbé MOI/rel rencontre de très près <strong>le</strong>s<br />

théories développées par Je philosophe dans son livre Syslème de la nall/re, à savoir que [l'homme]<br />

"est un être purement physique. L'homme moral n'est que l' homme physique, considéré sous certai ns<br />

points de vue" ». Véronique Cnockaert, « Un jardin de références: Le Paradou », dans Rachel Bouv<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> Basma El Omari (éd.), L'Espace en IOIiies <strong>le</strong>llres, Montréal, Nota bene, 2003, p. 39.<br />

147 Foucher de Careil défend cel<strong>le</strong> assertion en 1862: « Heureux ceux qui ont entendu ce dernier des<br />

causeurs de la génération du dix-huitième sièc<strong>le</strong>' C'était un contemporain de Voltaire <strong>et</strong> de Diderot,<br />

d'Helvétius <strong>et</strong> de Chamfort ». Hegel el Schopenhol/er, Paris, Hachel<strong>le</strong>, 1862, p. 176. Théodu<strong>le</strong> Ribot,<br />

dans son ouvrage de 1874, La Philosophie de Schopenhal/er, cite Foucher de Careil <strong>et</strong> réitère la thèse<br />

voulant que Schopenhauer appartienne davantage aux Lumières françaises qu'au XJX" sièc<strong>le</strong> al<strong>le</strong>mand.<br />

Voir La Philosophie de Schopenhol/er. Paris. Baillière. 1874, p. 17. Notons encore qu'un artic<strong>le</strong> de la<br />

Revl/e des del/X mondes de 1870 rapproche de Descartes ce philosophe en qui l'on trouve « Llne qualité

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