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Émile Zola et le pessimisme schopenhauerien ... - Archipel - UQAM

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après la mort de sa mère, est pris d'un "accès de religion", avec <strong>le</strong> "désespoir de ne pouvoir<br />

Plus que tout autre chose, c<strong>et</strong>te première esquisse de 1883 témoigne d'un certain recul<br />

face à la dou<strong>le</strong>ur. D'une part, la peur de mourir <strong>et</strong> de souffrir devient quelque chose de<br />

honteux qu'il faut occulter. D'autre part, el<strong>le</strong> est prise avec philosophie: c'est la vie en el<strong>le</strong>­<br />

même qui opère, <strong>le</strong> mal est vu <strong>et</strong> placé dans la longue durée, <strong>et</strong> non plus dans <strong>le</strong> choc<br />

instantané d'un traumatisme. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> plan par chapitres qui suit l'esquisse prévoit:<br />

«VI. - La maladie de Pauline, veillée par Jacques, la souffrance étudiée depuis <strong>le</strong><br />

commencement du monde, <strong>le</strong>s tempêtes, <strong>le</strong> monde sombrant, aggravation de la peur chez<br />

Jacques 20 »,<br />

Le biographique, on <strong>le</strong> voit, continue d'être la source principa<strong>le</strong> de l'invention<br />

romanesque. Cela n'est pas exclusif, bien entendu, au proj<strong>et</strong> romanesque de La Joie de vivre,<br />

comme <strong>le</strong> souligne Henri Mitterand :<br />

L'œuvre emprunte <strong>et</strong> amplifie la matière de la vie, transpose dans <strong>le</strong> récit de la fiction <strong>le</strong><br />

discours du monologue intérieur, Un doub<strong>le</strong> influx, modelé par la dualité de l'être qui lui donne<br />

langage, parcourt Les Rougon-Macquart depuis <strong>le</strong>ur début: la peinture exaltée des forces vita<strong>le</strong>s,<br />

saines, plantureuses, perpétuel<strong>le</strong>ment désirantes, actives <strong>et</strong> fécondes, dans La Curée, Le Ventre de<br />

Paris, La FOUIe de l'abbé Mourel, Nana, <strong>et</strong>, parfois au cœur des mêmes œuvres, la hantise du<br />

néant <strong>et</strong> de son cheminement inexorab<strong>le</strong>, symbolisé par Je vieux cim<strong>et</strong>ière de La Forlune des<br />

Rougon, <strong>le</strong> croque-mort de L'Assommoir, <strong>le</strong> cim<strong>et</strong>ière glacé d'Une page d'amour, l'agonie de<br />

Nanc,"' ,<br />

Rien de neuf, donc. Toutefois, la quantité <strong>et</strong> l'importance du vécu dans l'œuvre publiée<br />

atteignent un maximum avec <strong>le</strong> douzième volume des Rougon-Macquart. Ainsi, la mort de la<br />

mère de Jacques, précise <strong>Zola</strong> dans l'esquisse en cours, doit intervenir au chapitre X, ce qui<br />

décide du contenu du chapitre suivant: «XI. - Le coup reçu. Jacques accablé, la mort<br />

toujours devant lui. L'hérédité des maladies. Le vide. Plus de goût à rien 22 . » Et ainsi de suite.<br />

19 Henri Mil<strong>le</strong>rand, « La Joie de l'il're. Étude », dans É. <strong>Zola</strong>. Les Rougon-Macquan, op. Cil., t. lll,<br />

p. 1756.<br />

20 <strong>Émi<strong>le</strong></strong> <strong>Zola</strong>, S.NF. Ms. NAF 10.311, 1° 184, (Nous soulignons,)<br />

21 Henri Mil<strong>le</strong>rand. <strong>Zola</strong>. op. cil.. p. 562.<br />

22 <strong>Émi<strong>le</strong></strong> <strong>Zola</strong>. Éba/lche. S.N.F. Ms. NAF 10.311, li) 185.<br />

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