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Émile Zola et le pessimisme schopenhauerien ... - Archipel - UQAM

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Ainsi, dès l'Ébauche Je <strong>pessimisme</strong> <strong>schopenhauerien</strong> du « souffrant moral» est posé; on<br />

<strong>le</strong> prévoit approximatif <strong>et</strong> désespéré; <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ctures du personnage seront nécessairement<br />

disparates, avides, partiel<strong>le</strong>s, partia<strong>le</strong>s l65<br />

89<br />

- tout <strong>le</strong> contraire de l'approche pondérée, réfléchie<br />

<strong>et</strong> rigoureuse du discip<strong>le</strong> sérieux. « Lazare est donc bien, comme <strong>le</strong> souligne René-Pierre<br />

Colin, un de ces "schopenhaueristes" dont par<strong>le</strong> la grande presse, plutôt qu'un véritab<strong>le</strong><br />

discip<strong>le</strong> de Schopenhauer l66 ». En résumé, <strong>le</strong>s références littéraires que nous avons observées<br />

à ce onzième stade du « souffrant moral », tendent à être <strong>le</strong> signe d'une déficience, d'un<br />

manque à gagner, d'une incomplétude qui accommoderont à merveil<strong>le</strong> ses échecs multipliés,<br />

son ratage compulsif: non pas un vrai discip<strong>le</strong>, un demi-discip<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>ment, un<br />

« schopenhaueriste »; non pas exactement Werther, ni René, mais une variété d'eux. La<br />

référence littéraire, ici, fait de la figure un « inachevé », pour emprunter <strong>le</strong> terme de<br />

Véronique Cnockaert l67 , un être incapab<strong>le</strong> d'achever ses entreprises « qui claquent» dans son<br />

« détraquement ».<br />

. Allant plus loin, la référence littéraire non seu<strong>le</strong>ment évoque un genre <strong>et</strong> des Icônes<br />

connus qui « construisent» <strong>le</strong> personnage <strong>et</strong> <strong>le</strong> récit, el<strong>le</strong> provoque la comparaison générique<br />

<strong>et</strong> iconique; car, suite à la mention des deux prototypes romantiques du « souffrant moral »,<br />

<strong>Zola</strong> note: « - Le romantisme a fait <strong>le</strong> désespéré mélancolique qui doute, - <strong>le</strong> naturalisme<br />

fait <strong>le</strong> sceptique qui croit au néant du monde, qui nie <strong>le</strong> progrès. (Au fond, l'effarement<br />

devant la mort.) - Seu<strong>le</strong>ment, je ne veux surtout pas faire une thèse l68 . » Dans ces lignes,<br />

165 Sur ce point précis, voir Philippe Hamon, op. cil., p. 256-257.<br />

166 Schopenhal<strong>le</strong>r en France, op. Cil., p. 175. Huysmans, quant à lui, adressa une l<strong>et</strong>tre à <strong>Zola</strong> en mars<br />

1884, suite à la parution de La Joie de vivre, où il explique la contradiction inhérente à ce<br />

«schopenhaueriste» inapaisab<strong>le</strong> qu'est Lazare: «dans l'impossibilité où <strong>le</strong>s gens intelligents se<br />

trouvent de croire au catholicisme. ces idées [cel<strong>le</strong>s de Schopenhauer] sonl, à coup sûr, <strong>le</strong>s plus<br />

consolantes, <strong>le</strong>s plus logiques, <strong>le</strong>s plus évidentes qui puissent être. » Cité par Henri Mitterand. « La<br />

Joie de vivre, Étude », dans É. <strong>Zola</strong>, Les RO/lgon-Macquarl, op. cil.. t. 1lI, p. 1770.<br />

167 Dans son ouvrage <strong>Émi<strong>le</strong></strong> <strong>Zola</strong>. Les inachevés: Une poéliql<strong>le</strong> de l'ado<strong>le</strong>scence, Véronique Cnockaert<br />

aborde plus en détail <strong>le</strong> curieux rapport à la <strong>le</strong>cture qu'entr<strong>et</strong>iennent <strong>le</strong>s jeunes hommes des Rougon­<br />

Macquarl, dont Florent (Le Venlre de Paris) <strong>et</strong> Lazare (La Joie de vivre): el<strong>le</strong> constate que «<strong>le</strong><br />

romancier m<strong>et</strong> en relief <strong>le</strong> paradoxe de l' homme de savoir pris très souvent entre sa connaissance du<br />

monde <strong>et</strong> l'inaction dans laquel<strong>le</strong> cel<strong>le</strong>-ci Je plonge. Dans Les Rougon-Macquart, l'engagement des<br />

"Iellrés" est un compl<strong>et</strong> ratage, un total aVOf<strong>le</strong>menl, » Les inachevés, op. Cil., p. 126-127.<br />

168 <strong>Émi<strong>le</strong></strong> <strong>Zola</strong>, B.NF Ms, NAF 10.311, f' 173-174. Le Roman expérimel1/al éga<strong>le</strong>ment plaçait cel<strong>le</strong><br />

articulation intergénérationnel<strong>le</strong> (entre <strong>le</strong> romantisme <strong>et</strong> <strong>le</strong> naturalisme) sous <strong>le</strong> sceau de<br />

préoccupations philosophiques: lisons ce passage qui. quoique éminemment marqué par des questions<br />

d'affiliation politico-Iilléraire, demeure éclairant pour notre propos: «laf1irme. écrit <strong>Zola</strong>, que la<br />

naturalisme est une liltérature républicaine, si l'on considère la République comme <strong>le</strong> gouvernement

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