devenu une sorte de mythe qui ne laissait plus personne indifférent 3 \; il suffisait de <strong>le</strong> citer, aux dires de Céard, pour mellre un tas de gens dans une « fureur épouvantab<strong>le</strong> 32 ». Or, de l'avis de Philippe Hamon, faire aIJusion à un personnage historique ou public de cel<strong>le</strong> stature comporte une conséquence importante sur <strong>le</strong> plan du texte final: 119 Qu'el<strong>le</strong> reste confinée à l'Ébauche (où el<strong>le</strong> a, alors, un rô<strong>le</strong> incitatif dans la gestation du personnage) ou qu'el<strong>le</strong> subsiste dans <strong>le</strong> texte du roman (où el<strong>le</strong> a alors, de surcroît, un rô<strong>le</strong> de citation), l'allusion a bien la vertu <strong>et</strong> la fonction d'une mise en parallè<strong>le</strong> (ul<strong>le</strong> histoire que l'on est en train de lire sur une histoire que l'on a déjà lue); <strong>le</strong> personnage acquiert donc par là une dimension polyphonique, qui résulte de c<strong>et</strong> embrayage l'un sur l'autre de deux canevas narratifs, l'un
dans <strong>le</strong> roman du même titre, habitera un autre jeune « fêlé» des Rougon-Macquart, Jacques Lantier. II s'agit d'un topos puissamment présent dans <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> zolien : <strong>le</strong> personnage se m<strong>et</strong> à agir ou à par<strong>le</strong>r comme malgré lui, il se trouve à être agi de l'intérieur, par autre que lui, ainsi qu'une marionn<strong>et</strong>te, par une présence étrangère mais familière. Commentant <strong>le</strong>s « inachevés» des Rougon-Macquart, Véronique Cnockaert évoque la dimension souvent archaïque ou sauvage de c<strong>et</strong> étranger: 120 La construction du Moi ado<strong>le</strong>scent passe par la division qui révè<strong>le</strong> au jeune individu son incomplétude <strong>et</strong> son besoin de l'autre. Tel<strong>le</strong> une complice, la fêlure prolonge c<strong>et</strong>te expérience de l'altérité, en dévoiJant l'autre en soi, autre qui, nous <strong>le</strong> savons, prend très souvent dans l'œuvre zolienne la forme archaïque de la bête 36 Chez <strong>Zola</strong>, ces épisodes assez fréquents se dérou<strong>le</strong>nt préférab<strong>le</strong>ment durant <strong>le</strong>s crises du personnage - Lazare en vivra trois -, moments privilégiés de la découverte de l'Autre en Soi (qui surgit via la fail<strong>le</strong>, via la fêlure). Françoise Gaillard <strong>le</strong> remarque à l'égard de cel<strong>le</strong>s de Jacques Lantier, de tel<strong>le</strong>s crises sont plus souvent qu'autrement « décrites comme un dédoub<strong>le</strong>ment de la personnalité, <strong>et</strong> vécues comme une dépossession de soi <strong>et</strong> comme l'envahissement du moi par l'autre, par la bête, tous termes pour désigner <strong>le</strong>s pulsions archaïques 37 ». Tous ces symptômes sont au rendez-vous dans La Joie de vivre, mais comment par<strong>le</strong>r de pulsions quand <strong>le</strong> fantôme qui hante Lazare est <strong>le</strong> philosophe de la r<strong>et</strong>enue, de l'abstinence, de l'abnégation <strong>et</strong> du renoncement? Le « fantasme du r<strong>et</strong>our », relève Françoise Gaillard, « s'exprime aussi à travers tous <strong>le</strong>s récits de revenants 38 »; du reste, la pulsion sera cel<strong>le</strong> de la paro<strong>le</strong> - rappelons-nous de ce « bouillonnement» pessimiste que prévoyait l'Ébauche. Dans tous <strong>le</strong>s cas, « la bruta<strong>le</strong> réémergence du passé dans <strong>le</strong> présent (du primitif dans <strong>le</strong> civilisé, de l'archaïque dans <strong>le</strong> moderne) rseral vécue comme un phénomène de possession, J6 Véronique Cnockaert, <strong>Émi<strong>le</strong></strong> <strong>Zola</strong>. Les inachevés: Une poéliql<strong>le</strong> de l'ado<strong>le</strong>scence, Montréal, XYZ, coll, « Documents ». 2003, p. 140. J7 « La peur de l'origine », lac. Cil., p. 139. J8 Ibid., p. 140. Jean Borie signa<strong>le</strong> <strong>le</strong> parallélisme profond, pour ne pas dire la proximité étonnante, existant entre <strong>le</strong> roman La Joie de vivre d'<strong>Émi<strong>le</strong></strong> <strong>Zola</strong> el Ja pièce Les Revenanls d'Henrik Ibsen. drame que Col<strong>et</strong>te Becker résume succinctement par la formu<strong>le</strong> suivante: « Les revenants, c'est <strong>le</strong> passé auquel on ne peut pas échapper. » Col<strong>et</strong>te Becker, Le Roman /w1Irralis<strong>le</strong>: <strong>Zola</strong> el !vIollpassal1l, Rosny, Bréal, coll, « Connaissance d'un thème ». no 2. J999, p. 114. Voir Jean Borie. dans É. <strong>Zola</strong>. UI Joie de l'ivre. édition d'Henri Mitterand, Paris, Gallimard, coll, « Folio », no 1654, 1985. p. 15-19.
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