Émile Zola et le pessimisme schopenhauerien ... - Archipel - UQAM
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CONCLUSIONS<br />
LA JOIE DE VIVRE PESSIMISTE<br />
Pour La Joie de vivre, <strong>Émi<strong>le</strong></strong> Z'Ola entendait « trouver des faits »... mais <strong>le</strong>squels? Notre<br />
parcours exhaustif à travers <strong>le</strong>s esquisses successives qui mènent <strong>le</strong>s notes de travail<br />
zoliennes de 1880 à avril 1883 (quatre dans l'Ancien Plan, trois dans l'Ébauche) nous a<br />
permis de suivre pas à pas la genèse du <strong>pessimisme</strong> dans <strong>le</strong> roman. Ayant aussi exploré dans<br />
l'ordre <strong>le</strong>s sections du Dossier préparatoire intitulées La peur. Schopenhauer. Sur la vie (qui<br />
contient la documentation philosophique compilée par <strong>Zola</strong>), Plans <strong>et</strong> Personnages, nous<br />
sommes désormais en mesure de répondre à notre question de départ, à savoir: dans quel<strong>le</strong>s<br />
circonstances (où, quand, comment) <strong>le</strong> <strong>pessimisme</strong> apparaît-il dans La Joie de vivre?<br />
Rappelons-nous, l'Ancien Plan prévoyait de placer <strong>le</strong>s deux vol<strong>et</strong>s de la souffrance - la<br />
dou<strong>le</strong>ur <strong>et</strong> <strong>le</strong> mal de vivre - en position dominante. Or, c<strong>et</strong>te dominante n'a pas été étouffée,<br />
étonnamment, par l'air de vitalité bruyante gui suivit la guérison « existentiel<strong>le</strong>» de l'auteur;<br />
el<strong>le</strong> a plutôt repris de la vigueur; el<strong>le</strong> a poussé au creux d'un trou rempli de décombres<br />
d'anciennes inquiétudes, élargi par des discussions, approfondi par trois ans de réf<strong>le</strong>xion <strong>et</strong> de<br />
fermentation, remué de multip<strong>le</strong>s fois; el<strong>le</strong> a été à la fois nourrie <strong>et</strong> modifiée par la cueill<strong>et</strong>te<br />
de documents. Un terreau composite <strong>et</strong> ferti<strong>le</strong>.<br />
Aussi, la troisième esquisse de l'Ébauche contient en germe tout <strong>le</strong> roman à venir; celui<br />
ci déploiera la dou<strong>le</strong>ur selon deux faisceaux complémentaires: l'une physigue, permanente,<br />
omniprésente mais à l'arrière-plan, longue note basse, sans cesse renouvelée, éreintée, un<br />
rythme de fond, un chant de gorge s'amplifiant p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it, qui sera <strong>et</strong> <strong>le</strong> premier <strong>et</strong> <strong>le</strong> dernier<br />
mot du roman; l'autre psychologique, portée à l'avant-plan par scansions, par crises aiguës,<br />
un air mélancolique, la plupart du temps irrité <strong>et</strong> amer, qui par moments devient tonitruant <strong>et</strong><br />
qui constitue la note du roman dont on se souviendra. Rien ne pourra taire cel<strong>le</strong> « symphonie<br />
de la Dou<strong>le</strong>ur» des Chanteau père <strong>et</strong> fils, pas même la présence douce, apaisante, consolante,