Projet de recherche sur le paiement forfaitaire compensatoire : le ...

trop dur d’entendre des histoires aussi terribles. J’ai vu comment ça se passe depuis le tout
début. Les premiers versements étaient plutôt maigres, vu les abus commis.
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Chapitre 3
Des défenseurs et pratiquants de cultures et langues autochtones ayant passé leur enfance dans la région
figurent également parmi les personnes interrogées. Quelques-uns jouaient un rôle actif dans le domaine
spirituel, qu’il s’agisse de croyances autochtones, de christianisme ou d’un mélange des deux. De plus en plus
de personnes ont recours à des méthodes et remèdes conventionnels pour aider les Survivants. Ce groupe
de participants réunissait ainsi des partisans des deux sphères.
L’un des participants travaillait avec un ancien surveillant de pensionnat; d’autres travaillaient dans certaines
des dernières écoles à avoir fermé leurs portes. L’une des personnes interrogées a déclaré n’avoir eu aucun
lien avec des Survivants. Certains connaissaient les pensionnats par l’intermédiaire de membres de leur
famille ou entourage, par leurs parents ou grands-parents, essentiellement, ou encore par leurs conjoints,
beaux-parents, frères et sœurs. Beaucoup considéraient que les pensionnats n’avaient eu que des effets
préjudiciables. [traduction] « Le pensionnat a fait énormément de mal à mon époux », a déclaré une
femme. Les personnes interrogées ne portaient cependant pas toutes un tel regard sur les établissements
scolaires. [traduction] « Mon père a travaillé pendant toute son existence, et c’est au pensionnat qu’il
a appris à gagner sa vie. Les Survivants doivent affronter le passé », a expliqué l’un des participants. En
évoquant les abus perpétrés dans de nombreuses écoles, certaines personnes ont dit que des Survivants de
leur connaissance sont décédés prématurément ou ont sombré dans la dépendance du fait des séquelles de
leur séjour au pensionnat : [traduction] « Mes cousins se sont noyés dans l’alcool et en sont morts à l’âge
adulte. » Un grand nombre d’entre eux ont entendu raconter par leurs aînés qu’ils avaient subi ou vu des
abus, mais certains n’ont jamais rien entendu de tel.
Les premiers paiements évoqués par les non-bénéficiaires ont été perçus à la moitié des années 1990,
le montant maximum étant de 125 000 dollars. Les bénéficiaires en question auraient plaidé leur cause
individuellement ou collectivement. Certains participants ont signalé que, dans certains cas, la somme
forfaitaire a été versée sous forme d’un acompte de 8 000 dollars, dans le cadre de l’Accord de règlement
relatif aux pensionnats indiens. Certains avaient entendu parler des bénéficiaires dans des reportages sur les
procès relatifs aux pensionnats et l’indemnisation des Survivants. Il convient de souligner que tous ces liens
ont été décrits par des personnes ayant subi des abus et des personnes n’en ayant pas été victimes. En outre,
certaines Survivants ont décidé, en connaissance de cause, de ne réclamer aucune indemnité :
[traduction] Je règle mes problèmes toute seule. J’étais une Survivante, mais je suis
aujourd’hui guérie et tout va bien. J’aurais pu prétendre à une indemnité, mais j’ai choisi de ne
pas le faire. L’argent ne m’aurait pas aidée. Ça aurait été comme prendre quelque chose dont
je n’avais pas besoin. Il valait mieux que cet argent serve à mener des programmes utiles.
Ceci étant dit, il y a eu certaines personnes qui jugeaient malvenu [traduction] « de critiquer les bénéficiaires
d’acomptes ».
Un certain nombre de non-bénéficiaires ont déclaré n’avoir aucun lien avec les bénéficiaires de paiements
forfaitaires ou leur famille, bien que sachant que des membres de leur collectivité avaient été indemnisés.
D’autres ne connaissaient directement aucune personne âgée ayant obtenu un paiement de cette nature à
l’issue d’une procédure juridique. Plusieurs ont tenu à souligner le fait que certains de leurs proches auraient