Projet de recherche sur le paiement forfaitaire compensatoire : le ...

Chapitre 3
Si certains non-bénéficiaires ont pris conscience des risques pour les bénéficiaires des PF, ils ont aussi réalisé
que le fait de ne pas être indemnisé avait aussi ses revers. [traduction] « Le fait de ne pas être indemnisé
est un coup dur : c’est comme si ce que nous avons subi importait moins que ce qu’ont vécu les autres. »
Comme l’illustre ce commentaire, les Survivants ne partagent pas tous le même point de vue. Dans le même
ordre d’idées, les bénéficiaires ont mentionné que certaines personnes avaient l’impression d’avoir été laissées
pour compte, bien que n’ayant pas fréquenté les établissements scolaires en question, pour la simple raison
que d’autres avaient perçu d’importantes sommes.
L’expérience financière des bénéficiaires a attiré les prédateurs
Les bénéficiaires ont raconté que des commerciaux, notamment des vendeurs de voitures, venaient des villes
avoisinantes pour démarcher les bénéficiaires, attirés par cette nouvelle richesse. Les prêteurs sur gages n’ont
pas hésité à leur proposer des prêts dont ils demandaient de rembourser le double du montant, voire plus.
L’un de ces prêteurs aurait ainsi réalisé assez de profit pour offrir des vacances à Hawaii à toute sa famille.
D’après certains non-bénéficiaires, bon nombre de personnes ayant obtenu des PF sont tombées dans les
griffes d’individus sans scrupules. Cette prédation n’était pas vraiment un secret :
[traduction] Ils vont tous essayer de nous vendre quelque chose. Les vautours ont pris
notre collectivité en chasse, car ils savaient que certaines personnes recevaient des acomptes.
Des usuriers prêtaient des fonds aux bénéficiaires avant même qu’ils ne perçoivent leur
indemnité. Certains ont succombé à la tentation pour financer leur dépendance au jeu, à
l’alcool ou à la drogue.
Plusieurs non-bénéficiaires ont déclaré que des usuriers auraient incité de nombreux bénéficiaires à utiliser
leur argent « à l’avance », c’est-à-dire avant le PF: [traduction] « l’argent a été dépensé avant d’avoir été
versé ». D’autres ont raconté que des [traduction] « vendeurs de voitures s’étaient déplacés d’Edmonton
et de Winnipeg » pour se rendre dans leur collectivité et que des [traduction] « prêteurs sur gage
avaient gagné des milliers de dollars sur le dos des bénéficiaires ». D’après certains non-bénéficiaires, les
personnes âgées [traduction] « sont une proie facile pour les arnaqueurs, parce qu’elles se sentent seules
et recherchent l’amitié ». L’un des non-bénéficiaires prévoyait d’autres conséquences : [traduction] « On
verra probablement arriver des prostituées à l’approche des indemnisations. Le patron du bar local pense
même engager des strip-teaseuses. Tous les mauvais éléments tenteront de profiter des bénéficiaires. »
Selon certains participants, le fait que les Survivants ne vivent généralement qu’au jour le jour explique en
partie leur vulnérabilité face aux escrocs. [traduction] « La majorité des personnes âgées n’envisagent
leur indemnisation que dans l’immédiat : elles sont contentes de recevoir leur argent et elles ne pensent pas
vraiment à l’avenir. » En règle générale, les Survivants n’ont pas l’idée d’épargner leur argent.
D’après la majorité des non-bénéficiaires, le fait d’économiser et de placer son argent est un comportement
marginal chez les bénéficiaires. Lorsqu’ils ont perçu leurs PF, la plupart des Survivants n’étaient pas en
mesure de gérer leurs fonds ni de comprendre ce que représentaient de telles sommes. [traduction]
« La majorité des bénéficiaires dépendaient de l’aide sociale quand ils ont reçu leur argent », a précisé un
non-bénéficiaire. Les intéressés se sont sentis dépassés par le soudain afflux de milliers, voire de dizaines
de milliers de dollars, d’autant plus que beaucoup d’entre eux [traduction] « survivaient avec 400 ou
500 dollars par mois, dépendaient de l’aide sociale » ou étaient sans ressources, des personnes sans-abri.
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