Projet de recherche sur le paiement forfaitaire compensatoire : le ...
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Chapitre 3<br />
pas toujours fiab<strong>le</strong>s ». Ils ont aussi remis en question <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s Survivants ne pouvaient consulter <strong>le</strong>s<br />
renseignements <strong>le</strong>s concernant, ce qui a contribué à ra<strong>le</strong>ntir <strong>le</strong> cours <strong>de</strong> la procédure. Et d’ajouter que <strong>le</strong> manque<br />
<strong>de</strong> pièces justificatives était problématique. Un non-bénéficiaire a éga<strong>le</strong>ment souligné que s’entendre dire que<br />
son dossier est incomp<strong>le</strong>t, après tant d’épreuves, pouvait être ressenti comme un revers supplémentaire par<br />
<strong>de</strong> nombreux requérants. Un autre non-bénéficiaire regrettait qu’il y ait tant d’obstac<strong>le</strong>s à franchir et qu’il soit<br />
diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> réunir <strong>de</strong>s renseignements <strong>de</strong> différentes sources. Citons éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> cas d’une [traduction]<br />
« personne <strong>de</strong> 95 ans qui a pu bénéficier d’une procédure rapi<strong>de</strong> en raison <strong>de</strong> son âge », mais n’a fina<strong>le</strong>ment<br />
pas été in<strong>de</strong>mnisée par manque <strong>de</strong> justificatifs. Dans un autre contexte, un non-bénéficiaire a dévoilé qu’un<br />
[traduction] « Survivant alors âgé <strong>de</strong> 80 ans et en mauvaise santé avait réclamé une in<strong>de</strong>mnité qui lui a été<br />
refusée, parce que l’on ne pouvait trouver <strong>de</strong> dossier à son sujet avant 1960. [Quand bien même] l’établissement<br />
en question ne constituait aucun dossier <strong>sur</strong> ses pensionnaires. » En outre, certaines personnes [traduction]<br />
« n’ont pu obtenir <strong>le</strong>ur dossier, car <strong>le</strong> pensionnat avait été détruit par un incendie, comme tant d’autres ».<br />
Un non-bénéficiaire ayant aidé 50 personnes âgées à obtenir un acompte a expliqué que <strong>le</strong>ur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> était<br />
restée en suspens, car <strong>le</strong>s préposés non autochtones du pensionnat avaient épelé <strong>le</strong>urs noms (autochtones)<br />
différemment. Dans une autre affaire, [traduction] « certains requérants avaient changé <strong>de</strong> nom après<br />
<strong>le</strong>ur séjour au pensionnat. Ce genre <strong>de</strong> détails complique la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. » Il semb<strong>le</strong>rait que l’on ait laissé aux<br />
Survivants <strong>le</strong> soin <strong>de</strong> remédier aux erreurs commises et <strong>de</strong> rég<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s problèmes, bien qu’ils n’en soient pas<br />
responsab<strong>le</strong>s.<br />
Certains non-bénéficiaires ont expliqué qu’il n’était pas toujours possib<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong> cadre du MARC, <strong>de</strong> prouver<br />
<strong>le</strong> séjour au pensionnat par d’autres moyens : [traduction] « Ils ont dit à ma mère qu’ils n’avaient pas <strong>de</strong><br />
dossier <strong>sur</strong> el<strong>le</strong>, parce qu’ils n’avaient d’archives qu’à partir <strong>de</strong> 1940. Nous avons <strong>de</strong>s photos, <strong>de</strong>s témoins et <strong>de</strong>s<br />
déclarations, mais ce n’est pas suffisant. » Des personnes d’une autre col<strong>le</strong>ctivité ont déclaré ceci :<br />
[traduction] Nous avons réalisé qu’il nous fallait <strong>de</strong>s déclarations sous serment pour<br />
prouver que <strong>le</strong>s Survivants avaient bien fréquenté un pensionnat. Certaines personnes<br />
âgées n’avaient pas <strong>de</strong> certificat <strong>de</strong> naissance, par exemp<strong>le</strong>. Cel<strong>le</strong>s qui souhaitent réclamer<br />
une in<strong>de</strong>mnisation doivent fournir une photocopie <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur passeport, <strong>le</strong> numéro <strong>de</strong> traité<br />
et celui <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur carte <strong>de</strong> santé.<br />
Cet ancien pensionnaire a vécu une situation différente, mais n’a pas non plus été in<strong>de</strong>mnisé, faute <strong>de</strong> pouvoir<br />
réunir <strong>le</strong>s pièces requises : [traduction] « J’ai été victime d’abus sexuels, mais c’est à moi <strong>de</strong> <strong>le</strong> prouver, car<br />
la personne qui m’a persécuté est décédée <strong>de</strong>puis longtemps. Je ne peux malheureusement pas présenter <strong>le</strong>s<br />
preuves qu’on me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. » En dépit <strong>de</strong>s témoignages, <strong>le</strong>s adjudicateurs semb<strong>le</strong>nt appliquer <strong>de</strong>s règ<strong>le</strong>s<br />
différentes. Un non-bénéficiaire a affirmé que certains adjudicateurs se contentaient d’attestations signées,<br />
contrairement à d’autres.<br />
Outre l’obligation <strong>de</strong> réunir <strong>de</strong>s pièces justificatives, un non-bénéficiaire a expliqué que <strong>le</strong>s personnes âgées<br />
ne se rappel<strong>le</strong>nt pas toujours <strong>de</strong>s dates ou <strong>de</strong>s personnes impliquées. Les difficultés ne se limitaient pas à<br />
la mémoire : <strong>le</strong>s démarches étaient aussi psychologiquement éprouvantes et souvent laborieuses. Plusieurs<br />
non-bénéficiaires ont déploré que l’audience prévue dans <strong>le</strong> cadre du MARC soit expéditive : <strong>de</strong>ux ou trois<br />
heures seu<strong>le</strong>ment y sont consacrées. Certains Survivants n’ont pas eu la possibilité d’apporter un témoignage<br />
comp<strong>le</strong>t, car ils ne se sont souvenus <strong>de</strong> certains faits qu’après-coup. Une Survivante a expliqué combien il<br />
lui avait été diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> témoigner : [traduction] « J’ai eu un blocage. C’était trop dur <strong>de</strong> repenser à tout<br />
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