Projet de recherche sur le paiement forfaitaire compensatoire : le ...

Chapitre 3
La toxicomanie a brisé des familles entières : [traduction] « J’ai perdu ma femme et mes enfants pendant
un moment. Cet argent m’a causé énormément de problèmes. » L’un des bénéficiaires se souvenait d’un frère
et d’une sœur qui avaient chacun reçu des indemnités et les avaient dépensées pour retrouver des amis dans
une partie de débauche qui ne s’est terminée qu’une fois l’argent épuisé : [traduction] « Tout le monde
veut être ami avec nous si on a de l’argent. Et puis, du jour au lendemain, on se retrouve tout seul, sans un
sou. Comme on n’a plus rien à offrir, on fuit notre présence. »
[traduction] « L’argent entraîne des abus », a souligné un non-bénéficiaire exerçant une profession
médicale. Bon nombre de non-bénéficiaires ont affirmé que les PF aggravaient les dysfonctionnements
sociaux. [traduction] « Dès que j’apprends que l’on va recevoir de l’argent, j’ai la gorge serrée, parce que
je sais d’avance ce qui va arriver. » Donner de l’argent aux personnes souffrant déjà d’une dépendance ne
fait qu’empirer les choses dans les régions où le taux de suicide, de toxicomanie et d’alcoolisme est déjà
préoccupant. Certains non-bénéficiaires étaient persuadés que le lien de cause à effet ne peut être plus
direct : après chaque versement, on observe une hausse du taux de criminalité et de recours aux services
d’aide sociale à l’enfance. Un conseiller a déploré que plus il y avait de personnes indemnisées, plus il y avait
de personnes ayant besoin d’aide. Au vu de ce qui s’est déjà produit, de nombreux non-bénéficiaires ont dit
craindre que les PF n’aboutissent à des conséquences fatales pour les Survivants. Un professionnel de la
santé se souvenait qu’il recevait sans cesse des appels téléphoniques de personnes ressentant un profond
malaise et éprouvant des envies suicidaires au cours des mois suivant leur indemnisation.
Les non-bénéficiaires interrogés lors du sondage ont fait état de plusieurs cas d’alcoolisme ravivé par le
soudain versement d’une indemnité forfaitaire, même après 30 ans de sobriété :
[traduction] Un vieil homme a perdu la notion de la réalité après avoir touché ses 8 000
dollars. Il est alcoolique. Il ne peut pas s’arrêter à un ou deux verres. Il a tout dépensé en
quelques semaines. Il retirait 1 000 dollars tous les jours, et les gens profitaient de lui. Les
gens allaient tous vers lui, buvaient et faisaient la fête avec lui. Après sa mort, ils sont allés
dépenser son argent dans les magasins.
[traduction] Le neveu de mon mari a touché 70 000 dollars. Il avait davantage les pieds
sur terre avant d’avoir tout cet argent. Il confectionnait ses propres tenues. Il adorait danser.
Mais aujourd’hui, on ne le voit plus dans les pow-wows. Il est parti dès qu’il a eu l’argent. Ses
parents étaient alcooliques. Ma belle-mère l’avait sauvé de la débauche, mais il y a replongé
dès qu’il a touché son argent. Quelqu’un l’a vu acheter une bouteille de fixatif il n’y a pas
longtemps, mais ce n’était pas pour ses cheveux.
Au vu de pareilles destinées, certains non-bénéficiaires ont conclu qu’il était injuste de verser des indemnités
forfaitaires aux personnes prédisposées à la toxicomanie et l’alcoolisme. Constatant une recrudescence de la
toxicomanie à la suite des PF, les agents des services sociaux affirment que les indemnités ont non seulement
aggravé de mauvais comportements et des problèmes sociaux, mais elles ont aussi donné aux bénéficiaires la
possibilité de goûter à des drogues qu’ils ne pouvaient auparavant s’offrir, la cocaïne, par exemple. D’autres
non-bénéficiaires ont souligné que les indemnités risquaient tout autant d’accentuer le problème des joueurs
et acheteurs compulsifs.
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