Projet de recherche sur le paiement forfaitaire compensatoire : le ...

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Chapitre 4
L’idée fausse selon laquelle les séquelles des pensionnats n’ont épargné personne est courante, mais les
participants ont bien insisté sur le fait que la plupart des Survivants et leur famille et collectivité ne connaissent
pas de crises profondes à tout instant du jour. Même si des périodes rétrospectives et douloureuses sont
toujours présentes, de nombreux Survivants trouvent un répit en parlant des problèmes avec des amis, des
membres de leur famille, et des conseillers ou des thérapeutes, en se distrayant avec leurs activités favorites ou
en demandant l’intervention divine. Dans le même ordre d’idées, les participants ont indiqué que la force des
personnes et des familles, ainsi que les atouts des collectivités, n’étaient pas suffisamment pris en compte.
On ne peut présumer que le PF améliorera la vie de chacun, en raison notamment du fait que certaines
personnes, familles et collectivités ne sont peut-être pas en mesure de gérer une soudaine rentrée d’argent. Les
participants ont clairement annoncé que le paiement entraînera des abus, de la discrimination, de l’exploitation
et des décès, et qu’il était donc nécessaire d’anticiper les moments les plus critiques pour les groupes à risque
comme les enfants, les personnes âgées, les sans-abri, les femmes et les handicapés.
Résilience
Le terme résilience possède de nombreuses définitions. La plus commune la décrit comme la [traduction]
« capacité de fléchir sans casser et la capacité de se redresser après avoir fléchi » (Vaillant, 1993 :284). Cette
définition suggère qu’une personne résiliente peut avoir une vie satisfaisante avec un emploi fixe, un mariage
durable et aucune maladie mentale, en dépit du fait d’avoir été soumis à des situations à haut risque avec des
douleurs émotionnelles, mentales ou physiques (Rutter, 2001).
Toutefois, le terme résilience autochtone est récemment apparu, et Mason Durie, un Maori de Nouvelle-
Zélande le définit comme suit :
[traduction] Superposée aux drames et à la marginalisation historique, la résilience des
Autochtones est le reflet d’une détermination innée des Autochtones à réussir. La résilience
est l’antipode de la rigidité. Elle offre un autre point de vue aux situations les plus courantes
qui soulignent les désavantages des Autochtones et permet de transformer le défi autochtone
en une recherche de la réussite plutôt qu’en une explication de l’échec (2006 : 3).
Il s’agit d’une définition utile et appropriée aux Survivants, aux familles et aux collectivités qui en sont
sortis malgré l’histoire, malgré le fait qu’ils ont dû se débattre avec les séquelles pendant des générations.
Ils ont réussi. Lorsque des Survivants faisaient un retour sur les conséquences de leur expérience dans les
pensionnats, ils s’accordaient tous à dire que le PF ne pourrait pas effacer complètement leur douleur et qu’ils
continueraient à agir avec obstination pour surmonter cette souffrance, le traumatisme des pensionnats, et
pour avancer dans la vie.
Les Survivants parlent aussi ouvertement des problèmes liés au PF et, en partageant leur histoire et leur
expérience les uns avec les autres, ils forment, dans de nombreux cas, des partenariats et des mentorats
productifs et utiles dans leur collectivité et ils en tirent un avantage. Ils ont indiqué qu’ils convoquaient des
réunions de famille dans la cuisine et organisaient des rencontres publiques dans des lieux comme des salles
communautaires, des écoles et des bureaux afin de discuter, de débattre et de prendre des décisions au sujet
du PF.