Projet de recherche sur le paiement forfaitaire compensatoire : le ...

Chapitre 3
Certains bénéficiaires ont le sentiment d’avoir [traduction] « traversé la même situation que tous les autres »,
mais ont obtenu une somme moindre. Ils ont dénoncé les inégalités du système judiciaire : [traduction]
« la Justice n’est pas impartiale ». De nombreux non-bénéficiaires ont signalé qu’il était tout naturel que les
bénéficiaires comparent leurs PF. Ils ont ainsi souvent observé des inégalités et des déséquilibres entre les
sommes perçues par chacun : [traduction] « Une personne d’un certain âge voulait rénover son chalet,
mais elle a touché moins d’argent que des gens ayant passé moins de temps qu’elle [au pensionnat]. » Certains
non-bénéficiaires ne comprenaient pas comment untel ne touchait que 1 000 dollars, alors que d’autres
pouvaient obtenir jusqu’à 60 000 dollars. Les disparités ne sautaient pas toujours aux yeux. En outre, nombre
de bénéficiaires estiment que le MARC, à savoir les modèles A et B, est appliqué très différemment, même
dans des affaires présentant de grandes similitudes. Certains avaient l’impression que ceux qui avaient subi
le moins d’abus recevaient des sommes plus importantes que les victimes de sévices constants. Un couple
était dérouté par le fait que les conjoints n’avaient pas perçu la même somme. Une personne a suggéré que le
gouvernement acquitte toujours le montant maximal de l’échelle d’indemnisation. Certains non-bénéficiaires
ont également mis en doute la synchronisation des PF : [traduction] « Un homme ne comprenait pas
pourquoi son ami avait été indemnisé avant lui, alors qu’il était plus jeune. Il a alors exposé son cas dans une
émission de radio et il a obtenu gain de cause. »
Plusieurs bénéficiaires ont aussi déploré des disparités régionales concernant les PF. Des personnes d’un âge
avancé se sont interrogées sur le fait que le plafond d’indemnisation différait suivant les régions. D’autres ont
remis en question les échéances de versement : deux Survivants ont reçu le versement à plusieurs semaines
d’intervalle, bien qu’ayant obtenu confirmation de l’indemnisation à la même date.
Certains bénéficiaires ont déclaré que les indemnités sont plus généreuses qu’auparavant, ce qui pourrait
être dû au fait que les avocats sont aujourd’hui plus compétents en la matière. Plusieurs non-bénéficiaires
partageaient cet avis :
[traduction] J’ai lu quelque part que les Survivants qui ont été indemnisés par le passé
ont touché beaucoup moins d’argent qu’ils auraient obtenu à l’heure actuelle : un montant
qui s’élevait alors à 150 000 dollars devient 400 000 dollars de nos jours. C’est injuste. Peutêtre
qu’ils ont accepté parce que c’était une somme importante.
Certains bénéficiaires croyaient que les indemnités étaient supérieures dans d’autres pays, notamment aux
États-Unis. L’un d’eux était d’ailleurs d’avis que les Survivants ne devraient pas se précipiter sur la première
offre qui leur est faite. Une autre personne a suggéré que la formule « 10 + 3 » définie dans le cadre de
l’Accord de règlement relatif aux pensionnats indiens devrait être multipliée par dix.
Des non-bénéficiaires se sont également insurgés contre le fait que les Survivants de sexe féminin faisaient,
selon eux, l’objet de discrimination. Certains ont déploré que seuls les hommes bénéficient d’une indemnisation
et d’une assistance, aucune attention n’étant portée au cas des femmes :
[traduction] C’est nous qui nous occupons du foyer et, pourtant, nous n’avons obtenu
aucune compensation. Tout l’argent va aux hommes. Je veux être rémunérée pour toutes
les broderies que j’ai réalisées chez les sœurs, pour tous ces oreillers et tous ces draps que je
brodais sept jours sur sept. J’ai fait ce travail entre neuf et onze ans. Et je suis aujourd’hui
claustrophobe. Je me sens frustrée comme toutes ces femmes mises à l’écart.
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