Projet de recherche sur le paiement forfaitaire compensatoire : le ...

[traduction] Comme certaines personnes âgées n’avaient pas le téléphone, ni de moyen
de transport, je devais me rendre chez elles, dans des lieux difficiles d’accès, de l’autre côté
de la réserve. Un jour, je suis allé chez une vieille dame, mais elle était absente. Comme elle
était mal à l’aise que je me sois déplacé pour rien, c’est elle qui est venue me voir, même si
c’était difficile pour elle. Elle utilisait un déambulateur et n’avait pas de voiture. Elle avait
pourtant réussi à venir pour me dire qu’elle se souvenait d’un nom. Elle avait fait tout ce
chemin juste pour me dire ça! J’étais très touché.
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Chapitre 3
Les non-bénéficiaires les plus sceptiques sont allés jusqu’à suggérer que tout le monde profitait du processus
d’indemnisation, sauf les Survivants. Une personne a assimilé le paiement forfaitaire à une pyramide inversée,
[traduction] les Survivants des pensionnats étant à la base pour ce qui est de récolter les
fruits du processus d’indemnisation. Un grand nombre de thérapeutes gagnent 800 dollars
par jour pour se contenter d’écouter les audiences. Ma sœur avait fait sortir celui qui devait
assister à son audience. Elle ne savait pas qui c’était. Les thérapeutes sont sélectionnés par
le comité d’arbitrage. Les Survivants n’ont pas le choix.
Au vu de ces préoccupations, certains Survivants ont pu trouver contradictoire qu’on s’inquiète de la façon
dont ils décideront d’utiliser leur indemnité, alors que, selon les termes de l’un d’eux, tout le monde, sauf les
Survivants, s’enrichissent. De nombreux Survivants se méfient des avocats, car ils prélèvent leurs honoraires
avant que les bénéficiaires ne perçoivent leur indemnité. Certaines personnes ont avancé que les Survivants
auxquels un paiement forfaitaire a été accordé ne devraient pas acquitter de frais juridiques, mais que ceuxci
devraient être réglés par l’État et l’Église. Certains Survivants ont pris le parti de s’impliquer davantage
dans la procédure d’indemnisation, notamment en négociant leur part. L’un d’eux pense que les intéressés
devraient remplir eux-mêmes les formalités administratives.
Un grand nombre de personnes, bénéficiaires et non-bénéficiaires, ont fait état d’un manque d’éthique de
la part des avocats. L’un des bénéficiaires les a qualifiés d’envahisseurs venus enrôler les Survivants à tour
de bras dans des actions collectives. Les cabinets juridiques ont été accusés de cacher aux intéressés ce à
quoi leur signature les engageait ou que cette signature en faisait d’emblée leurs clients. L’un de ces cabinets
aurait dépêché certains de ses associés dans une réserve et se serait lancé dans une véritable chasse aux
Survivants, inscrivant leurs noms à leur insu sur une liste interminable à la Cour du Banc de la Reine.
D’après les déclarations de plusieurs personnes, une fois la liste constituée, il ne se passait rien jusqu’à ce
que les Survivants se lassent de patienter et fassent appel à un nouvel avocat. Le cabinet juridique les ayant
sollicités en premier lieu leur adressait alors une lettre de « menace » les avisant qu’il allait les « poursuivre
en justice pour obtenir une partie de leur indemnité ». Une autre personne a déclaré avoir été harcelée par
un avocat qui lui réclamait 20 000 dollars, bien que n’ayant joué aucun rôle dans la procédure de paiement
forfaitaire. Il n’y a eu qu’un commentaire élogieux à l’égard des avocats : [traduction] « L’avocat de mon
époux a très bien fait son travail. »
Une procédure très éprouvante, voire traumatisante
Leur amère et déchirante douleur provenait en partie du fait que leur crédibilité était systématiquement
mise en question durant la procédure. Elle était également suscitée par le fait de revivre chaque minute du
passé. Un participant non-bénéficiaire a décrit la situation en ces termes : [traduction] « Ça a provoqué