Projet de recherche sur le paiement forfaitaire compensatoire : le ...
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Chapitre 3<br />
ça. Alors je l’ai enfoui au fond <strong>de</strong> moi. Je n’en par<strong>le</strong>rais même pas avec mon mari. Ça fait trop mal <strong>de</strong> laisser<br />
tout ça remonter à la <strong>sur</strong>face. »<br />
L’un <strong>de</strong>s non-bénéficiaires a relaté qu’un avocat avait ravivé la mémoire d’une personne âgée qui avait été<br />
fouettée à plusieurs reprises lorsqu’el<strong>le</strong> était au pensionnat. Le Survivant s’est rappelé <strong>de</strong>s faits, mais en ignorait<br />
<strong>le</strong>s circonstances. L’avocat se serait entretenu avec un adjudicateur, afin <strong>de</strong> trouver une solution pour amener<br />
cette personne à révé<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s éléments d’information voulus. Par ail<strong>le</strong>urs, plusieurs non-bénéficiaires ont<br />
souligné qu’il est impossib<strong>le</strong> <strong>de</strong> préparer <strong>le</strong>s Survivants au MARC, puisque <strong>le</strong>s personnes <strong>le</strong>s accompagnant<br />
à l’audience ne peuvent <strong>le</strong>s rencontrer au préalab<strong>le</strong>. Il semb<strong>le</strong>rait aussi que <strong>le</strong>s adjudicateurs n’interprètent<br />
pas tous <strong>le</strong> règ<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> la même manière selon <strong>le</strong>s régions.<br />
Si <strong>le</strong> fait d’ai<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s personnes d’un âge avancé à se remémorer <strong>de</strong> douloureux souvenirs équivaut à préparer<br />
un témoin, certains non-bénéficiaires ont souligné que <strong>le</strong>s [traduction] « personnes âgées ne par<strong>le</strong>nt pas<br />
<strong>de</strong>s sévices » ouvertement, mais el<strong>le</strong>s emploient généra<strong>le</strong>ment un « langage codé » pour évoquer <strong>de</strong>s faits<br />
traumatisants <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur enfance. Leur témoignage risque donc d’être mal interprété par <strong>le</strong>s adjudicateurs n’étant<br />
pas habitués à déchiffrer un tel langage. En outre, l’anglais (ou <strong>le</strong> français) n’étant pas la langue maternel<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />
tous <strong>le</strong>s Survivants, certains non-bénéficiaires ont réclamé la présence d’un interprète pendant <strong>le</strong>s audiences.<br />
Dans <strong>le</strong> même ordre d’idée, aucun <strong>de</strong>s documents relatifs à la procédure d’in<strong>de</strong>mnisation n’est rédigé en<br />
langue autochtone, ce qui accentue <strong>le</strong>s risques d’erreur au moment <strong>de</strong> remplir <strong>le</strong>s formulaires. Un nonbénéficiaire<br />
a notamment insisté <strong>sur</strong> <strong>le</strong> fait que peu d’adjudicateurs sont d’origine autochtone et ceux qui <strong>le</strong><br />
sont ne par<strong>le</strong>nt pas toujours couramment la langue <strong>de</strong>s Survivants. De plus, plusieurs non-bénéficiaires ont<br />
fait savoir que quatre adjudicateurs autochtones avaient été révoqués sans explication.<br />
[traduction] « Les personnes âgées sont isolées pendant l’interrogatoire préalab<strong>le</strong> », a déclaré un nonbénéficiaire.<br />
L’ironie <strong>de</strong> la situation, c’est qu’un tel processus reproduit <strong>le</strong>s pires formes d’abus subis par <strong>le</strong>s<br />
enfants confiés aux pensionnats. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une procédure judiciaire classique, l’une <strong>de</strong>s<br />
personnes interrogées dans <strong>le</strong> cadre du sondage préconisait d’autoriser <strong>le</strong>s Survivants à se présenter aux<br />
audiences avec toute <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong> ou, du moins, d’autres anciens pensionnaires pour qu’il soit moins diffici<strong>le</strong><br />
d’évoquer <strong>de</strong>s faits traumatisants. Cette intensité psychologique peut aussi se trouver altérée par l’attrait<br />
d’incitatifs financiers non voulus par <strong>le</strong> processus d’in<strong>de</strong>mnisation. Certains Survivants ont donc joué la<br />
carte <strong>de</strong> la patience, et n’ont pas tenté d’améliorer <strong>le</strong>ur état avant l’interrogatoire préalab<strong>le</strong>. Les hommes, en<br />
particulier, ont attendu pour se soigner et ont entretenu <strong>le</strong>ur détresse, en pensant que plus ils paraîtraient<br />
mala<strong>de</strong>s, plus ils seraient crédib<strong>le</strong>s et plus ils obtiendraient d’argent. Les incitations systématiques à prolonger<br />
la souffrance n’ont pas été bénéfiques aux Survivants.<br />
En revanche, certains bénéficiaires se sont plaints que <strong>le</strong>s abus dont ils ont été l’objet durant <strong>le</strong>ur séjour<br />
au pensionnat n’ont pas été considérés comme il se doit. Une personne a affirmé qu’un plaignant avait<br />
bénéficié d’une in<strong>de</strong>mnité, sans même avoir été au pensionnat. Plusieurs bénéficiaires ont accusé <strong>le</strong>s avocats<br />
<strong>de</strong> complicité dans cette affaire. Un Survivant a déclaré que <strong>le</strong>s préposés au MARC lui avaient <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong><br />
garantir que d’autres personnes âgées avaient fréquenté <strong>le</strong> pensionnat en question.<br />
Les bénéficiaires ont éga<strong>le</strong>ment mentionné que 10 000 dollars supplémentaires auraient été accordés aux<br />
Survivants ayant eu recours aux services d’un psychologue agréé par <strong>le</strong>s autorités officiel<strong>le</strong>s. L’un d’eux s’est<br />
<strong>de</strong>mandé pourquoi <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> son guérisseur n’étaient pas remboursés, ajoutant que <strong>le</strong>s psychologues se<br />
préoccupaient davantage <strong>de</strong> s’enrichir que <strong>de</strong> venir en ai<strong>de</strong> aux Survivants.