Projet de recherche sur le paiement forfaitaire compensatoire : le ...

Chapitre 3
obtenir le reste de leur argent. Ils avaient déjà touché une partie de leur indemnité, mais ils
devaient suivre une thérapie pour avoir le reste. J’avais l’impression que c’était immoral de
faire mon travail dans ces conditions. C’est donc mon collègue qui recevait les clients.
Parallèlement, certains non-bénéficiaires ont mentionné que nul ne s’était réellement penché sur la question
de la thérapie dans le cadre des PF : [traduction] « L’argent arrivait dans la confusion générale. Personne
n’expliquait aux bénéficiaires comment l’utiliser pour se soigner. » D’autres n’avaient pas encore observé
de résultat sur le plan de la guérison et doutaient même de l’efficacité de cette démarche pour la majorité
des Survivants : [traduction] « Il n’y a rien de prévu en matière de guérison à l’heure actuelle. L’argent
ne fait donc aucune différence. C’est la dernière de leurs préoccupations. » L’un des bénéficiaires a décrit le
problème majeur qui se pose en obligeant les Survivants à se servir de l’argent pour se soigner :
[traduction] On ne peut forcer personne à guérir et se faciliter la vie. J’ai travaillé au
tribunal. Il n’y a que des Autochtones là où les gens signent les formulaires de consentement
à un traitement, et puis ils partent sans demander leur reste… Les gens ne font pas tout ce
qu’il faut pour améliorer leur sort.
[traduction] « L’argent ne guérit pas, il aggrave les choses », a conclu un non-bénéficiaire. Certains pensent
que les PF ont empêché les Survivants de guérir, ces derniers ayant perdu plus d’argent qu’ils n’en ont gagné.
Dans de nombreux cas, les PF ont accentué les angoisses des Survivants. Le commentaire de l’un des nonbénéficiaires
en est une illustration : [traduction] « Je préférerais en fait que ma famille n’ait jamais été
indemnisée ».
Autres questions et commentaires
En ce qui concerne les autres problèmes évoqués par les bénéficiaires, l’une des personnes interrogées a
déploré que les services sociaux aient coupé les allocations mensuelles d’un Survivant, car cette personne
avait perçu, en un seul paiement, une forte indemnité forfaitaire. Ce bénéficiaire a ainsi été dissuadé de placer
ses fonds. Une autre personne a répondu que les PF avaient l’avantage de révéler la vraie personnalité des
gens. Voici un commentaire illustratif ayant trait à un conflit familial concernant une entreprise constituée
grâce au PF de l’un des bénéficiaires : [traduction] « J’ai pu voir les gens sous leur vrai visage et comment
l’argent pouvait les transformer. » Un bénéficiaire a exprimé la ferme conviction que ces indemnités ont été
versées aux Survivants pour acheter leur silence et leur soumission. En dépit des efforts de mobilisation, cette
personne déplorait la passivité des gens face à l’iniquité des PF, lesquels avaient fait basculer les Survivants
dans la complaisance et avaient anéanti leur détermination.
Obstacles aux aides proposées et aux suggestions
Avant de dresser la liste des entraves citées lors du sondage, il convient de préciser que quelques nonbénéficiaires
estimaient que rien n’empêchait d’apporter le soutien proposé concernant les paiements
forfaitaires.
Santé mentale et dépendance
Les séquelles psychologiques des abus subis dans les pensionnats font partie des obstacles les plus souvent
cités par les bénéficiaires, en ce qui concerne les mesures relatives aux paiements forfaitaires. De la peur et de
42